Le prochain festival Court Métrange, le 10ème, se déroulera du 17 au 20 octobre à Rennes. Cette édition anniversaire est placée cette année sous le thème du Monstre et des monstruosités (tremblez donc !).
Partenaire du festival depuis trois éditions, Format Court, y attribuera un nouveau Métrange du Format Court au sein de la compétition internationale (après avoir primé et montré en salle « Mamembre » de Sylvain Payen, Christophe Feuillard, Caroline Diot, Guillaume Griffoni, Clarisse Martin, Julien Ti-I-Taming et Quentin Cavadaski en 2012 et « Danny Boy » de Marek Skrobecki en 2011).
Un dossier spécial consacré au meilleur film sera publié sur le site et le film lauréat sera projeté au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), lors d’une de nos séances mensuelles. Le Jury Format Court se compose de Julien Beaunay, Xavier Gourdet et Julien Savès.
Films en compétition
Séance Animation #1
Fuga de Juan Antonio Espigares – 15’00 – 2012 – Espagne
Crizalide de Agathe Bascou – 8’28 – 2012 – France
L’Art des Thanatier de David Le Bozec – 14’26 – 2012 – France Topo glassato al cioccolato de Donato Sansone – 2’40 – 2011 – Italie
Omega de Eva Franz, Andy Goralczyk – 18’48 – 2012 – Allemagne
Batz de Maxime Maléo – 7’24 – 2013 – France
Séance Fiction #1
Flytopia de Karni Arieli, Saul Freed – 20’00 – 2012 – Royaume-Uni, Hongrie
La Ricetta de Jason Noto 5’00 – 2012 – USA
Rose or the Mute Liars de Gregory Monro – 7’43 – 2012 – France
Susana se esta muriendo de Jokin Urruticoechea – 5’00 – 2013 – Espagne
9m2 de Sandy Seneschal – 20’50 – 2012 – France
Cebu de Pablo Belaubre – 12’00 – 2012 – France, Cuba
Séance Fiction #2
Ibijazi de Luc Feit – 8’40 – 2012 – Luxembourg
Closure de Desmond Devenish – 16’36 – 2013 – USA
Caterwaul de Ian Samuels – 13’31 – 2012 – USA
Last of You de Dan Sachar – 13′ – 2013 – Israël
Séance Animation #2 Comme des lapins de Osman Cerfon – 8’00 – 2012 – France Peau de chien de Nicolas Jacquet– 13’20 – 2012 – France
La Ravaudeuse de Simon Filliot – 9’50 – 2012 – France Tram de Michaela Pavlátová– 7’00 – 2012 – France
The Lady and The Tooth de Shaun Clark – 7’50 – 2012 – Royaume-Uni
El delirio del pez Leon de Quique Rivera – 4’00 – 2012 – USA / Puerto Rico
Henri de Eli Sasich – 21’00 – 2012 – USA
Séance Fiction #3
Partir de Joanna Lurie – 2’37 – 2012 – France
Le Dernier Homme de Axel Courtière – 13’30 – 2013 – France
L’héritage de Michaël Terraz – 22’48 – 2013 – France / Suisse
Un monde meilleur de Sacha Feiner – 23’30 – 2012 – Belgique / Suisse / France
Le Rêve du stalker de David Trujillo – 3’57 – 2013 – France
Balade à la mer de Damien Stein – 3’28 – 2013 – France
Séance Fiction #4
Presence Required de Maria Gordillo – 12’00 – 2012- USA
Misterio de Chema Garcia Ibarra – 11’00 – 2013 – Espagne
Hotel de Jose Luis Aleman – 11’20 – 2012 – Espagne
Ziegenort de Tomasz Popakul – 19’00 – 2013 – Pologne
Merry Go Round Merry Go Round de Esther löwe – 19’00 – 2012 – Allemagne
Cette semaine, du 17 au 20 octobre 2013, Court Métrange, le festival international du court métrage insolite & fantastique de Rennes, fêtera ses 10 ans. Partenaire du festival depuis trois éditions, Format Court y bénéficiera d’une carte blanche présentée en séance d’ouverture ce jeudi soir à Rennes, en prévision des cinq ans du site en janvier. Constitué par Julien Beaunay, Agathe Demanneville, Xavier Gourdet, Julien Savès et Katia Bayer, le programme est composé de six films plutôt étranges, concourant pour le prix du public, ramenés de balades en festivals et sur la Toile.
Programmation
Expo/In de Romain Rihoux. Expérimental, 3’58 », Belgique. Sélectionné au Festival Média 10/10
Syn. : Un scénario abstrait se concrétise sous haute tension, au beau milieu de sa propre exposition.
Syn. : La vision futuriste d’un monde après un désastre catastrophique. Dans cette parabole, des membres mutés autonomes sont à la recherche d’une coopération, mais en raison de problèmes de communication, cette mission est vouée à l’échec.
Rêverie de Valentin Gagarin, Shujun Wong, Robert Wincierz. Animation, 12’28 », Allemagne. Mention spéciale du Festival BD6Né 2013
Syn. : Un citoyen lambda est arraché de sa routine quotidienne quand il devient le témoin d’un suicide ferroviaire. L’événement hante son esprit et se mélange avec sa propre réalité sociale sous la forme d’une cascade de cauchemars surréalistes.
Syn. : Dans un monde en déliquescence, une femme recueille des animaux morts et leur redonne vie en les filmant image par image.
Oh Willy… de Emma de Swaef, Marc Roels. Animation, 17′, Belgique, France. Cartoon d’Or 2012
Syn. : À la mort de sa mère, Willy retourne dans la communauté de naturistes au sein de laquelle il a grandi. Rendu mélancolique par ses souvenirs, il décide de fuir dans la nature où il trouve la protection d’une grosse bête velue.
