Carte blanche Format Court à Toulouse !

Ce lundi 5 décembre 2011, Format Court présente sa toute première carte blanche aux Vidéophages de Toulouse, organisateurs de soirées mensuelles de courts métrages français et étrangers. Trois films (plus un bonus) soutenus par le site seront présentés lors de cette projection : La France qui se lève tôt de Hugo Chesnard, Conversation Piece de Joe Tunmer, The Origin of Creatures de Kaayk Floris, Prix Format Court au Festival Paris Courts Devant 2011

Programmation

One Day I Woke Up and I Was Angry de Lucinda Clutterbuck. Animation, 10′, 2011, La Ménagerie

Sur le thème de la colère adolescente

La France qui se lève tôt de Hugo Chesnard, Fiction, 22′, France, 2009, Butterfly Production

Comme un nègre tu travailles dur, Paies nos impôts notre futur ! Cotises aussi pour nos retraites, Mais des papiers pour un métèques ?

Articles associés : la critique du film, l’interview de Hugo Chesnard

Conversation Piece de Joe Tunmer. Expérimental, Fiction, 7′, 2009, Royaume-Uni. New Treatment

Synopsis : Un dimanche matin, Jean remarque que son vase préféré a été ébréché. Elle accuse Maurice, son mari, qui nie en bloc. Mais Jean veut absolument savoir ce qu’il s’est passé. Dans cette extraordinaire comédie musicale, chaque syllabe prononcée correspond à une note précise de « Conversation piece », un morceau improvisé en 1966 par le cornettiste de jazz rex Stewart.

Article associé : le reportage Programme Films de musique

On se partage les miettes de Collectif. Fiction, 7′, 2011, France, Ciné 2000.

Vente aux enchères des dépouilles d’un service public à la culture. L’Association régionale de diffusion technique (ARDT), parc de location de matériel technique à prix réduit pour toutes les associations et collectivités de la région Midi-Pyrénées, se fait liquider arbitrairement par le Conseil Régional après 27 années de service fondamental à l’ensemble du tissu d’acteurs culturels de la région. Le 15 novembre, certaines personnes attachées à ce service ont décidé de se dresser une dernière fois devant le rouleau compresseur. Vente reportée.

Homesick de Ingrid Chikhaoui. Fiction, 19′, 2010, France, ESAV (Prod)

Elise rentre d’un séjour à l’étranger et se dérobe face à tout ce qui a changé : sa maison, sa famille, et sa place.

The Origin Of Creatures de Floris Kaayk, animation, 12′, 2010,  Pays-Bas, prod. : Koert Davidse, Marc Thelosen, Yan Ting Yuen. Prix Format Court au Festival Paris Courts Devant 2011

La vision futuriste d’un monde après un désastre catastrophique. Dans cette parabole, des membres mutés autonomes sont à la recherche d’une coopération, mais en raison de problèmes de communication, cette mission est vouée à l’échec.

Articles associés : l’interview de Floris Kaaykla critique du film

Infos pratiques

Espace JOB : 105 route de Blagnac – Toulouse /// Accès : bus 70 et 16

Clermont-Ferrand, la compétition nationale

La sélection nationale du 34ème Festival de Clermont-Ferrand est de sortie. Découvrez-la en un clic.

