Membres du Jury Officiel du Festival : Stéphanie Leempoels, Przemek Mlynczyk, Didier Stiers et Thierry Zamparutti.
Membres du Jury Presse du Festival : Christian Collin et Pierre Raemdonck.
Membres du Jury OVNI : Alexandre Galand, Emmanuel Lefrant et Vincent Stroep.
Membres du jury Format Court : Marie Bergeret, Adi Chesson, Bibiana Vila
Prix du Meilleur Court Métrage de Fiction D’un montant de 2 500 €
Offert par la Fédération Wallonie-Bruxelles à Joachim WEISSMANN
Pour son film « Kérosène »
Prix du Meilleur Court Métrage d’Animation D’un montant de 2 500 €
Offert par la Wallonie à Hugo FRASSETTO
Pour son film « La garde-barrière »
Prix du Meilleur Court Métrage Documentaire D’un montant de 2 500 €
Offert par la Ville de Namur à Victor SAGRISTÀ
Pour son film « Bailaoras, l’horizon des racines »
Prix OVNI D’un montant de 2 500€
Offert par la province de Namur à Khristine GILLARD et Marc REBUTTINI
Pour son film « Miramen »
Prix Format Court Attribué à un OVNI Consiste en un Focus personnalisé (interview + critique)
Projection à Paris et à Bruxelles.
Offert par Format Court à Miguel FONSECA
Pour son film « I know you can hear me »
Prix des Auteurs D’un montant de 2 500 €
Offert conjointement, par la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD)
et la Société Civile des Auteurs Multimédia (SCAM) à Valéry ROSIER
Pour son film « Dimanches »
Prix du Meilleur Premier Court Métrage Professionnel D’un montant de 2 500 €
Offert par la Promotion Artistique Belge de la SABAM à Maria CASTILLEJO Carmen
Pour son film « I am unhappy »
Prix de la Meilleure Image D’un montant de 1 000 € consistant en une location de matériel de prise de vue, d’éclairage,
de groupe, de studio ou le tout combiné
Offert par EYE-LITE à Manu DACOSSE
Pour le film « Terre nouvelle » de Bernard DRESSE
Prix de « latrois » pour un film d’étudiant D’un montant de 1 500 € incluant les droits de diffusion
Offert par la RTBF à Thibaut WOHLFAHRT
Pour son film « Ciao Bambino »
Prix de la Presse D’un montant de 1 250 €
Offert par la Province de Namur à Anne LECLERCQ
Pour son film « Dissonance »
Prix du Public D’un montant de 1 000 €
Offert par Smart.be Namur à Joachim WEISSMANN
Pour son film « Kérosène »
Synopsis : Autoportrait – l’évolution naturelle de l’auto création. Autoportrait comme un acte re-créatif et re-génératif. Il y a la réalité et il y a moi, le filtre qui rend surréel ce qui est réel. Un processus qui se déroule à travers ressemblances, métaphores visuelles et mutations. La nature se nourrit des mutations qu’elle-même produit. J’imite sa façon d’évoluer. Si naturellement un individu arrive à être ce qu’il est. Si grâce à l’imagination, j’arrive à être moi-même.
Pays : Italie
Durée : 2’54 »
Année : 2009
Genre : Animation, expérimental
Réalisation, image, scénario, composition, montage et jeu : Isobel Blank (Eleonora Giglione)
Coquette dans son audace, narcissique dans sa pudeur, l’artiste toscane Isobel Blank réalise en 2009 son autobiographie, « Selfportrait », programmé hors compétition dans le cadre du partenariat entre l’asbl 68 Septante, le centre culturel de Huy et le FIDEC. Dans ce morceau délectable d’art vidéo, les codes conventionnels du septième art se retournent sens dessus-dessous pour se retrouver aux côtés de l’art contemporain expérimental.
Munie de son pinceau, la caméra fixe, de son canevas, le salon, et de son coup distinctif, le jump cut, Blank dresse en quelques minutes fugaces un portrait d’elle-même, artiste, femme. Se cachant et se dévoilant tour à tour, elle investit l’espace à sa propre manière, insoucieuse des considérations de la narration classique. Alternant gros plan et plan rapproché, cette philosophe de formation fuit le regard du spectateur qui, conformément à la réalité, ne s’en sort qu’avec une très vague idée de qui est cette Mme Blank nommée avec tant d’à-propos, même si le caractère déjanté, provocateur et créatif de l’artiste est clairement transmis. Sa manière particulière de filmer le féminin ‘au féminin’ rappelle la démarche initiale de Chantal Akerman : le spectateur de « La Chambre » et de « Je, tu, il, elle » ne se retrouvait-il pas lui aussi face à un exhibitionnisme trompeur, son regard sollicité par un personnage insaisissable voire imperceptible ?