The Heart of The World de Guy Maddin . Expérimental, 6’19 », Canada. Prix FIPRESCI et Prix du Meilleur court métrage au Festival de Miami 2001
Syn. : Anna, scientifique travaillant pour l’Etat, découvre que le coeur du monde est sur le point d’avoir une attaque, alors que deux frères, Osip l’acteur et Nicolaï le croque-mort, se disputent ses faveurs. Déjà troublée par sa terrifiante découverte, Anna, amoureuse des deux, n’arrive pas à se décider. Apparaît alors un riche capitaliste du nom de Akmatov.
Depuis la création de Format Court en 2009, notre petite équipe de bénévoles passionnés se consacre à la critique et la promotion du court métrage. Depuis mars 2012, elle oeuvre à la diffusion des courts français et étrangers via les séances Format Court organisées au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), en présence des équipes.
Pour ses cinq ans, nous désirons offrir un joyeux lifting à notre site et à ses 2.700 articles (critiques, interviews, …). Pour toujours mieux promouvoir le travail des professionnels du court métrage, développer de nouvelles rubriques (concours, films en ligne, recherches thématiques, …) et optimiser la navigation de Format Court, nous devons aujourd’hui faire appel à des experts en la matière.
Depuis quelques jours, nous avons lancé une campagne de financement participatif sur Ulule. Nous avons besoin de 2.000 € pour refaire notre site internet. Si nous n’atteignons pas ce montant à la date du 15 novembre2013, nous ne recevrons rien. Si nous le dépassons, nous pourrons développer d’autres activités qui nous tiennent à coeur depuis longtemps (doter nos nombreux Prix Format Court, créer un festival Format Court).
Le projet intitulé « Cours, Format, Cours ! » s’adresse à tous, ami(e)s, fans de courts métrages, mécènes d’un jour ou gentils anonymes. Pour chaque montant (à partir de 5 €), nous avons imaginé de très nombreuses et chouettes contreparties que nous vous invitons à découvrir sur Ulule.
Si vous souhaitez nous soutenir et faire partie de l’aventure, connectez-vous à la page Ulule consacrée à notre projet et cliquez sur le don de votre choix. N’hésitez pas à diffuser l’information auprès de toute personne susceptible d’être intéressée par notre campagne.
À votre bon coeur, M’ sieurs dames !
Un grand merci par avance. L’équipe de Format Court
Il ne vous reste donc plus que quelques jours pour envoyer vos films au Festival Premiers Plans dont la 26e édition se déroulera du 17 au 26 janvier 2013. La sélection est ouverte aux premiers et seconds longs métrages, aux premiers courts métrages et aux films d’écoles produits en Europe en 2012 ou 2013.
Vous pouvez soumettre votre film dans l’une des sections suivantes : premiers et seconds longs métrages, premiers courts métrages, films d’écoles, films d’animation. La fiction, l’animation, le documentaire sont acceptés dans ces différentes sections. Les films expérimentaux forment des panoramas hors compétition.
La date limite des inscriptions est fixée au mercredi 16 octobre 2013.
Pour inscrire un film :
– remplissez le formulaire d’inscription
– et envoyez un DVD à : Festival Premiers Plans d’Angers – c/o C.S.T. – 22-24, avenue de Saint-Ouen – 75018 Paris
Attention : les envois en recommandé ne sont pas acceptés.
Pour toute question, merci d’envoyer un mail à paris@premiersplans.org
Le Festival Cinébanlieue vivra sa 8ème édition, du 13 au 23 novembre prochain. Neuf films participent à la compétition.
– Rechute de Jérôme Nunes
– Kliptown Spring de Nicolas boone
– Ouaga Yungo de Uriel Jouen Zréhen
– L’esprit de la zone de Nina Almberg et Pierre Commault
– Calamity Jane, lettre à sa fille de Vincent Richard
– Le maillot de bain de Mathilde Bayle
– Le Chemin de traverse de Ahllem Bendroh
– Marseille la nuit de Marie Monge
– La virée à Paname de Carine May et Hakim Zouhani
Un jury de professionnels (Nabil Ben Yadir, réalisateur, président du jury, Nathalie Leperlier, productrice Le Cercle, Christophe Taudiere, responsable du pôle court métrage à France Télévisions, Delphine Mantoulet, compositrice et productrice à Princes production, Katia Bayer, rédactrice en chef du webzine Format Court, Steve Achiepo, réalisateur et lauréat Cinébanlieue 2012 pour son film « En équipe ») récompensera deux jeunes réalisateurs à l’issue du festival. La meilleure réalisation soutenue par Le Cercle et le CNC remportera le prix Cinébanlieue (d’une valeur de 15 000 €) et le prix France télévision permettra au film lauréat d’être acheté et diffusé sur France télévision. Résultat des courses le 23 novembre.
Hier matin, le Comité Animation de l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma s’est réuni pour sélectionner les 10 films de court métrage qui, avec l’ensemble des films de long métrage d’animation de production française et européenne sortis en salle durant l’année 2013, vont concourir au César 2014 du Meilleur Film d’Animation. Le premier tour de vote désignera les films nommés pour le César du Meilleur Film d’Animation, choisis parmi les courts métrages ci-dessus (deux seulement s’y retrouveront) et l’ensemble des longs métrages d’animation de production française et européenne sortis en salle durant l’année 2013. Les nominations seront révélées lors de la conférence de presse des César d’annonce des nominations qui aura lieu le vendredi 31 janvier 2014.
Voici donc les 10 courts métrages préselectionnés pour le César du Meilleur Film d’Animation 2014.