L’Attaque du Monstre Géant Suceur de Cerveaux de l’Espace – Guillaume Rieu
Boro in the Box – Bertrand Mandico
Ce qu’il restera de nous – Vincent Macaigne
Le Ciel en bataille – Rachid B.
City of Silence – Robert Ly
Les Conquérants – Sarolta Szabo, Tibor Bànòczki
Conte de faits – Jumi Yoon
Corps solidaires – Pascal Roy
Courir – Maud Alpi
De Riz ou d’Arménie – Hélène Marchal
La Dérive – Matthieu Salmon
La Dernière caravane – Foued Mansour
La Détente Bertrand Bey, Pierre Ducos
Diagonale du Vide – Hubert Charuel
Dis moi non – Axel Victor
Double mixte – Vincent Mariette
Douce – Sébastien Bailly
Egaro – Anaëlle Moreau, Maïwenn Le Borgne, Bruno Salamone, Simon Taroni, Alexia Provoost
L’ Ere bête – Thomas Caudron
Le Facteur humain – Thibault Le Texier
Fireworks – Giacomo Abbruzzese
Folksongs and ballads – Mathieu Vernerie
Fragments d’un voyage immobile – Lionel Mougin
La France qui se lève tôt de Hugo Chesnard
Fuir – Virginia Bach
Hors saison – Victoria Saez
How Fear Came – Anaïs Caura, Bulle Tronel
I’m your man – Keren Ben Rafaël
In Loving Memory  – Jacky Goldberg
Je ne suis personne – Jonas Schloesing
Jean-Luc persécuté – Emmanuel Laborie
Jeudi 19 – Raphael Holt
Looking at the dead – Jean-Gabriel Périot
Manque de preuves – Hayoun Kwon
Méditerranées – Olivier Py
Les Meutes – Manuel Schapira
Mkhobbi fi kobba – Leyla Bouzid
Mollement, un samedi matin – Sofia Djama
Mon amoureux – Daniel Metge
The Monster of Nix – Rosto
La Mystérieuse disparition de Robert Ebb – Matthieu Landour,  François-Xavier Goby, Clément Bolla
Oh Willy – Emma de Swaef, Marc Roels
Parmi nous – Clément Cogitore
Petite pute – Claudine Natkin
Plume – Barry Purves
Les Poisons – Benjamin Charbit
La Promotion – Manu Joucla
Pyskessa – Kirran Bruce
Rêve de 1er avril 1999 – Maxence Martin, Bastien Létoile, Camille Perrin, Julien Hazebroucq, Hél Papillon
Rosette – Romain Borrel
La Sole, entre l’eau et le sable – Angèle Chiodo
Sous la lame de l’épée – Hélier Cisterne
Sur la route du paradis – Uda Benyamina
Tempête dans une chambre à coucher – Laurence Arcadias, Juliette Marchand
La Tête froide – Nicolas Mesdom
Une Île – Ugo Bienvenu
La Veuve Caillou – Agnes Patron
La Vie parisienne – Vincent Dietschy
Yasmine – Karim Bengana

Bretagne, scénars & courts métrages

Depuis un an, le DVD traînait dans la pile des non vus, non traités, non évalués. Dépoussiéré, “Estran – 21 courts métrages” intègre, une édition plus tard, notre dossier spécial consacré au Festival du Film Court de Brest.

En 1998, apprend-on à la lecture du livret accompagnant ce coffret, le Festival du film court de Brest en est à sa 13ème édition et aucune production régionale ne marque la sélection. Le concours de scénarios Estran naît avec l’envie de faire émerger des auteurs locaux et de faire tourner des films de fictions en Bretagne, genre un peu délaissé en région par rapport au cinéma documentaire et d’animation. Des thèmes sont imposés, des lauréats sont choisis et accompagnés dans la recherche d’un producteur et sur le tournage de leurs films. Des premiers et deuxièmes films apparaissent ainsi. Dix ans après ses balbutiements, Estran compte de cette façon une petite vingtaine de films repris dans ce coffret divisé en chapitres.

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Le projet se veut sympathique. Lié intimement au scénario, il donne à voir du court, se balade entre les années (2000-2010) et promeut le travail de jeunes auteurs, scénaristes comme réalisateurs proches de la Bretagne. C’est un soutien à part à la création comme à la diffusion, les différents programmes ayant été diffusés pendant le Festival de Brest et au Marché du Film de Clermont-Ferrand. Cependant, en s’y penchant de plus près, peu de films de ce coffret marquent véritablement l’esprit. La faute à des erreurs de jeunesse, à des comédies pas drôles (« Le Cadavre qui voulait pas qu’on l’enterre », « Comptes pour enfants ») des faux drames (« Le Secret de Lucie », « Chute libre »), des histoires qui ne tiennent pas la route (« L’Absence de vertige reste un mystère », « Nuit d’hiver ») ? Quelque soit la réponse, seuls quatre films se laissent regarder et apprécier, en toute subjectivité.

Baignade obligatoire d’Olivier Pouteau

Légère comédie de bord de mer, « Baignade obligatoire » évoque l’histoire de Rémy, un fils thésard piégé par son père, maire d’une petite île, le faisant porter volontaire pour être le maitre-nageur de la piscine locale afin d’éviter la démission que lui réclame le conseil municipal. Rémy, lui, n’est pas spécialement enthousiaste face à cette proposition et surtout, il ne sait pas nager. Sa mère dissimule cette information de première importance à son mari et encourage son fils à affronter ses peurs. Rémy se retrouve donc à 25 ans avec une bouée canard et une incitation à utiliser le bien d’autrui, face à l’exigence de son père et la bénédiction de sa mère. Amen.