Dans « Selfportrait », Isobel Blank utilise peu de moyens pour déployer la vaste palette de ses talents pictural, musical, cinématographique, … Bizarre et excentrique, « Selfportrait » est le reflet de son auteur, et certainement un des plus atypiques des Showreels !
Présenté hors compétition dans le cadre du partenariat entre l’asbl 68 Septante, le centre culturel de Huy et le FIDEC cette année, « Tant qu’il y aura del poussière » est un témoignage pour le moins original sur les forges de Clabecq en région wallonne, à (re)découvrir.
La thématique de la représentation de la classe ouvrière apparaît également en compétition nationale du Festival dans deux titres : « Staka » de Valentine Laloux, Morgan Hardy, Maximilien Chevalier, Jean-Michel Degoedt et « Fermiers atypiques » de Kevin Cleeren. Le premier opte pour le registre de la science-fiction pour livrer son sujet tandis que le deuxième prend le parti d’un reportage. Le film de Marie Devuyst, en revanche, réalisé en 2009 dans le cadre de ses études à Sint Lukas à Bruxelles, mêle documentaire et film expérimental.
Sur fond d’images photographiées aussi statiques que l’endroit désertique qu’elles représentent, la réalisatrice pose habilement l’histoire d’Emile, ancien délégué du syndicat de la société sidérurgique située au sud de Bruxelles qui ferma ses portes suite à une faillite dans les années 90. Ses paroles en wallon interpellent tout d’abord par le sentiment de familière étrangeté que procure cette langue désuète et minoritaire, à la fois très proche mais très éloigné du français. Emile raconte le vécu des travailleurs de l’usine de manière très imagée et descriptive, avec nostalgie et émotion, sa voix superposée à l’image stérile tel le spectre d’un passé industriel glorieux qui définissait jusqu’il y a peu la société et l’économie de la Belgique francophone.
Revendication touchante et nécessaire de toute une classe démunie, « Tant qu’il y aura del poussière » renforce son contenu socialement engagé avec une forme esthétiquement et symboliquement chargée pour créer un fragment cinématographique hautement poétique.
Synopsis : Les souvenirs d’Emile nous emmènent à la découverte des forges de Clabecq, une usine métallurgique à l’abandon.
Cette exploration visuelle et sonore révèle un espace où la vie s’est arrêtée, où le temps semble suspendu, où les traces du passé éveillent les songes et ouvrent la voie à la flânerie industrielle.
Genre : Documentaire expérimental
Pays : Belgique
Année : 2009
Durée : 6′
Réalisation, son, montage, production : Marie Devuyst
Ce soir, avait lieu la remise des prix de l’Atopic Festival, autrement présenté comme le Festival International du film machinima -combinaison de machine (pour l’ordinateur), animation et cinéma- à la Gaîté Lyrique. En début de semaine, étaient montrés au Nouveau Latina (Paris) les 26 machinima en compétition. Si comme nous, vous avez appris l’info tardivement, vous pouvez découvrir ces films courts issus des mondes virtuels et des jeux vidéos sur le Net.
1er Prix : Zardoz (Part. 1) de KingRabbit – FR/2011/6’37/Sci-Fi, Fantastic/The movies, Photoshop, Sony Vegas, Adobe After Effects, dxtbmp, Paint, Blender 3d, Goldwave, Hexworkshop
2293, la Terre a été totalement dévastée et la société divisée en castes : Brutes, Exterminateurs et Barbares. Tous vouent un culte sans limite au dieu Zardoz et oeuvrent pour les Éternels. Ce nouvel équilibre social va être bouleversé lorsque Zed, un Exterminateur, décide de pénétrer chez les Éternels défiant ainsi le Zardoz… Ce machinima est un remake du film de Sci-Fi réalisé par John Boorman en 1974.
Prix Spécial : Fiends de Matthieu Bavagnoli, Hugo Binétruy, Sandro Bordier, Vincent Delsuc, Anthony Straub, Rémi Vallet (Supinfogame) – FR/2011/3’36/Horreur/Left 4 Dead, Hammer Editor, L4D Authoring Tools, Adobe After Effects, Adobe Premiere
Un zombie, seul, erre dans les décombres d’une ville déserte. Sous l’emprise d’un soudain «Spleen contemporain » il découvre dans un cybercafé les délices des réseaux sociaux. Il sort du café et son nombre de « friends » s’élève désormais à 6 775 235 700…
2ème Prix : More cockpits [-ship version] de Yann Weissgerber – FR/2011/4’03/Rétro-, intro-, pro-spectif/jeux sur ZX Spectrum
Syn. : Il s’agit de mettre un peu de distance entre les formes de l’Entertainment et son euphorie. Des écrans de jeux
d’un ordinateur ZX Spectrum des 80’s, ont été vidé par l’artiste : plus de monstres, de paysages, de barres de vie, d’informations sur les jauges des simulateurs de vol. Il ne reste qu’un diaporama d’interfaces désertées.