– Le Banquet de la concubine de Hefang Wei (Production : Folimage Studio)
– Betty’s Blues de Rémi Vandenitte (Production : Les Films du Nord)
– Braise de Hugo Frassetto (Production : Les Films du Nord)
– La grosse bête de Pierre‐Luc Granjon (Production : Les Décadrés Production)
Ce jeudi 10 octobre 2013, à 20h30, Format Court vous propose d’assister à sa nouvelle soirée de courts métrages, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Pour ce deuxième rendez-vous de l’année, nous avons souhaité mettre en avant la jeune génération montante d’ici et d’ailleurs (Hu Wei, Steve Achiepo, Magnus Von Horn, Roman Klochkov) ainsi qu’un maître de l’animation, Gil Alkabetz. La séance sera suivie d’une rencontre avec nos invités : Hu Wei, Julien Féret et Jean Legrand (réalisateur, producteur et chef opérateur de « La Lampe au beurre de Yak ») et Steve Achiepo, Vincent Maury, Bastien Bourhis et Sékou Baradji-Diarra (réalisateur, co-scénariste et comédiens de « En équipe ».
► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
Ultime programme de courts métrages de cette 19ème édition de l’Etrange Festival, la sélection n°5 cultive, comme celles qui l’ont précédé, un imperturbable éclectisme, sans perdre de vue les exigences de sa ligne éditoriale.
Film très attendu récompensé du Prix Canal + et du Prix du Public à l’Etrange Festival, « The Voice Thief », réalisé par Adan Jodorowsky (aka Adanowsky), organisait sa première à l’occasion de cette projection. Adapté de la nouvelle El Ladrón de Voces de son père Alejandro Jodorowsky (« El Topo », « La Montagne Sacrée »,…), il dépeint un monde qui est familier à celui des films du réalisateur de « Santa Sangre ». On notera également l’influence importante des derniers films de Luis Buñuel (comme « Cet obscur objet du désir » ou « Le charme discret de la bourgeoisie »), notamment dans son goût pour la transgression, son rapport ambivalent à la religion chrétienne et à la culpabilité. Respectueux de cet univers et prompt à jouer avec ses codes, il développe un conte baroque aux couleurs chatoyantes dont nous vous proposons de découvrir un extrait.
Des étals des marchés à la poêle à frire, le destin pathétique d’un poisson prend des airs de tragi-comédie dans « Una Furtiva Lagrima » de Carlo Vogele. La voix magnifique d’Enrico Caruso accompagne le dernier voyage de ce poisson transformant avec beaucoup d’humour ce célèbre air d’opéra en une complainte hilarante.
« Duck Became Swan » de Stefanie Sixt ressemble à s’y méprendre à une vidéo de Vjing, accompagnant la musique instrumentale très cinématographique de Markus Mehr. Mêlant variations de lignes et textures numériques accidentées, ce film expérimental allemand n’est pas inintéressant, et même parfois assez hypnotique – on en vient, par exemple, à imaginer des visages et des corps se formant parmi les lignes -, mais il est extrêmement abscons et ennuyeux sur la longueur.
Dans le film d’animation italien « Topo Glassato Al Cioccolato » de Donato Sansone (aka Milkyeyes), des gribouillis, faits dans la marge d’un cahier d’école ou d’un carnet quelconque, prennent vie et commencent à tournoyer dans les airs pour créer plusieurs visions de cauchemar surréalistes et violentes, alliant les corps, mélangeant les chairs humaines et animales, le tout évoluant dans une sorte d’enfer noir et blanc, raturé au crayon et au stylo-bille. Bénéficiant d’une animation trés fluide, rappelant au détour d’une scène le cube d’Hellraiser, ce petit film fascinant semble nous plonger dans la tête d’un écolier, en pleine construction personnelle, et qui serait à la merci de ses hormones et de son esprit.
Une mystérieuse vieille machine aux multiples leviers permet à celui qui l’empreinte de se transporter dans un autre lieu baigné par une eau trouble. « El Baile de Tres Cochinillas » de Esteban Arrangoiz filme un groupe d’hommes silencieux patientant dans une sorte de salle d’attente aux murs décrépis. Tandis que les touches du piano font se lever ces hommes, les mouvements de la caméra sont comme reliés à ceux des leviers actionnés à partir de la machine, créant un effet de distanciation saisissant. La lumière, l’ambiance et les décors de ce film sont soignés, contribuant ainsi à donner au film une certaine aura, à défaut d’apporter des éléments de réponses sur ces mystérieux mécanismes.
Vidéo-clip réalisé pour le groupe Mississippi Witch, « Bite Horse » de Sam Walker bénéficie d’une très belle mise en images signée Marcus Waterloo. Proche des univers obsessionnels de David Lynch, Chris Cunningham ou encore Tom Waits, le film met en scène un vieil homme handicapé, sous respirateur artificiel, qui se retrouve entouré de créatures lascives affolant sa libido, puis arrachant littéralement un salmigondis noir qui lui fait office de coeur. Malheureusement, le film manque un poil de personnalité, trop écrasé par ses références, et possède une symbolique pas toujours très fine. Reste de belles images léchées et évocatrices.
« Bendito Machine IV » de Jossie Malis Alvarez est un joli film d’animation espagnol s’inspirant des techniques du papier découpé pour décrire le voyage d’un homme parcourant le monde dans lequel il vit, et qui est devenu un gigantesque parc d’attractions technologique, rejetant d’énormes quantités de déchets toxiques. Arrivé au bout de sa course, l’homme se révèle être un astronaute amené à voyager sur une planète inconnue. C’est ce qu’il fera, mais c’était sans compter sur la découverte d’un monde plus vaste et à la nature plus luxuriante. Film de SF, réfléchissant sur les notions d’infiniment grand et infiniment petit, « Bendito Machine IV » s’enrichit d’une réflexion sur l’écologie, agencée avec pas mal de finesse.