 

Entre effarement filial et intolérance paternelle, ce film vieux de dix ans, scénarisé autour du thème « Au bord de l’eau… » s’en sort plutôt bien pour donner à son histoire une touche locale et multiplie les dialogues savoureux. Au choix : “Mais vous débloquez à la mairie. Qui est l’ahuri qui a eu une idée pareille ?”, Je ne sais pas trop ce que tu vaux comme maire mais alors comme père… « 
Erémia Erèmia d’Anthony Quéré et Olivier Broudeur

Dans un tout autre registre, se présente « Erémia Erèmia », le premier film d’Anthony Quéré et Olivier Broudeur, les co-réalisateurs de « Dounouia, la vie ». Autour du thème « Demain, j’arrête », se profile une histoire non conventionnelle autour du rapport au corps et de l’effort à l’extrême. Dépouillé de tout dialogue, le film se construit autour du souffle et du corps. L’homme filmé pratique le vélo et la natation, il repousse ses limites, goûte à la liberté, profite de la nature, s’endort nu dans son lit. Le temps d’une pause très physique, les conventions (l’habillement, le travail, l’asservissement, la société) s’éloignent pour esquisser un sourire et un apaisement chez lui.

Film-expérience, « Erémia Erèmia », Prix du Jury à Clermont en 2008, fonctionne autour de plusieurs partis pris redoutables : tout d’abord, la présence d’un comédien, Vincent Deniard, véritable bloc de muscles et de concentration, la particularité apportée au son (éléments naturels, souffle individuel, paroles étouffées), la caméra très peu éloignée de son sujet et le montage alterné (solitude, liberté versus socialisation, étouffement).

Une sauterelle dans le jardin de Marie-Baptiste Roches

Ce titre-ci, de loin le favori de la sélection, s’est lui aussi imaginé autour de la thématique « Demain, j’arrête ». S’occupant plutôt mal de son petit frère Zadig en l’absence de leur mère, Solène, seize ans (voire douze) parfait son bronzage sur la chaise longue du jardin, dans sa commune de ploucs de province. Ici, les attractions se font rares, le passage est inexistant et l’ennui est profond. Lolita esseulée, Solène passe son temps à moitié dénudée, sans que cela attire grand monde, tout juste un anecdotique adolescent du coin. Lorsqu’Antoine, un ami de sa mère, magnifique, viril et bien plus âgé qu’elle fait son apparition devant le pas de la porte, le quotidien de Solène s’éclaircit et son désœuvrement se met par enchantement à disparaître.

Prix de la meilleure première œuvre de fiction au Festival de Clermont-Ferrand 2009 (on comprend aisément pourquoi), le film de Marie-Baptiste Roches percute tout d’abord pour sa sauterelle personnifiée, alias Cindy Colpaert, gamine hyper provocante (la scène où elle indique à Antoine où pourrait se trouver son briquet en se retournant pour montrer ses fesses – “Antoine, poche arrière !”- est juste délectable), ainsi que pour la façon très progressive dont le jeu entretenu par Solène se retourne contre elle, se transforme en piège et la fait accéder au monde dangereux des adultes.

Sortir de Nicolas Leborgne

Le tout dernier film de la sélection, « Sortir », lié au programme « Offre spéciale », le plus récent concours Estran, convoque le temps d’un road-movie la relation tendre et difficile entre un fils malade, ayant décidé de mourir et son père, refusant de le laisser partir, puis l’accompagnant dans son voyage. Rassemblant deux comédiens toujours justes, Bruno Todeschini et Philippe Nahon, « Sortir » parle de l’adieu du fils au père, et non du père au fils, comme l’ont tenté et le tenteront encore d’autres scénarios. Il parle d’euthanasie, sujet toujours compliqué mais finalement plutôt rare dans le court.

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Rester, se quitter, se réconcilier, disparaître pour toujours ou le temps d’aller acheter un paquet de cigarettes, parler des femmes, évoquer le souvenir le plus beau rossignol du Finistère, faire la route, passer le volant, vieillir, disparaître, c’est de tout cela dont parle « Sortir ». Même si la scène de fin aurait pu gagner en clarté, on est touché par ce film qui doit beaucoup au couple formé par Todeschini et Nahon, rares mais précieux au cinéma français.