Clear Skies 3 de Ian Chisholm – UK/2011/8’32/Sci-Fi, Action, Aventure/HalfLife 2, Eve
Troisième opus de la saga Clear Skies. Les choses semblent finalement bien se dérouler pour l’équipage. Cette vie confortable mène le capitaine Rourke à baisser la garde, et les conséquences s’avèrent désastreuses. Des nouvelles aventures viennent alors troubler le «ciel clair».
Voir tous les films en lice, sur la page Dailymotion de l’Atopic Festival
Synopsis : Un merveilleux endroit retiré dans les montagnes, les vacances annuelles de Basia et Andrzej, un couple qui s’ennuie. Il passe leur temps à parler de rien jusqu’à ce qu’un jeune couple, Maja et Borys, s’égare accidentellement jusqu’à leur maison.
Genre : Fiction
Durée : 20’
Pays : Pologne
Année : 2011
Réalisation : Leszek Korusiewicz
Scénario : Leszek Korusiewicz
Image : Kacper Fertacz
Son : Marian Bogacki
Montage : Przemysław Chruścielewski
Musique : Jakub Jaźwiecki
Interprétation : Agnieszka Warchulska, Andrzej Konopka
Étonnant que ce “murmure” polonais qui s’ouvre sur un jardin d’Eden résolument enfoui dans le doute et les non-dits.
La nature engloutit le quotidien d’un couple, qui se retrouve à échanger des banalités pour éviter les sujets sensibles, ceux qui fâchent et qui blessent car ils ne trouvent pas les mots pour les exprimer. L’arrivée d’un élément déclencheur, un autre couple, beaucoup plus jeune, beaucoup plus libre, beaucoup plus sensuel vient perturber les deux tourtereaux et les ébranler jusqu’à les retrancher aux confins de leurs fondations fragiles, vulnérables et bancales. C’est que chacun se sent attiré par l’un pour sa force ou par l’autre pour sa dangereuse sensualité. Tout est permis quand rien n’est dit. Autour de tout cela, un univers, sauvage, beau irrésistible et primitif qui en plus de leur faire écho, laisse transparaître les fissures et les failles qui s’agrandissent à mesure que les protagonistes se côtoient.
Ce film de fin d’études est remarquable autant dans ce qu’il met en évidence que dans sa manière de le raconter. L’image, le montage, le son sont inévitablement au service de l’intention du réalisateur de montrer les murs fragiles qui parfois s’érigent autour de ceux qui s’aiment.
Cette année, le Fidec mettait le Québec à l’honneur. L’occasion pour nous de confirmer que la patrie de Denis Villeneuve et de Denys Arcand recèle de petits bijoux cinématographiques. Aux côtés des excellents « Next Floor », « Les Journaux de Lipsett », « Les Poissons » et « Mokhtar », on a pu apprécier « Sophie Lavoie », un court métrage simple et atypique d’Anne Emond.
A l’instar de Yvon Marciano dans son « Emilie Muller », Anne Emond privilégie le plan fixe pour filmer l’évolution des sentiments d’une jeune femme bien dans son temps. Un plan immobile qui n’offre jamais de contrechamp visuel pour percevoir le malaise grandissant de Sophie, venue à un dépistage de MST (maladies sexuellement transmissibles). L’entretien qui se veut professionnel et banal pour le médecin prend une tournure bien personnelle et dérangeante à mesure que les questions se font plus indiscrètes. De la nonchalance du début, répondent le tremblement des mains, les hésitations, le trémolo dans la voix et le regard fuyant de la fin.
A l’aide d’un dispositif simple, Emond dresse le portrait de la société moderne qui fait fi du poids de la possibilité d’aimer qui on veut, quand on veut, comme on veut. Sophie Lavoie est une jeune femme moderne qui, malgré tout, plie sous le fardeau des conséquences de cette liberté sexuelle car elle ne l’assume pas complètement. Elle n’est pas malade, du moins elle l’espère, mais elle se rend bien compte que sa façon d’aborder ses relations affectives est symptomatique d’un mal-être.
Subtilement, sans poser de jugement moral, la réalisatrice arrive à présenter une magnifique illustration en demi-teinte de noirs et de blancs d’une femme d’aujourd’hui dans un huis clos des plus révélateurs.
Au Fidec cette année, se trouvait une pléthore d’animations en compétition nationale et internationale, montrant que celles-ci occupent une place importante dans l’enseignement cinématographique. Dans ce cadre – et la plupart de films présentés au festival en témoignent – il n’est pas inhabituel que le genre animé serve principalement à démontrer un travail technique, aux dépens du sujet qui, lui, est réduit à un simple prétexte narratif à des fins purement formelles. Il est rafraichissant alors, de voir un film qui renverse ce constat, qui montre un sujet délicat avec respect à l’aide des facultés à la fois représentative et symbolique de l’animation. Tel est le cas de « Dans le Cochon tout est bon » d’Iris Alexandre (La Cambre, Belgique).