Traduit par « Le Paradis des Lapins » dans nos contrées, « Hasenhimmel » d’Olivier Rihs est l’un des films les plus surprenants de toute la sélection, par son concept de départ très « cul-otté » qui consiste à mélanger pornographie et philosophie. Les concepts et idées philosophiques de Kant, Nietzsche, Heidegger, etc., se percutent et se combinent dans un grand débat intellectuel qui se double à l’écran d’ébats corporels triolistes où les chairs aussi s’assemblent et se télescopent. Tout cela dans une ambiance irréelle, cheap à souhait. Le but avoué de vulgarisation ludique est atteint haut la main et fait de cette œuvre un film d’utilité publique en quelque sorte…
Pour finir, « Human Meat Factory » de Anna Han est un film d’animation australien qui dénonce sans détours les supplices faits aux animaux d’élevages en remplaçant ces derniers par des poupées ou des figurines à l’effigie d’êtres humains et les plaçant au milieu d’élevages intensifs. A défaut d’être subtil, le film est pour le moins efficace.
Le 28ème Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) s’est clôturé ce vendredi 4 octobre. Pour la première fois, Format Court y a attribué le Prix Format Court du Meilleur Court Métrage international. Parmi les douze films en compétition, le Jury Format Court (composé de Katia Bayer, Marie Bergeret, Juliette Borel, Adi Chesson et Géraldine Pioud) a choisi de récompenser le film « Les Jours d’avant » de Karim Moussaoui pour la maîtrise de sa mise en scène, sa narration à double regard et sa façon très personnelle de filmer l’adolescence.
En guise de prix, Karim Moussaoui bénéficiera d’un dossier spécial sur Format Court. Son film sera également projeté le jeudi 12 décembre 2013 lors de la séance Format Court organisée au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Pour information, le film vient également de remporter le Prix du Jury au FIFF.
Les Jours d’avant de Karim Moussaoui. Fiction, 47′, France, Algérie, 2013, Les Loupiottes, Taj Intaj
Synopsis : Dans une cité du sud d’Alger, au milieu des années quatre-vingt-dix. Djaber et Yamina sont voisins, mais ne se connaissent pas. Pour l’un comme pour l’autre, il est si difficile de se rencontrer entre filles et garçons, qu’ils ont presque cessé d’en rêver. En quelques jours pourtant, ce qui n’était jusque-là qu’une violence sourde et lointaine éclate devant eux, modifiant à jamais leurs destins.
Ce vendredi 4 octobre, le 28ème Festival International du Film Francophone de Namur s’est clôturé par la cérémonie de remise des Bayards d’Or. Trois films se sont dégagés du palmarès court : « Welkom » de Pablo Munoz Gomez (Belgique), « Mouettes » de Zeno Graton (Belgique) et « Les Jours d’avant » de Karim Moussaoui (Algérie/France).
Prix officiels remis par le Jury (composé de Grégoire Colin, Gerlando Infuso, Erika Sainte, Marie-Elsa Sgualdo, Miguel Valverde)
Compétition internationale
Bayard d’Or du Meilleur Court Métrage : « Mouettes » de Zeno Graton (Belgique)
Prix du Jury : « Les Jours d’avant » de Karim Moussaoui (Algérie/France)
Compétition nationale
Prix du Meilleur Court Métrage : « Welkom » de Pablo Munoz Gomez (Belgique)
Prix du Jury : « Septembre » de Salomé Richard (Belgique/France)
Prix d’interprétation : Judith Williquet dans « Mouettes » de Zeno Graton (Belgique)
Prix de la Meilleure photographie : Juliette Van Dormael pour « Mouettes » de Zeno Graton (Belgique)
Prix du Meilleur clip : « Papaoutai » de Stromae réalisé par Raf Reyntjens (Belgique)
Autres prix
Prix Format Court du Meilleur Court Métrage international : « Les Jours d’avant » de Karim Moussaoui (Algérie/France)
Prix du Public Court Métrage : « Welkom » de Pablo Munoz Gomez (Belgique)
Prix BeTV – Court Métrage belge : « Welkom » de Pablo Munoz Gomez (Belgique)
La 19ème édition de l’Etrange Festival qui s’est terminée il y a 15 jours est restée résolument fidèle à sa ligne éditoriale, ouverte aux quatre vents, avec une appétence toute particulière pour les films irrévérencieux et inclassables. Les programmes courts 3 et 4 que nous vous proposons de découvrir n’ont pas dérogé à la règle.
Le programme n°3 commençait avec un film d’animation et d’anticipation « Last Breath » réalisé par Ying Ping Mak, qui dépeint une société devenue intolérante, représentée par un lapin faussement naïf. Yeuk Seng, jeune employé de bureau, comprend qu’il est devenu un paria et tente de continuer à vivre dans une ville où il n’a plus sa place. Pour échapper à la surveillance de la police, il ingère un produit qui provoque des effets secondaires indésirables. Dans ce film, le décalage entre la violence de la répression et sa représentation est saisissant : tandis que la fuite en avant du personnage s’intensifie, le monde qui l’entoure se fait de plus en plus oppressant et angoissant. L’utilisation habile de sons et d’un certain type de graphismes inspirés des jeux vidéo des années 80 (8 Bits) participe également à ce jeu en eaux troubles.
On continua avec « Fist of Jesus », biopic espagnol désopilant sur la vie du plus célèbre habitant de Nazareth. Suite à l’un de ses sermons sur la montagne, Jésus – accompagné de son fidèle compagnon Judas – est conduit devant le corps inerte de Lazare. Le miracle a lieu : Lazare se réveille alors d’entre les morts… transformé en zombie ! Avec brio et humour, David Munoz et Adrian Cardona revisitent ici plusieurs épisodes de la vie de Jésus, quelque part entre « La vie de Bryan » des Monty Pythons et les joyeux drilles de « Shaun of the Dead » réalisé par Edgar Wright. On est d’autant plus curieux que le tandem prépare actuellement un long métrage qui répond au doux nom de « Once upon a time in Jerusalem ».