Katia Bayer

Consulter les fiches techniques de « Baignade obligatoire », « Erémia Erèmia »« Une sauterelle dans le jardin »« Sortir »

Coffret DVD édité par la Cinémathèque de Bretagne et l’Association Côté Ouest

Le Concours Estran sur la Toile

 

S comme Sortir

Fiche technique

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Synopsis : Sortir est l’histoire d’un adieu. L’adieu d’un fils à son père. L’action se passe quelque part sur la route entre Brest et Genève, dernière étape dans la vie de Fred avant de procéder à son euthanasie.

Genre : Fiction

Durée : 22’

Pays : France

Année : 2010

Réalisation : Nicolas Le Borgne

Scénario : Nicolas Le Borgne

Image : Pierre Souchar

Montage : Julien Cadhilac

Son : Martin Descombels

Musique : Lionel Mauguen

Interprétation : Bruno Todeshini, Philippe Nahon, Muriel Riou

Production : Takami Production

Article associé : le sujet DVD Bretagne, scénars & courts métrages

S comme Une Sauterelle dans le jardin

Fiche technique

Synopsis : Solène, 16 ans, s’ennuie copieusement au mois d’août, dans sa zone pavillonnaire. Sa mère n’est jamais là et elle doit garder son jeune frère Zadig. Mais quand Antoine débarque, avec son cuir, sa moto et ses 40 ans, ça change tout !

Genre : Fiction

Durée : 24’

Pays : France

Année : 2008

Réalisation: Marie-Baptiste Roches

Synopsis : Marie-Baptiste Roches

Image: Nathanaël Louvet

Musique: Pierre Chevrier

Son: Arnaud Julien

Montage: Damien Maestraggi

Décors : Françoise Philippe

Interprétation : Baptiste Bertin, Bruno Boulzaguet, Cindy Colpaert, Guénolé Loterie, Valérie Crouzet

Maquillage: Aurore Chauchat

Production: Ysé Productions

Article associé : le sujet DVD Bretagne, scénars & courts métrages

B comme Baignade obligatoire

Fiche technique

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Synopsis : Rémi est venu chercher le calme chez ses parents qui habitent une petite île bretonne pour écrire sa thèse. Mais son père, qui est aussi maire de l’île, l’a porté volontaire au poste de maître nageur bénévole.

Genre : Fiction

Durée : 20’

Pays : France

Année : 2000

Réalisation : Olivier Pouteau

Scénario : Olivier Pouteau

Image : Philippe Elusse

Montage : Estelle Fouque

Son : Vincent Pessogneaux

Musique : Grégory Libessart

Interprétation : Vincent De Bouard, Marie Pillet, Jacques Mathou, Céline Thiou

Production : Les Films En Hiver, Aber Images

Article associé : le sujet DVD Bretagne, scénars & courts métrages

Rencontres cette semaine avec Claire Simon et Alain Cavalier

Demain et jeudi, Documentaire sur grand écran et la librairie Ciné Reflet vous invitent à rencontrer Claire Simon et Alain Cavalier autour de leurs coffrets de courts métrages récemment édités en DVD. Info intéressante en attendant notre focus consacré à ces deux cinéastes.

29 novembre, 19h : Claire Simon autour de son coffret Du Super 8 à la vidéo, les premiers films édité au sein des « collections particulières” de Documentaire sur grand écran

Discussion avec la réalisatrice, échanges autour d’un verre.

1er décembre, 19h : Alain Cavalier autour de son coffret les Braves (trois portraits inédits de Alain Cavalier) édité au sein des « collections particulières” de Documentaire sur grand écran

Discussion avec le réalisateur, échanges autour d’un verre.

Librairie Ciné Reflet

14, rue Monsieur le Prince 75006 Paris – Métro Odéon – tél. : 01 40 46 02 72
cine.reflet@wanadoo.

Evénement Facebook : ici !

Brest – Sangria, tortilla mais surtout cinéma !

Pour sa 26e édition, le Festival européen du film court de Brest s’est mis au rythme de l’Espagne et l’ambiance n’en pouvait être que caliente. Il est vrai que depuis maintenant à peu près deux-trois ans, les films hispaniques se sont invités en masse dans plusieurs festivals français et ont été à chaque fois plus visibles sur nos toiles hexagonales.