Se basant sur l’idée de la transformation au lieu de la création ou la destruction de la matière, Iris Alexandre montre, par le biais de l’animation en volume, la métamorphose d’un cochon, passant d’un être vivant à la source d’un repas infini. Sang, os, morceaux de chair s’intègrent tous dans les rangs du festin avec une discipline digne d’un restaurant 3 étoiles. Un acte plutôt brutal et, indépendamment de son utilité sociale, peu humain, s’enjolive en une chorégraphie de formes et de couleurs gracieuses. Procédant par contraste, Alexandre détermine une structure narrative ingénieuse. Au début de son récit, entre le plan emblème du film montrant la répartition gastronomique de la bête en pâte à modeler et le reste de l’animation, la réalisatrice intercale une image filmée, celle d’un vrai cochon abattu et égorgé. Le cri poussé par l’animal massacré symbolise l’exception à l’adage dont fait référence le titre. Ainsi, Alexandre dose bien ironie et réprobation tout en évitant tout côté moral. La partition originale de Michel Capelier fait écho à cet équilibre en se balançant elle-même entre ironie et charge émotionnelle.
Loin de la lourdeur écœurante et (trop puissante) du « Sang des bêtes » de Georges Franju, de la froideur clinique de « Avaca » de Gustavo Rosa De Moura, ou encore de l’humour ludique et sardonique de « The Cow Who Wanted to Be a Hamburger » de Bill Plympton, le message est ici plus digeste mais reste néanmoins pertinent et, à sa propre manière, efficace.
Le FIDEC (Festival International des écoles de cinéma) qui s’est tenu au Centre culturel de Huy du 19 au 23 octobre proposait une fois de plus une sélection reflétant la diversité et la richesse de la création cinématographique actuelle, réalisée dans un cadre académique.
Avec ses compétitions nationale et internationale, 19 pays et 37 écoles représentés, une séance « culottes courtes » pour le jeune public, une mise à l’honneur du Québec, un atelier d’analyse cinématographique, une collaboration avec l’asbl 68 Septante et une exposition d’Antonin De Bemels, …, le FIDEC a une fois de plus, permis de faire découvrir une nouvelle génération d’artistes qui font le cinéma d’aujourd’hui et de demain.
Il y a trois semaines, avait lieu le festival Court Métrange spécialisé dans le cinéma fantastique. Curieuse et avide de sensations novatrices, une fine équipe du site se retrouvait au même moment à Rennes, avec quelques paquets de mouchoirs en trop (pour les mômes) et une forte envie de (re)découvrir la Bretagne. Reportage.
L’affiche
Devant l’affiche du festival, des bonds peuvent s’exécuter devant cette irrésistible blancheur ambiante aux faux airs de pâte à tartiner. Dans un deuxième temps, un corps plutôt pas mal, une tête qui n’est plus et une manucure discrète apparaissent. Du rouge sang aurait pu rebuter sur ce visuel, ce blanc « écrémé » rassure par sa douceur et son onctuosité. On en arriverait presque à oublier le crime qui a pu se jouer là et ne pas voir les gouttes qui se dispersent sur les marches. Impensable vu qu’on commence tout juste à se frotter au domaine de l’horreur et de l’étrange.
Rennes
Pour déjouer les creux de l’après-midi (les projections n’ont lieu que le soir au festival), une visite de la ville s’improvise. Au quartier Saint-Anne, impossible de trouver une soupe brûlante, malgré le froid ambiant. Un marché coloré, des maisons à colombages, une joyeuse fanfare, un café sympa, c’est bien plus facile à identifier. Les pas s’approchent d’une cathédrale sans âge, de rues pavées, de bateaux qui font mouche, avant de s’arrêter dans une crêperie, d’ironiser sur le tennis de table (un sport, ça ?) et d’évoquer les raisons les plus loufoques liées au nombre d’oiseaux dans le ciel rennais.
Les films
Quarante films, pas moins, pas plus, constituaient cette année la programmation européenne de Rennes. Beaucoup de films d’animation faisaient partie de ce programme, certains très bons (comme « Body Memory », « Condamné à vie », « Nuisible(s) » ou « Danny Boy », notre prix Format Court), d’autres réellement moins passionnants (« Love Patate », « Judas and Jesus » alias le Métrange du Jury). Coté fiction, certains films particulièrement originaux se dégageaient de la masse (« Le Vivier », « E pigs », Next Floor », « The death of an insect », « Labyrinth within ») alors que d’autres étaient franchement insoutenables (« Ella », « Hungry Hickory », « Brutal relax ») ou très simplistes dans leur récit (« The astronaut on the roof », « Mandragore », « 36eme sous sol »). Parallèlement, Court Métrange avait prévu des cartes blanches consacrées aux Etats-Unis, au Japon et aux Mexique, en partenariat avec des festivals spécialisés implantés dans ces pays. Peu de ces films, pourtant, sortaient du lot, chose dommageable au final, au vu de la production prolifique et intéressante de ces trois pays.