« Lonely Bones » est le nouveau film de Rosto, artiste protéiforme qui s’est d’abord fait connaître avec ses romans graphiques (en particulier « Mind My Gap ») qu’il a ensuite adapté en courts métrages. Avec « Lonely Bones », il signe un deuxième film inspiré du projet « Thee Wreckers » après « No Place Like Home », réalisé en 2008.
Le réalisateur poursuit ici son exploration des mondes sombres et tourmentés : on y voit un homme à la tête trouée s’échapper de sa chambre et errer dans un monde abandonné, où le temps et l’espace se confondent. Comme dans les précédents films de Rosto, les ambiances lugubres et inquiétantes sont particulièrement réussies, laissant le spectateur se perdre dans l’impénétrable univers de cet Hollandais qui ravira les amateurs de “mythologie lovecraftienne”.
Voir le film en entier en cliquant sur la photo
Phillip Barker continue lui aussi à cultiver ses sujets de prédilections. Avec « Malody », il brouille les pistes et les repères spatio-temporels en livrant un film énigmatique qui joue habilement avec la perception du spectateur et les codes de la fiction. Entre expérimentation et trouvailles visuelles, voici bel et bien un film malade et déconcertant à l’image de son personnage principal, dont nous vous invitons à retrouver la critique sur le site.
Simple et efficace, « Plug & Play », prix Canal + au Festival de Clermont-Ferrand 2013, de Michael Frei est un film d’animation mettant en scène les opposés et ses contraires en noir & blanc avec des prises électriques mâles et femelles qui cherchent à s’emboîter. On pourra y voir ce que l’on veut, mais ce qui est sûr c’est que le charme opère. On poursuit avec « Rauch und Spiegel » de Rick Moore, une jolie digression australienne, symétrique et élégante qui transforme un numéro de trapèze de cirque en volutes poétiques.
Enfin, « Welcome and… our condolences » de Leon Prudovsky, est un faux documentaire teinté d’humour noir racontant les déboires d’une famille russe émigrant en Israël en 1991, au moment de l’éclatement de l’U.R.S.S, qui se retrouve bloqué à l’aéroport avec le corps inerte de leur vieille tante morte avant l’atterrissage de l’avion. Avec un ton enlevé et amusé, le réalisateur choisit de filmer une série de scénettes, adoptant le point de vue de l’enfant apprenti cadreur, témoin candide des tractations et stratagèmes des adultes et des quiproquos et situations cocasses en tout genre. Le film, léger et divertissant, avait remporté le Prix de la Jeunesse au dernier Festival de Clermont-Ferrand.
Le programme n°4 de l’Etrange Festival s’ouvre, lui, sur un film d’animation slovène à l’humour grinçant, « Pandy » de Matúš Vizár, où l’on découvre les nombreuses métamorphoses qui ont amené le panda à devenir ce qu’il est, mais aussi l’être humain à en faire l’attraction vedette d’un zoo. A travers les turpitudes darwiniennes d’un des derniers pandas sur terre et ses problèmes existentiels, on entrevoit avec beaucoup d’ironie une vision pour le moins désenchantée de l’humanité et de la faune terrestre.
On prend de la hauteur avec « Parasite Choi » réalisé par Damien Steckpour, sorte d’introspection d’un homme errant au milieu de montagnes arides et reculées. Au service de ses visions, 15 artistes issus de 10 pays différents ont collaboré avec le réalisateur pour concevoir des effets spéciaux de toute beauté : une mise en image non sans emphase, un film en forme d’objet d’art.
On tombe ensuite sans prévenir au milieu d’un cauchemar halluciné aussi gore qu’hilarant : le très réussi « Perfect Drug » du Flamand Toon Aerts ou comment une banale livraison de drogues sur le parking d’un hôtel se transforme en un véritable exutoire. Exubérant et joyeusement timbré, le réalisateur joue avec les codes du film noir pour prendre la tangente et filmer les hallucinations de ses personnages (qui rappellent celles qu’on avait pu voir dans « Trainspotting » de Danny Boyle). Une direction artistique très soignée (production : Koen Mortier), un casting tout à fait remarquable. On a hâte de voir le prochain film de Toon Aerts !
Tandis que le film s’achève et que les drogues continuent a produire leurs effets, on peut voir « Shift » réalisé par Max Hattler, un film en stop motion de 3 minutes où les objets et les formes se frôlent, s’assemblent pour créer des visages ou des silhouettes familières.
Un véritable bad trip visuel surgit alors de l’écran pour près de 30 minutes avec « Vexed » du collectif Telcosystems. Des lignes instables et magnétiques envahissent la salle, accompagnées de sons répétitifs, faisant varier les couleurs et notre persistance rétinienne. Les motifs visuels et les sons reviennent inlassablement avec, à chaque vague successive, une légère nuance : une véritable expérience sensorielle, de quoi hypnotiser définitivement et durablement les spectateurs.
On sort du tunnel pour finir ce programme avec « Solipsist » de Andrew Thomas Huang qui nous propose un essai visuel riche en couleurs et en interprétations, où trois formes distinctes et complémentaires se rejoignent à la fin du film dans une éclatante et nébuleuse explosion. Dualité, matières et mouvements : le réalisateur capture avec virtuosité ces fulgurances dans ce voyage onirique. Un véritable régal pour les yeux.
