Parallèlement aux longs métrages en sélection officielle (dont on vous conseille le très esthétique et bouleversant « Kid » de Fien Troch), le Festival Paris Cinéma propose une grosse sélection de courts métrages jusqu’à mardi prochain. Parmi eux, figure « Taipei Factory », un programme de quatre courts réalisés en tandem par des réalisateurs taïwanais, chilien, français, sud-coréen et iranien), présentés à la dernière Quinzaine des Réalisateurs, dont on vous reparlera très prochainement.
En séance spéciale, 13 courts métrages sont proposés en hors compétition, le temps de quatre programmes. Leur optique : « offrir une fenêtre à des formats libres, des points de vue audacieux et des auteurs singuliers ». L’audace promise se constate, certes, dans les ludiques « Les Lézards » de Vincent Mariette, « Chef de Meute » de Chloé Robichaud, le puissant et émouvant « Le Jour a vaincu la Nuit » de Jean-Gabriel Périot, l’esthétisant « Nous ne serons plus jamais seuls » de Yann Gonzalez ». Mais pas dans les non substantiels « Condom Lead » des frères Nasser (pourtant en compétition à Cannes, cette année) et « Les Navets blancs empêchent de dormir » de Rachel Lang.
Quelques autres courts figurent par-ci par-là, dans le programme. Quelques uns font partie du micro focus sur l’Afrique du Sud : « Dirty Laundry » de Stephen Abbot, « I think u freeky », un clip de Roger Ballen, et « The Tunnel » de Jenna Bass. Trois autres traversent l’hommage rendu à William Kentridge, artiste sud-africain perçu comme un magicien des images. C’est ainsi que « Ubu tells the Truth », « Shadow Procession » et « Journey to the Moon », réalisés à partir de dessins au fusain entre 97 et 2003, seront présentés en de fin de semaine au Forum des images.
Mais c’est surtout dans le panorama belge proposé cette année que Paris Cinéma fait preuve du plus gros effort en matière de courts, avec le concours du Centre Wallonie-Bruxelles, expert dans le domaine (le festival annuel Le court en dit long parle pour lui). Le panorama a débuté avec une surprise non indiquée dans le programme : « Pas de C4 pour Daniel Daniel », présenté vendredi passé au Louxor en prélude de « C’est arrivé près de chez vous » de Remy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde. Le court datant de 87, réalisé par les mêmes doux dingues que le long, annonce déjà un Poelvoorde en grande forme, un humour belge de situation et un cynisme à toute épreuve. Son défaut, par contre, réside dans l’état de la copie, non restaurée, et du son de très mauvaise qualité en corollaire.
De nombreux autres films participent à cet hommage belge. Si vous ne les avez pas vus, galopez comme des bons boeufs estoniens au Centre Wallonie-Bruxelles pour voir les films de Thierry Knauff, d’Olivier Smolders, de Raoul Servais, de Félix Van Groeningen, de Jaco Van Dormael et de Joachim Lafosse (dont on vous renvoie au reportage sur deux de ses courts présentés en salle, « Tribu » et « Avant les mots »).
Au même endroit, sont projetés deux programmes de comédies belges (dont le formidable « Walking on the Wild Side » de Dominique Abel et Fiona Gordon et les moins connus mais tout aussi drôles « Révolution » de Xavier Diskeuve, « Kwiz » de Renaud Callebaut et « Le Généraliste » de Damien Chemin). Deux écoles de cinéma, enfin, complètent ce large panorama : les sélections de l’IAD de Louvain-la-Neuve et de l’INSAS de Bruxelles proposent leurs regards d’étudiants le temps de deux séances. Entre temps, ces réalisateurs ont quitté l’école et sont passés au long, mais il reste intéressant de découvrir les premiers travaux, méconnus, de cinéastes tels que Frédéric Fonteyne (« Les Vloems), de Jean-Marc Moutout (« En haut et en bas »), d’Ursula Meier (« Le songe d’Isaac »), de John Shank (« Un veau pleurait la nuit »), de Mathias Gokalp (« Rachid et Martha») et d’Alessandro Comodin (« Jagdfieber »). Par leur ancienneté, leur nationalité et leur format, ces films sont suffisamment difficiles d’accès pour qu’on se prive de leur vision.