Les trois lettres magiques
Rien de très formel aux soirées d’ouverture et de clôture à Rennes : les organisateurs et le jury se réunissent à l’espace pro qui accueille également un mannequin de cire au regard vicieux, des bras et des jambes suspendus dans les airs et des murs ensanglantés. Pour la circonstance, quelques jeunes gens ont préféré troquer leurs tenues contre celles de maîtresses corsetées et d’elfes maléfiques tandis que des hommes préhistoriques abattent leurs massues devant des journalistes hilares et que les sandwiches disparaissent à vue d’œil. A la clôture, la formule ne varie pas. Point de discours à rallonge et de remerciements très publics, ici, le rassemblement a lieu en petit comité, les prix sont délivrés rapidement avant la photo souvenir. La reprise des films primés n’a lieu que le lendemain, certains courts étant projetés au même moment que la remise des prix.
Le bal des Vampires
Après la prise de connaissance du palmarès, direction la loge pour ressembler le plus possible à un gentil vampire ou à une méchante fée (ou les deux à la fois). Au fait, qu’amène-t-on pour un tout premier bal des vampires ? Quelque chose qui peur, affirme l’entourage. Du côte du festival, Aurélien est plus éloquent dans ses mails : « Pour le déguisement, sois tu décides de faire simple (cape/grosse canine) soit tu innoves un peu le genre. En cas de panne créative, prends un personnage célèbre (De Gaulle, Gandhi, Christophe Maé, Nicolas Sarkozy…) et vampirise-le (succès assuré). Sinon, tu peux choisir l’option »old school » avec une longue robe et une moumoute sur la tête ou choisir un vampire contemporain, cuir/latex, moderne quoi ! ». Les meilleurs costumes étant, paraît-il, ceux que l’on crée soi-même, on embarque un reste d’Halloween dans sa valise, mais une fois à Rennes, on ressort d’un magasin de farces et attrapes avec des faux cils qui préfèrent, malgré toutes les prières connues et inconnues, rester sur les doigts plutôt que sur les paupières. Par dépit, on pique le nez rouge du collègue plus chanceux qui récupère, lui, un serre-tête « couteau » (la manche d’un côté, la lame de l’autre) en lieu et place d’un hachoir tant souhaité. Pour aller ensuite s’encanailler avec des nonnes, des morts-vivants et d’autres créatures bizarres de la nuit, avant de rentrer pour une after au sel marin et aux croûtons au chèvre et de quitter Rennes le lendemain épuisés et enrhumés (chic, il reste des petits mouchoirs). Elle n’est jamais très fine, l’équipe, en rentrant de festival.
A Court Métrange, ça aime les elfes et les créatures étranges, ça se déguise tous les soirs pour hanter l’espace VIP, ça propose des massages gratuits mais publics, ça avale le plat unique à l’Huluberlu (le resto du festival), ça lèche le sang sur les murs, ça fait des folies à la Boîte à rires (magasin de farces et attrapes), ça fait la file pour voir les films en compét’, ça hésite entre une crêpe et une conférence sur les femmes vampires, ça apprend la mort de Kadhafi au petit-déjeuner (avec photos à l’appui, la cuillère en suspens devant le bol de Miel Pops), ça parle de dessin animé et de jeu vidéo en buvant du Pastis ou du Ricard, ça fonce au Mont Saint-Michel en 3h chrono quand on est japonais, ça grimpe les trois étages du TNB (Théatre National de Bretagne) sans prendre l’ascenceur, ça lorgne vers le buffet pendant les discours officiels, ça remet des prix en lorgnant toujours autant le buffet, ça parle d’iphone déguisé en soubrette, ça prend des bénévoles en A (Arnaud, Aurélien, Agathe, …), ça dit autour d’un verre : “Je te trouve de plus en plus sanglant”, ça s’entend répondre : “C’est vrai, c’est parce que j’ai mangé”.
A l’occasion de la 33ème édition du Festival du court métrage Média 10-10 (Namur), du 15 au 19 novembre, Format Court décernera le Prix du Meilleur Film dans la catégorie OVNI (Objet Visuel Non Identifié). Le jury sera composé de Marie Bergeret, Adi Chesson et Bibiana Vila (Artatouille asbl et Short Screens). Le film gagnant sera annoncé le 19 novembre et bénéficiera d’un focus spécialisé consacré à son auteur, ainsi que d’une projection en salle de cinéma à Bruxelles et/ou à Paris.