Évoquer l’amour à propos de ces trois films ne signifie pas que chacun d’eux tourne autour de cette question. Celle-ci intervient au contraire à chaque fois selon une tonalité particulière, tantôt comme un léger ingrédient, tantôt comme une note dominante, une couleur plus ou moins tendre, plus ou moins passionnelle. On peut tout aussi bien affirmer que chacun déploie, en toute autonomie, son style, ses questionnements, sa sensibilité pour porter un regard nuancé sur un sujet de société, nous perdre et nous faire rire d’un dérèglement sentimental, flirter d’une manière toute personnelle avec le surnaturel. Que ces films s’accordent tout en étant dissemblables n’est-il pas aussi une façon de parler d’amour ? (Jacques Kermabon)
Programmation
OÙ JE METS MA PUDEUR de Sébastien Bailly, 2013, couleur, 20 mn, DCP. Réalisation et scénario : Sébastien Bailly. Image : Sylvain Verdet. Son : Marie-Clotilde Chéry, Alexandre Hecker et Christophe Leroy. Montage : Cécile Frey. Musique : Laurent Levesque. Interprétation : Hafsia Herzi, Marie Rivière, Bastien Bouillon, Donia Mohamed et Abdallah Moundy. Production : La mer à boire Productions Syn. : Hafsia, étudiante en histoire de l’art, va devoir enlever son hijab pour passer un oral. Elle se rend au Musée du Louvre pour observer l’œuvre qu’elle va devoir commenter
KINGSTON AVENUE d’Armel Hostiou. 2012, couleur, 43 mn
Réalisation : Armel Hostiou. Scénario : Armel Hostiou et Vincent Macaigne. Image : Mauro Herce. Son : Romain Lebras. Montage : Nicolas Sburlati. Musique : Other Lives “For12”. Interprétation : Vincent Macaigne, Kate Moran, Sofie Rimestad et Murray Bartlet. Production : Independencia Productions.
Syn. : Vincent a suivi la femme qu’il aime à New York. Mais rien ne va plus avec elle. Entêté, il va tout faire pour essayer de la récupérer.
LE TABLEAU de Laurent Achard. 2013, couleur, 30 mn, DCP. Prix du GNCR au festival Côté court de Pantin 2013.
Réalisation et scénario : Laurent Achard. Image : Georges Diane et Rémy Mestre. Son : Emmanuelle Villard et Agnès Szabo. Montage : Nelly Aullivault et Catherine Quésemand. Interprétation : Fred Personne, Thérèse Roussel, Pascal Cervo et Mireille Roussel. Production : Les Films du Worso
Syn. : Au crépuscule de leur vie, Odile et Marcel s’aiment toujours. Atteinte d’une maladie incurable, Odile doit être hospitalisée. Sentant la fin proche, le couple a décidé de se donner la mort pour ne pas être séparé. Le temps d’un dernier dimanche.
Infos
Séance le mardi 8 octobre à 20h30
MK2 Quai de Seine – 14 Quai de la Seine – 75019 Paris
M° Jaurès ou Stalingrad
Tarif : 7,90 € (cartes illimitées acceptées)
Le Cartoon d’Or est un prix pan-Européen pour les courts-métrages d’animation. Il récompense chaque année le « meilleur des meilleurs » courts-métrages puisque seuls peuvent concourir les films ayant déjà été récompensé dans les plus grands festivals européens. Il a été créé par l’association CARTOON dans le but de promouvoir les talents de l’animation européenne et de créer un lien entre les artistes et l’industrie du dessin animé. De grands noms ont été récompensés par ce prix, tels que Nick Park, Sylvain Chomet, Mark Baker, Michael Dudok de Wit ou encore Jacques-Rémy Girerd.
Cette année, six films étaient en lice pour le Cartoon d’Or 2013. Le 19 septembre dernier, à Toulouse, lors du Cartoon Forum, la plate-forme de coproduction pour les séries d’animation, le Cartoon d’Or a été attribué à un film d’écoles, « Head Over Heels » de Timothy Reckart et Fodhla Cronin O’Reilly (Royaume-Uni, 10′, Prod : NFTS).
Synopsis : Après de longues années de mariage, Walter et Madge ont pris de la distance : il vit sur le sol et elle, au plafond. Lorsque Walter décide de donner une cure de jouvence à leur vieille romance, leur équilibre précaire s’en trouve bouleversé, et ce couple incapable de s’accorder sur la définition du haut et du bas doit trouver le moyen de sauver son mariage.
Le jury du Cartoon d’Or 2013, composé du producteur Didier Brunner (Les Armateurs - France) et des réalisateurs Anca Damian (Roumanie) et Enrique Gato (Espagne), a sélectionné les finalistes parmi près de 30 courts-métrages primés dans les festivals d’animation européens, partenaires de CARTOON. Les lauréats du Cartoon d’Or 2013 ont remporté une aide financière de 10 000 EUR grâce au soutien du Programme MEDIA de l’Union européenne.
Après le succès de la reprise des séances Format Court le jeudi 12 septembre dernier, Format Court vous convie à sa nouvelle projection de courts, le jeudi 10 octobre prochain, à 20h30, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Pour ce deuxième rendez-vous de l’année, nous vous proposons une balade cinématographique inédite en présence des équipes, comme à l’accoutumée : Hu Wei, Julien Féret et Jean Legrand (réalisateur, producteur et chef opérateur de « La Lampe au beurre de Yak ») et Steve Achiepo, Vincent Maury, Bastien Bourhis et Sékou Baradji-Diarra (réalisateur, co-scénariste et comédiens de « En équipe »).
Programmation
En équipe de Steve Achiepo. Fiction, 21’10’’, 2012, France, Shaker Production, ChevalDeuxTrois. Prix UniFrance du court-métrage 2013, 1er prix Talents en court au Festival Cinébanlieue 2012. En présence de l’équipe
Synopsis : Cergy, banlieue parisienne. Bastien, seize ans, vient de remporter un match décisif avec son équipe. Alors qu’il célèbre la victoire, Sékou, son meilleur ami, lui fait part d’une nouvelle fracassante devant l’ensemble de ses coéquipiers : Lauriane, la jolie fille à l’écharpe rouge, souhaite faire sa connaissance.
Der Da Vinci Timecode de Gil Alkabetz. Animation, 3′, 2009, Allemagne, Sweet Home Studio. Prix de la Meilleure Musique au Festival de Stuttgart 2009, sélectionné au Festival d’Annecy 2009.