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Il était donc d’actualité de mettre l’Espagne à l’honneur à Brest cette année et ceci pour notre plus grand plaisir. À l’heure où le pays vit les résultats de ses élections législatives dont les candidats ont joué la carte du nationalisme, nos voisins ont pourtant encore du mal à apprécier leur propre cinéma. Qu’ils se rassurent sur sa qualité ou bien qu’ils continuent à l’exporter alors ! C’est en tout cas ce que nous pouvons affirmer suite à cette nouvelle édition du festival de Brest. Résultat : pas moins de seize courts métrages au programme dont quatre en compétition et le groupe Bikini Machine qui a ouvert les représailles du festival avec un ciné-concert sur le film Desperado ont témoigné de l’énergie et de l’hétéroclisme de la péninsule ibérique.

Dur, dur de mettre dans le même panier les quatre films espagnols en compétition tant ils sont différents, aussi bien sur le fond que sur la forme, mais ils prouvent que la production espagnole est des plus variées, loin des clichés coincés entre la patte kitch et colorée d’Almodovar et des nombreux films d’horreur qui nous arrivent dernièrement. Seul point commun entre tous, et pas des moindres, les Espagnols ont des choses à dire, voire plus, des choses à dénoncer. Le message est clair et universel. Petit tour d’horizon de quatre courts métrages à voir d’urgence.

Hidden Soldier d’Alejandro Suárez Lozano – 11’28’’

Lorsqu’on lit le pitch de « Hidden Soldier »– « Pourchassé et sans munition, le soldat Wilson est soumis à d’étranges phénomènes » – on s’attend presqu’à voir un long-métrage tant ces thèmes de guerre et de phénomènes surnaturels sont rarement abordés en court métrage.

En effet, on a plus souvent l’habitude d’assister à des remises en questions psychologiques ou à des comédies à chute, mais certainement pas des films de guerre qui auraient la réputation d’être trop onéreux à la fabrication. Pourtant, Estirpe Producción aux côtés d’Alejandro Suárez Lozano n’a pas eu froid aux yeux et a mis les moyens. Résultat : un court-métrage entre guerre, action et science-fiction qui fait penser esthétiquement au film «Il faut sauver le soldat Ryan » et au film  «Les autres » quant aux phénomènes surnaturels et au suspense. L’image saturée (des blancs aveuglants et un kaki terriblement militaire) nous plonge dans l’univers froid des tranchées et la musique qui ne cesse jamais, nous entraîne dans un film d’angoisse. Pas de dialogues mais un travail sur le son à tout casser qui nous emporte et nous force à suivre le héros du film, ce soldat caché pour éviter de se faire tuer par les Nazis. On a peur pour lui même si on se demande quelles sont ces visions qui le traverse et qui lui donne mal à la tête : des flash-back ? Des effets surnaturels ? Des cauchemars ?

Après dix minutes d’action et de tension, on découvre qui est réellement ce soldat caché et on a presque honte de s’être attaché à lui, combattant à ses côtés pour assassiner les Nazis. Celui qu’on a suivi tout le film durant n’est autre qu’un adolescent qui a confondu le monde virtuel des jeux vidéos et le monde réel : la violence du jeu s’est répercutée sur lui et le soldat qui sommeillait dans le corps de ce môme l’a poussé à prendre une arme afin de tuer toute sa famille.

Alors, même si le cut qui clôt le film est certainement trop rapide et brutal, on demeure choqué et on ne pourra se sortir de la tête une question : du monde virtuel ou du monde réel, lequel est le plus violent ? Bravo, Monsieur Suárez Lozano, vous faites d’un film de mecs, un film de réflexion. À quand le long dans la même lignée que des «American History X » ou des «Fight Club » ?

Maquillaje d’Alex Montoya – 10’30’’

Avec cette leçon de beauté donnée par Alex Montoya, on tombe dans un registre beaucoup plus intime et psychologique que le film précédent : faut-il avoir honte d’être faible, même devant les gens qu’on aime ? Doit-on par conséquent toujours jouer avec les apparences pour donner la face ? C’est le cas de Marisa, femme d’environ cinquante ans, mourante dans sa chambre d’hôpital. Évidemment, la maladie n’a rien de « glamour » et le physique en paie les conséquences, si bien que Marisa est plutôt pâlotte et pas très belle à voir. Alors pour recevoir la visite quotidienne de son mari, elle préfère faire appel aux services de Concha, infirmière esthéticienne, plutôt que de se montrer tel quel à l’homme qu’elle aime. Pour autant, n’est-ce pas le but du maquillage ? Améliorer le vrai, cacher le naturel.