Miramen — du provençal, mirage. La Camargue est une île qui demande à l’homme qui l’habite de faire corps avec elle. Ce monde de l’entre deux, entre terres et eaux, est celui de la rencontre du fleuve, de la mer et de la communauté des étangs. C’est un monde de gestes — ceux du gardian-centaure, du pêcheur d’étang, du tellinier, du chasseur des marais — inscrits dans les corps et les paysages. Une relation au sauvage.
Là veille la Bête.
Quel est le lien entre, par exemple, des opticiens, des musiciens ou des éleveurs de moutons? Une topographie du travail au cœur des Alpes suisses, avec pour commun dénominateur le son des cloches.
A reflection on the sorry state of communication. Two gentlemen comment upon the nature of talking through talking. It becomes a routine, as they tend to observe and reflect upon mundane scenarios
and situations, never really reaching a specific destination.
C’est l’histoire d’une rencontre entre deux clandestins qui ont « faim » de liberté. « Djoûû » signifiant « faim » en arabe.
Métaphore du mythe de la « Tour de Babel », le film met en scène des « maudits » qui, portés par leur rêve, s’échouent quelque part où leurs mots se heurtent sans s’entrelacer.Doivent-ils parler la même langue pour se comprendre ?
The Music Clip « The Metalliszt – Road to Victory » puts Franz Liszt into the 21th Century as a Rockstar. He tours through different european cities that influenced him in his life and comes to a furious final to Weimar. Meanwhile he experiences an autobiographic Time-Travel through a part of his life that was dominated by excess and euphoria. In those days Liszt became a kind of prototype of what we would call a modern european citizen. And therefore this film is a winking hommage to Liszt, as an early visionary, who lived the dream of a united europe.
A contemplative walk leads to a bizarre climbing tour. The camera that has just panned over everyday village life now homes in on a construction of wooden slats to then follow a breakneck route up a vertical rock face. From the perspective of the invisible climber, we experience a seemingly impossible ascent while hearing his breath growing heavier and heavier with every move. Having reached the top, the camera roams one more time over the point of departure – the village now in the distance, only a few exciting minutes of film and a tangible eternity away below the rock face. (Robert Buchschwenter)
En quête de la représentation parfaite de mes mémoires du Sud-Soudan, je rassemble les morceaux de conversations, images et sons quisemblent ne pas faire partie de la réalité soudanaise. C’est une histoire sur la lutte entre la fascination exotique, la frustration des représentations existantes et l’impossibilité de transmettre la mémoire. Comment aborder à la fois la beauté de la vie et sa représentation ? Dans Re-constructing Sudan, l’amitié et l’amour est le canal par lequel une image me semble possible.
Late February 2011 I was invited to spend some days in the city of Vitoria to shoot a short-film. The final result is this logbook from trips in the city’s tram, filmed with a 16mm string camera and developed by hand those same days.
Hommage à des individus cherchant le bonheur en dehors des sentiers battus, là où n’est pas l’évidence. Ceux qui alimentent leurs mythes et adorent leurs dieux, qu’il s’agisse des Dieux Vikings ou du Rock’n Roll, un Saint Nicolas ou un frère Joseph.
This film is a part from my psychic diary. It’s why I wanted to translate a psychic travel with different « affect » places : like a road movie. Also, my relation to filming locations inspire my work every time.
Romain Roll, natif du Luxembourg, s’est fait connaître pour plein de trucs (critique, directeur de festival, producteur). C’est pourtant en tant que coordinateur de la Fédération du Festival du Film Fantastique Européen (plein de F, ça donne EFFFF) et organisateur du Méliès d’Or qu’il a été invité cette année au festival Court Métrange. Dans quel but ? Celui de juger si la manifestation de genre rennaise remplissait les conditions d’adhésion à la Fédération (la réponse est oui). Rencontre autour du fantastique, de l’éducation à l’image et de Georges Méliès.
Tu as commencé à œuvrer autour du cinéma via le ciné-club de ton école. Quel souvenir en gardes-tu ?
A l’époque des ciné-clubs, dans les années 70, c’était assez particulier au Luxembourg : chaque grande école avait son ciné-club. On choisissait les films (en 16 mm) d’après un catalogue très spécifique. Une fois par an, avait lieu un grand meeting avec tous les ciné-clubs : on discutait des films qu’on voulait programmer et si un même titre intéressait plusieurs écoles, on créait un circuit pour réduire les coûts de circulation. Dans mon école, on était à deux à faire la programmation, l’un de nos professeurs, un fanatique de cinéma, nous a beaucoup conseillé sur des films qu’on ne trouvait pas en dehors des salles commerciales. A cette époque, j’allais aussi beaucoup à la Cinémathèque et je suis très vite arrivé au fantastique.