Synopsis : Une image est isolée afin de créer une animation basée sur ses détails. Divers fragments de cette image, avec pour points communs des formes similaires, nous permettent de découvrir des mouvements secrets.
Utan Snö (Sans la neige) de Magnus Von Horn. Fiction, 35′, 2011, Suède, Pologne, PWSFTviT, VOST Ang. Grand Prix au Festival du court métrage de Leuven 2013. Sélectionné aux Rencontres Henri Langlois 2012 et au Festival Silhouette 2012.
Synopsis : Linus a 16 ans et vient de tomber amoureux de la copine de son meilleur ami. Il ne pouvait pas imaginer que cela aurait de telles conséquences.
Natasha de Roman Klochkov. Animation, 14′, 2012, Belgique, Cinnamon Entertainment. Meilleur Film d’Animation au Festival Aubagne 2013, Prix de la SACD au Festival Anima 2012.
Synopsis : L’ours russe Nicolaï émigre en Europe pour prouver à l’Amour de sa vie (sa merveilleuse ex-femme Natasha) qu’il n’est pas un looser. Un film sur un ours et l’Amour de sa vie…
La lampe au beurre de Yak de Hu Wei. Fiction, 15’, 2013, Chine, France, Ama Productions. Sélectionné à la Semaine de la Critique 2013, Prix « European Film Academy » au Festival du court-métrage de Drama 2013. En présence de l’équipe
Synopsis : Un jeune photographe ambulant et son assistant proposent à des nomades tibétains de les prendre en photo devant différents fonds.
► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche: Ligne 7 – Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…).
Alors que notre prochaine prochaine séance de courts arrive à grands pas (jeudi 10 octobre), nous vous proposons de découvrir une sélection de photos de Julien Ti-i-Taming prises lors de la projection Format Court de septembre à laquelle vous avez été très nombreux à assister (107 personnes en salle !). Pour rappel, la programmation était sous le signe du Festival du court métrage en plein air de Grenoble, via une reprise parisienne de son dernier palmarès. Trois équipes de films primés étaient présentes à cette séance, de même que le directeur de la Cinémathèque et du Festival de Grenoble.
Avec Guillaume Poulet, directeur de la Cinémathèque et du Festival de Grenoble
Avec Xavier Legrand et Alexandre Gavras (réalisateur et producteur de « Avant que de tout perdre »)
Avec Gilbert Hus, Augusto Zanovello et Arnaud Béchet (producteur, réalisateur, directeur artistique de « Lettres de femmes »)
Avec Marc Stef, Clément Gonzalez, Baptiste Gondouin et Martin Malzieu (équipe de « As it used to be »)
À l’occasion du focus consacré à l’édition 2013 de l’Etrange Festival, nous avons rencontré Adan Jodorowsky (plus connu sous son pseudonyme musical, Adanowsky), suite à la première mondiale de son film baroque « The Voice Thief », lauréat du Grand Prix Canal + et du Prix du Public au festival. À travers une discussion centrée autour de ce film, Adan nous parle, avec passion, de son envie de se consacrer dorénavant entièrement à l’art cinématographique.
En présentant le film lors de la séance de l’Etrange, tu as dit que « The Voice Thief » est une idée que tu avais depuis 14 ans. Peux-tu nous en parler plus en détail ?
En fait, j’ai commencé avec une petite caméra vidéo Hi-8 qu’on m’a offerte pour mes 12 ans. Je me suis mis à faire des petits courts métrages avec un ami. Plus tard, un jeune producteur qui était assistant chef-op’ m’a dit : « J’ai de l’argent de côté. Tu ne veux pas faire un court ? ». J’ai dit d’accord et on a fait Echek.
J’avais 19 ans, j’étais vraiment très jeune. J’étais impatient, un vrai chien enragé ! Je ne savais pas du tout comment on faisait un film. Après cette expérience, j’ai compris que je voulais être réalisateur. J’ai commencé à chercher une histoire, et le titre d’un des contes écrits par mon père (ndr. Alejandro Jodorowsky), El Ladrón de Voces, m’a vraiment inspiré. J’ai commencé à écrire un scénario à partir de là.
J’ai rencontré des producteurs, mais j’avais beaucoup de difficultés à trouver un financement. Personne ne voulait de mon projet. Plutôt que de m’entêter à vouloir faire un film dont personne ne voulait, j’ai préféré changer de fusil d’épaule et je me suis mis à faire de la musique. Je me disais qu’en faisant ses preuves, tôt ou tard, on viendrait à moi et que je pourrais faire ce film qui me tenait tellement à cœur. Et c’est un peu ce qui s’est passé : une agence de pub a vu les clips que j’avais réalisé pour mes chansons et m’a contacté pour d’autres projets.
Tu as toujours essayé de faire des petites fictions dans tes clips. Cela t’a-t-il aidé ?
Oui, mais malheureusement je n’ai jamais vraiment eu la liberté de réaliser quelque chose de réellement abouti. Il y a aujourd’hui très peu d’argent pour les clips et souvent on reste à la surface sans pouvoir approfondir, ce qui est assez frustrant.
Pour « The Voice Thief », j’ai mis de ma poche l’argent que j’avais gagné sur ma tournée, des droits d’auteur (environ 20.000€). On a aussi fait un appel à dons (crowdfunding) sur Kickstarter avec lequel on a récolté $16.000. En cherchant un peu d’argent en complément ici et là, on a pu réunir la somme de 80.000€, ce qui est pas mal pour un court. Malgré cela, le film s’est fait très vite, en à peine 12 jours de tournage et 15 jours de préparation, durant lesquels on a dû trouver tous les costumes et les accessoires. C’était un boulot colossal.
Évidemment, il y a des choses que j’aurais aimé améliorer, ce n’est pas exactement le film que j’avais imaginé, mais on a tous fait du mieux que l’on a pu avec l’argent qu’on avait à disposition.
