Les premiers émois d’une fillette de 12 ans
Après un film semi-expérimental assez dur de 22 minutes, Fireworks, nous ne sommes pas mécontents de tomber sur cette petite parenthèse de 7 minutes, qu’est « Klein » de Sanne Vogel, dans le programme 6 de la compétition européenne du 27e Festival de Brest.
Dans ce joli film hollandais, une mère emmène pour la première fois, Noortje, sa fille de 12 ans dans un salon de beauté, où elle va découvrir de nouvelles sensations, au contact d’une masseuse qui, à sa grande surprise, est un homme. On suit alors Noortje dans la cabine de massage, où elle se retrouve seule avec le masseur, ce qui n’a pas l’air de rassurer la fillette qui hésite d’ailleurs à retirer le haut de son maillot de bain.
S’ensuit le massage en temps réel, avec une alternance de plans entre ceux des mains du masseur sur le corps juvénile de Noortje et ceux du visage de la fillette immobilisé dans le trou de la table de massage. Au début du massage, Noortje éprouve quelques difficultés à se laisser aller, malgré la musique lounge, l’éclairage reposant et la douce voix du masseur. Au fur et à mesure, elle adopte des mimiques tantôt poilantes tantôt attendrissantes, tant son visage reflète ce qu’elle ressent sous les mains du masseur. A un moment, elle se relaxe jusqu’à en saliver littéralement de plaisir, à un autre, elle redevient une enfant lorsque le massage plantaire la chatouille et la fait rire aux éclats.
Une petite appréhension ne la quitte néanmoins jamais, ne sachant pas ce que va lui faire le masseur et sur quelle partie de son corps il va poser ses mains. Puis, avec le soulagement de la fin du massage, une certaine complicité naît entre les deux individus et le sourire qu’envoie Noortje au masseur est comme un remerciement qu’elle lui adresse pour toutes les sensations qu’il lui aura procurées.
Sanne Vogel, la réalisatrice, réussit avec merveille à nous conter l’émancipation d’une fillette de 12 ans, à nous faire ressentir de la gêne et de la jouissance, en passant du visage tendu de Noortje aux gestes sensuels du masseur, sans jamais que cela paraisse malsain. Le plaisir physique est ainsi perçu avec beaucoup de tendresse et de délicatesse, le « rite de passage » vers la sexualité est filmé avec autant de douceur, malgré le fait que l’on sache pertinemment que l’adolescence est une période particulièrement ingrate, voire violente.
Lorsque le massage se termine, Noortje en sort changée. Lorsque sa mère lui demande si elle n’a pas été perturbée par le fait que le massage ait été fait par un homme, celle-ci lui répond fièrement par la négative. Un simple massage et surtout les premiers émois, auront par conséquent fait d’elle une femme.
Vu au festival du Court de Brest ; KLEIN est un magnifique film pour son sujet, bien décrit ici, pour le jeu de la jeune, et surtout pour l’idée géniale de la caméra sous la table de massage. BRAVO vraiment !!