Les ciné-clubs existent-ils encore au Luxembourg ?
Non, malheureusement, ça n’existe plus aujourd’hui. C’était une sorte d’éducation à l’image, les écoles y consacraient beaucoup de valeur. A l’époque, il n’y avait pas de festivals, la programmation des cinémas était très médiocre parce que les films arrivaient au Luxembourg assez tard.
Tu as mentionné le mot fantastique. Qu’est-ce que ce que cinéma a pu apporter à ton parcours ? En quoi est-ce une source de référence, d’influence aussi ?
Le fantastique reflète notre société dans diverses circonstances, dans ses hauts et ses bas. Ayant longtemps été directeur d’un festival fantastique, j’ai remarqué que des gens ont osé sortir de leur cocon et tissé des liens entre eux. Ces gens qui avaient des peurs et des faiblesses (peur de la société, de se dévoiler, …), qu’on retrouve dans leurs film, ne se sentaient plus prisonniers ou seuls et ont commencé à s’exprimer et à former petit à petit une grande famille. Je crois que je me suis retrouvé et que je me retrouve encore dans cet univers assez unique.
Comment est-ce que ça s’est passé quand tu as monté ton festival (The Luxembourg International Film Festival Cinénygma) ?
J’ai commencé début 92. On a vu dès la première édition que les gens voulaient découvrir un genre et des films qu’ils n’avaient jamais vus auparavant ou qui sortaient beaucoup plus tard après leur sortie en salle. Voir ces films en salle avec des invités (réalisateurs, producteurs, acteurs), c’était quelque chose qui n’existait pas au Luxembourg. Les amis du BIFF (Brussels International Fantastic Film Festival) m’ont aidé à créer un festival et à éduquer les gens à quelque chose de nouveau et les inciter à participer activement dans la salle. A Bruxelles comme à Luxembourg, les gens étaient libres d’applaudir, de crier, de s’exprimer devant le film qu’ils voyaient, si ils le voulaient.
Le projet de la Fédération du Festival du Film Fantastique Européen (EFFFF) est-il juste de réunir les festivals européens et de donner plus d’éclat au cinéma fantastique ? Ou bien ressentez-vous une fragilité, un besoin de lutter contre des a priori face au cinéma de genre ?
Chaque festival adhérent peut très bien se débrouiller sans la Fédération. Il a dans son propre pays son identité, sa place dans la vie culturelle, cela ne veut pas dire que sans la Fédération, il serait moins crédible. Par contre, en étant regroupés, les festivals sont beaucoup plus forts parce qu’ils s’entraident pour la programmation et peuvent faire circuler les copies de films qu’ils apprécient à moindre coûts. La Fédération marque aussi une amitié entre des gens qui se connaissent depuis très longtemps et a comme de devoir de soutenir avant tout le fantastique européen, raison pour laquelle on prime par le biais des Méliès d’or le meilleur long métrage et le meilleur court métrage européens.
Pourquoi ces prix ont-ils été appelés les Méliès ?
Georges Méliès est notre maître à tous. Pour certains, ce sont les frères Lumière, mais pour nous, Méliès est LE visionnaire, le maître du fantastique, forcément, on a souhaité donner son nom à nos prix. Il est protégé, mais la famille Méliès était ravie qu’on l’utilise pour ce prix. Lors de la première cérémonie du Méliès d’Or, à Bruxelles, en 1996, on a montré les vieux films Méliès en présence de Marie-Hélène Méliès et de son beau-fils qui accompagnait la projection au piano. C’était un moment magique qui reste encore aujourd’hui en mémoire.
Vous faites par cette occasion intervenir le fait que dès le départ, le cinéma était déjà fantastique…
Voilà, tout à fait. Dès le départ, le cinéma était un cinéma fantastique. Je crois que beaucoup de gens ont perdu cela de mémoire ou ne veulent pas le savoir. On le voit d’ailleurs à Cannes : il y a une salle Lumière (cf. Grand Théâtre Lumière), pourquoi n’y en a-t-il pas une consacrée à Méliès ?
Cette année, on a quand même montré « Le Voyage dans la lune », en version colorisée et musicale de Méliès à Cannes !
Oui, mais dans la salle Bazin. A Cannes, je crois qu’il faudrait absolument y avoir une salle Méliès, ce serait un vrai hommage à ce grand personnage qui a su révéler le vrai cinéma.
A la Fédération, vous avez d’abord soutenu les longs, puis les courts. Pourquoi remettez-vous dorénavant un prix dans les deux catégories ?
Au début, on n’avait que des prix pour le long mais on a évolué : beaucoup de festivals de notre réseau avaient des compétitions de courts et on voyait des choses vraiment magnifiques dans ce format-là. Avec ce prix-là, je crois qu’on peut aider de nouveaux talents à émerger et leur donner une chance pour poursuivre sa carrière.
