Depuis lundi, la Mecque du cinéma d’animation accueille ses festivaliers pour leur plus grand plaisir. Entre une virée détendue au lac et une balade dans la vieille ville, Format Court fréquentera cette semaine assidument les salles de cinéma et du Haras pour guetter les perles et autres bijoux présentés en compétition et dans les programmes spéciaux de courts métrages. Aujourd’hui, nous vous proposons d’en savoir plus sur le programme 1 des courts métrages en compétition.
Dans ce programme composé de 12 courts métrages, nous attendions avec une certaine impatience les films des stars de l’animation : Rosto avec « Lonely bones », Simone Massi avec « Animo resistence » ou encore Daniel Sousa avec « Feral », mais ce seront finalement les films asiatiques qui auront suscité le plus d’engouement. Haiyang Wang propose avec son « Double Fikret » une plongée en 3’30″ dans un univers très particulier fait de peintures qui jouent sur des transformations corporelles inédites. On retrouvera d’ailleurs ce thème de transformation des corps dans le magnifique « Futon » de la Japonaise Yuriko Mizushiri, beaucoup plus épuré et sobre ,mais également basé sur des réactions en chaîne qui entremêlent avec habileté objets, nourriture et corps. Là où « Double Fikret » enchaîne les transformations dans un rythme assez soutenu, « Futon » délaie, prend son temps, s’éveille doucement dans une esthétique hyper charnelle où les sens prennent de plus en plus de place dans l’espace, littéralement à l’image mais également dans le ressenti du spectateur.
Le troisième film de cette lignée asiatique est coproduit en France, en Suisse et au Canada mais traite visuellement et narrativement de la Chine à travers un opéra oriental adapté par Heifang Wei. Dans « Le Banquet de la concubine » encore, le corps est source d’inspiration. Loin d’une quelconque vulgarité, la réalisatrice suggère avec beaucoup de talent le plaisir féminin mais traite également de la complexité du sentiment amoureux. Dans ce conte-là, l’érotisme est sensible et féminin, doux et hystérique.
Techniquement parlant, le film « Astigmatismo » de Nicolaï Troshinsky est particulièrement réussi. Le réalisateur joue visuellement avec les nets et les flous pour nourrir une narration qui tourne autour du vol de lunettes d’un petit personnage par une jeune fille joueuse. Concrètement, le rendu a été possible grâce à un travail d’animation sur 10 niveaux de verre, auxquels le réalisateur a ajouté des éléments de papier découpé ainsi qu’un peu d’animation en volume. Dans ce court, la technique sert remarquablement bien le propos, la perte de repères étant là autant pour le personnage que pour le spectateur. Déroutant.
Du côté de la surprise, « Les Voiles du partage » de Pierre Mousquet et Jérôme Cauwe obtiennent une mention spéciale. Le film aura sans doute laissé sur le bord de la route les plus sérieux ou ceux dont l’humour s’arrête au premier degré. Et pourtant, ce duo de réalisateurs a osé un film parodique, à l’humour décalé où le personnage principal n’est autre qu’un abominable macho sans cervelle, inspiré par l’écrivain aventurier Cizia Zykë, débarquant dans une ville pour découvrir ce qui se trame derrière une histoire de pari sur des courses clandestines de… chars à voile ! Décapant.
Le programme 1 sera présenté jeudi 13 juin à 18h à la MJC Novel et vendredi 14 juin à 10h30 au Décavision 2
À demain, pour le programme de la compétition 2 !
Lire aussi : Annecy 2013, le programme 2 des courts métrages en compétition, Annecy 2013, le programme 3 des courts métrages en compétition