Trois ans après « Les Astres Noirs » qui rendait cinégéniques les boucles blondes de Julien Doré, Yann Gonzalez nous revient avec « Nous ne serons plus jamais seuls » (un titre qui pourrait être le pendant optimiste du « Nous ne vieillirons pas ensemble » de Pialat), un petit film muet de dix minutes tourné en Super 8 et en noir et blanc (et avec des adolescents), projeté ces derniers jours à Silhouette.
Cinéaste et critique de cinéma, Gonzales est l’auteur de cinq courts dont le remarqué et remarquable « Je vous hais petites filles » (2008), moyen métrage ambitieux et rock n’roll qui sublimait sa muse d’alors, Kate Moran. « Nous ne serons plus jamais seuls » reprend les thèmes principaux des courts précédents de l’auteur à savoir la jeunesse, le désir, la musique et l’importance du groupe.
Dans un timing resserré de dix minutes, il filme une fête nocturne peuplée d’adolescents affichant une jeunesse rageuse et éclatante, débarrassée à cet instant des codes embarrassants des boums pourtant pas si lointaines. On danse, on se jauge, on se sépare, on pleure, on s’embrasse, à première vue rien n’a toutefois changé.
Le réveil, lui, sera plus dur, comme une prise de conscience. L’inscription “Ne jamais crever” sur le mur du sous-sol apparait comme un rappel à l’ordre, une menace qui plane. Le groupe marche alors à travers champs (croisant des ruines un peu trop symboliques) pour assister au lever du soleil. Le film se clôt de la sorte, sur un visage souriant, illuminé, blond et adolescent. Lueur d’espoir.
Malgré le talent visuel évident de Yann Gonzales, on peine malheureusement à accrocher à ce récit qui hésite entre le clip, la fable et l’exercice de style. Reste l’énergie indiscutable du film qui séduit forcément. On guettera donc avec attention le passage au long du cinéaste qui lui permettra sans doute d’approfondir son sujet de prédilection.