Cette année, vous avez primé « Balada Triste de trompeta » d’Álex de la Iglesia et « Suiker » de Jeroen Annokkee. Le premier a émergé depuis longtemps, Jeroen Annokkee, par contre, c’est quelqu’un que vous allez suivre ?
Tout à fait, c’est le futur. On veut suivre des carrières comme la sienne, à l’image de celle d’autres jeunes réalisateurs qui ont remporté le Méliès d’Or et qui ont poursuivi dans le long métrage de manière intéressante.
Si un festival comme Court Métrange a envie de vous rejoindre, quelles sont les conditions d’adhésion ?
On soutient les grands festivals comme les plus petits si les critères sont réunis. Evidemment, le festival doit être un festival de genre ou comporter une très grande section de fantastique, avec une programmation européenne et une projection dans de bonnes conditions. Il doit avoir une visibilité, un public, et travailler autour de l’accueil des invités et de la presse.
En faisant ce travail depuis plusieurs années, trouves-tu que le public généraliste s’est ouvert de plus en plus au fantastique ? Est-ce c’est lié au succès de certains films ?
Oui. On a constaté une nouvelle approche vis-à-vis du fantastique avec à de très grandes productions, hollywoodiennes, comme « Le Seigneur des anneaux » mais aussi avec « Morse ». De façon générale, le fantastique devient de plus en plus important dans les pays scandinaves. Certains pays auxquels on ne pense pas sont en train d’émerger dans le fantastique. L’Afrique du Nord va bientôt suivre dans le domaine, et je suis certain que l’Inde aussi. On peut et on veut soutenir ces pays-là, via notre réseau.
Synopsis : Klaasje, la voisine de Bert, sonne à sa porte, légèrement vêtue, pour lui emprunter un pot de sucre. Elle échappe le pot, ils se penchent en même temps pour le rattraper et se cognent la tête : Klaasje dégringole les escaliers.
Présenté en compétition au dernier festival Court Métrange, ce film estonien vient de recevoir le grand prix au festival de Bucharest, Anim’est, et est en lice pour les prochains Cartoon d’Or.
Le court métrage s’ouvre sur un lent travelling vertical qui nous fait découvrir une campagne morne, monochrome, désolée. On se trouverait presque au début de « Nuit et Brouillard » d’Alain Resnais et pour cause. Des branches d’arbre dessinent sur des toiles blanches des traits qui s’apparentent à ceux d’un cardiogramme. Le rythme est donné. À partir de cette exposition, Ülo Pikkov mélange subtilement la prise de vue réelle et l’animation : ces deux éléments permettent à la fois de nous donner des repères, les marionnettes en bouts de ficelle étant très clairement parquées dans des trains menant vraisemblablement vers les camps de la mort, et de déréaliser également la situation en donnant au film une dimension métaphorique.
Le travail sonore contribue à cette subtilité : intercalant des râles d’animaux, des rires humains, des bruits de ficelles et des coups, il évoque la lente montée vers la déshumanisation qui menace les marionnettes. Les ficelles enchaînent ces êtres sans visages comme des animaux, à la fois objets de torture et béquilles vitales. Le film joue à maintenir cet équilibre précaire entre eux. Il dévoile également « les ficelles » du marionnettiste lui-même qui se trouve être le maître du destin de ces poupées. Le choix de la marionnette n’est donc pas fortuit, il est lui-même allégorique. Les personnages sont d’ores et déjà enchaînés à un même cordon et sont d’ailleurs semblables : ils se ressemblent et se perdent en une masse informe à la fin du film. Seul le sexe est visible, puisqu’une femme s’évertue à cacher un ventre rond symbolisé par un œuf.
A leur manière, ces êtres fragiles endossent les douleurs passées, celles des ancêtres, et celle, difficile, imposée par le devoir de mémoire : c’est bien le propos de « Body Memory » (littéralement la mémoire corporelle). C’est dans le corps que se marquent les blessures : déjà, les images initiales des branches d’arbre évoquaient la nudité et le corps décharné. Le réalisateur suggère également une douleur morale : celle laissée par la culpabilité avec laquelle doivent souvent composer les enfants ou les petits enfants des personnes traversées par les camps de concentration. Le train qui passe à la fin du film devient une sorte de vers de terre gluant, laissant sur son passage une trace immonde, ultime clin d’œil à l’héritage mémoriel laissée par la terrible guerre.
Synopsis : Notre corps se souvient de plus de choses que ce que nous imaginons, notre corps se souvient également des peines et tristesses de nos ascendances. Notre corps garde en lui la mémoire et les histoires de nos parents, grands-parents et de leurs ancêtres. Mais jusqu’où peut aller la mémoire de nos corps ?