Les Iraniens n’ont vraiment pas leur pareil en matière de cinéma. De Kiarostami à la famille Makhmalbaf en passant par Jafar Panahi, une réelle école iranienne s’est créée, prônant un cinéma simple et proche de la vérité. La mise en scène est la plupart du temps minimaliste, s’attardant plus sur un moment de vie et laissant au spectateur le choix de comprendre toute l’importance du hors-champ. « After the class » de la jeune Fereshteh Parnian, sélectionnée dans la compétition internationale à Clermont-Ferrand, est de cette veine-là.
Le jour où Madame Ansari apprend qu’elle va être promue directrice du lycée où elle enseigne, sa fille vient la voir pour lui demander l’argent de son héritage car elle a décidé de quitter la maison et d’emménager avec une amie. Ce qui pourrait être banal en apparence revêt en réalité une tout autre dimension.
Dès l’arrivée de la fille de Madame Ansari sur son lieu de travail, la tension devient palpable. Cette tension est naturellement liée au fossé générationnel mais pas seulement. La mère, qui porte un tchador noir, classique, affronte sa fille vêtue d’un tchador assorti à son rouge à lèvres de couleur vive. Elle craint le regard des autres, c’est pourquoi elle ne peut/veut accepter la volonté d’indépendance de sa fille qui fera davantage de bruit que sa promotion.
Avec ce plan qui fait preuve d’une grande économie de moyens, la réalisatrice dit tout : la condition de la femme dans la société iranienne, le désir vital de la jeune génération de s’émanciper et de s’affranchir d’un modèle établi. Elle parle également de l’incompréhension de deux mondes : la tradition qui s’oppose à la modernité.
Le court métrage de Fereshteh Parnian immerge le spectateur in media res dans l’histoire sans donner trop d’explication et crée par là un suspens, un intérêt même pour la plus banale des réalités. La caméra est au plus près des protagonistes qui se défient du regard dans ce lieu symbolique qu’est l’école, endroit d’apprentissage par excellence. La mère semble désespérée face à cette fille indomptable et rebelle, qui fait fi de la tradition et de la transmission.
« After the class » met en images une conversation délicate entre une mère et sa fille. Au-delà de leur relation, le film aborde les problèmes liés à la condition de la femme dans un pays où la liberté d’expression continue à être mise à l’épreuve.
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Article associé : l’interview de Fereshteh Parnian