À 19 ans, tu t’es dit qu’il fallait attendre le bon moment pour réaliser ce film. C’est-à-dire ?
Je me disais : « Si ce n’est pas maintenant, ça veut dire que ce n’est pas le moment ». Je ne voulais pas forcer le destin, je voulais laisser les choses se faire naturellement. Les gens ne te font pas confiance quand tu n’as rien fait, et être le fils d’un artiste, cela n’est pas suffisant. On pourrait se dire : « C’est le fils de Jodo, il a fait son court, c’est facile pour lui ». Non, on n’imagine pas toutes les années que j’ai attendues pour réaliser ce film. Pendant tout ce temps, je n’ai pas fait que patienter, je faisais de la musique, mais aussi des mises en scènes de mes spectacles, sous forme de happenings. Grâce à toutes ces recherches artistiques, j’étais en quelque sorte préparé pour la réalisation de ce court.
Pendant toutes ces années, j’ai eu le temps de mûrir le film dans ma tête. C’est comme l’histoire de cet homme qui tire une flèche pendant des années vers la lune. Il tire cette flèche pour chasser la lune, sans jamais y parvenir. Mais en agissant ainsi, même si le but n’a pas été atteint, il est devenu le meilleur archer du monde.
Je pense sérieusement qu’un réalisateur n’est prêt qu’à partir de 30 ans, il faut qu’il vive et voit des choses. Il faut qu’il acquière une expérience sinon il ne peut pas vraiment parler d’amour, de rapports humains. Évidemment, il y a des surdoués, mais je pense qu’il faut être mûr pour faire un film.
Le fait d’être musicien influe-t-il sur ta manière de réaliser ?
Cela m’apporte un sens du montage, notamment au niveau du rythme. La musique est très importante dans mes films. J’ai demandé à Rob (du groupe Phoenix – BOs des films « Grand Central » de Rebecca Zlotowski, « Maniac » de Franck Khalfoun) de faire la musique de « The Voice Thief », et j’ai calé le montage sur cette musique. J’ai choisi des morceaux instrumentaux qu’il avait déjà composés et que nous avons ensuite retravaillés ensemble.
Peut-être que dans mon prochain film, je ferai la musique moi-même. J’aurais pu le faire pour celui-ci, mais je voulais être plus disponible pour la réalisation, donc j’ai laissé de côté ma folie des grandeurs, et j’ai choisi quelqu’un qui travaille plus confortablement avec des synthétiseurs.
L’histoire de « The Voice Thief » est centrée sur une chanteuse qui perd sa voix. En voyant cela, on ne peut s’empêcher de penser au fait que tu es musicien, et que tout cela a un rapport. Quel a été ton cheminement par rapport à cette histoire ?
Le rapport à la musique est évident, mais je cherche avant tout à aller dans l’exubérance, dans le baroque, à filmer des personnages hors normes. Les films réalistes ne m’intéressent pas, ce sont plutôt des œuvres dans l’esprit de celles de Tod Browning, Fellini, Buñuel ou Dali que je veux faire.
Je voulais surtout faire un film sans concession. Quand on vous donne la possibilité de faire un court ou un moyen-métrage, il y a une question de liberté qui rentre en jeu. J’ai fait ce que je voulais, je n’ai pas eu de contraintes. Au début, on voulait me couper dix minutes du film, j’ai répondu : « Non ! On n’est pas à Hollywood ! ». Je me suis battu pour que le film fasse sa durée actuelle (24 minutes). J’ai fait ce film dans ces conditions pour être totalement libre.
Le film est habité par une mystique, il y a beaucoup de symbolisme. Y-a-t-il des clés de lecture ou c’est quelque chose qui est plutôt laissé au hasard ?
J’ai plein de clés de lecture et tous les symboles ont un sens pour moi dans le film. Après chacun est libre de les interpréter. Quand je tournais, j’étais en état de transe, je ne savais pas toujours ce que je faisais.
Par exemple, quand le sang blanc s’échappe des corps, c’est pour témoigner de leur pureté. Dans la scène où les mains du mari brûlent, c’est qu’il se sent consumé par la culpabilité. Enfin, lorsque Asia se transforme en diable, son mari découvre, grâce à cette vision de cauchemar, le monstre qu’elle possède en elle…
Comment s’est passée justement la rencontre avec Asia Argento et le travail qui en a découlé ?
À chaque fois que je sors un disque, je crée un personnage différent que je tue ensuite sur scène. Quelqu’un avait filmé l’une de ces mises à mort pendant un de mes concerts, et j’avais envoyé la vidéo à Asia. Elle avait adoré. Je lui ai demandé ensuite si elle voulait qu’on fasse un projet ensemble, et elle était d’accord.
J’ai tout de suite pensé à elle dans le rôle de la chanteuse. On s’est vus à Paris, on a pris une bonne cuite ensemble, on est allés danser et il y a eu une connexion immédiate. Et puis, on adore tous les deux les films d’horreur, je jouais à l’époque dans « Santa Sangre » qui avait été réalisé par mon père et produit par son oncle, Claudio Argento. Bref, tout cela s’est fait très naturellement.
Comment envisages-tu la suite ?
Ce que je souhaite, c’est de continuer à réaliser des films. J’en arrive même à penser à délaisser la musique pour m’y consacrer à plein temps. Je sais que je ne le ferai jamais complètement, je composerai sûrement des musiques de films, mais ce que j’aime par dessus tout maintenant, c’est le cinéma, et donc j’ai envie d’y mettre toute mon énergie.
J’ai d’ailleurs des projets de longs métrages. J’ai deux scénarios sous le coude, et je suis en train de chercher des producteurs pour m’accompagner sur ces projets. « The Voice Thief » était en quelque sorte une carte de visite, je voulais montrer que je pouvais réaliser, maintenant c’est à moi de concrétiser cette idée !