Comme le montre le film et comme le prouve souvent notre société, nous choisissons de nous voiler la face plutôt que de nous affronter les uns les autres. Parce que le mari de Marisa n’est pas dupe, malgré ce qu’en pensent les infirmières : il sait pertinemment que sa femme n’en a plus pour longtemps et c’est cette courte séquence chez lui, où il s’enferme dans sa chambre en pleurant qu’on s’aperçoit que celui qu’on présente comme un monstre, est finalement excessivement peiné.

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Si on décide d’aborder le but du maquillage d’un autre point de vue, il est vrai qu’on peut aussi admirer cette femme qui, malgré la maladie, tient à se faire belle pour son époux. Et lui, en réponse à cet effort, joue le jeu et lui parle même de voyage à sa sortie de l’hôpital.

Alex Montoya ne prend certes pas trop de risques avec une réalisation plutôt classique et un toussotement de Marisa qui se veut parfois surjoué, mais au final, on ressort de ce film avec la boule dans le ventre, se disant que ces deux-la sont trop bêtes, qu’ils n’ont pas été capables de se dire une dernière fois qu’ils s’aimaient et qu’ils ont justement préféré maquiller la réalité. Par ailleurs, on ne s’empêchera pas de penser que les salons de beauté (que ce soit en ville ou à l’hôpital) sont les lieux où de manière contradictoire, on laisse tomber les masques, comme dans « Caramel » de Nadine Labaki ou « Vénus Beauté Institut » de Tonie Marshall.

La huida de Victor Carrey – 11’

Cette fuite que nous offre Victor Carrey est assez géniale. D’ailleurs, elle aurait pu également s’intituler « Le bien triste destin d’un braqueur » ou bien « Kill unknown thief » tant on est entre un conte à la Jeunet avec une multitude de personnages secondaires et de petites histoires lambdas mais qui ont leur coïncidence, et un esthétisme à la Tarrantino qui mêle des gueules bien particulières et des mouvements au ralenti, toujours entre film noir et humour kitch des années 70.

Avec ce court métrage, le catalan Victor Carrey décide de bousculer les règles scénaristiques en proposant une scène d’exposition qui dure presque la moitié du film. Et cette exposition a une double utilité : présenter au spectateur les personnages et éléments de l’intrigue, au même titre que brouiller complètement les pistes en mettant en scène tellement de détails qu’on se demande comment Victor va s’en sortir pour tout mettre en relation. C’est d’ailleurs la question de départ prononcée par le narrateur avec sa voix de vieil inspecteur de police : « Les questions simples demandent parfois une réponse complexe ».

Pourtant, il y arrive superbement et on se laisse entraîner par la musique de la deuxième partie pour comprendre le pourquoi du comment de cette fameuse fuite loupée ou plutôt, de résoudre la raison pour laquelle un billet de 50€ vole sur le bitume. Certes, cette histoire est un peu tirée par les cheveux. Oui, c’est du déjà vu, surtout en court métrage, ce procédé de décortiquer par tous les moyens une intrigue afin de perdre le spectateur puis de la reconstruire avec un rapport logique entre les éléments présentés. On citera à ce propos des films comme « Surprise ! » de Fabrice Maruca sous forme de comédie ou encore le génialissime et controversé « Ilha das flores » du brésilien Jorge Furtado sous forme de documentaire, qui pareillement, créent comme un retour en arrière pour expliquer comment nous en sommes arrivés à telle ou telle situation.

Victor Carrey n’est donc pas le plus original et pourtant, ce qu’il nous propose fonctionne d’autant plus que le thème de ce court métrage est de résoudre une enquête policière, par conséquent de retracer le chemin du braqueur et telle est la forme du film. En tant que spectateur, on se laisse porter et au vu de la quantité de sélections du film en festivals, on imagine que les programmateurs et jury sont, eux aussi, transportés. Qui plus est, cela prouve une fois encore que la collaboration ESCAC, une des plus grandes écoles de cinéma d’Espagne et Escándalo Films, société de production très active en Catalogne, est gage de succès.

Artalde d’Asier Altuna – 8’06’’

Qui a dit que le cinéma expérimental n’était pas accessible, voire complètement hermétique ? Voyez « Artalde » et vous changerez d’avis, car il est difficile de qualifier ce film autrement qu’en le rangeant dans la case des OVNI du cinéma et ceci pour notre plus grand plaisir même si on n’a pas tout lu sur l’art contemporain.

Le film joue avec les mélanges : noir et blanc et couleur, sons urbain et bruits de la nature, drame et comédie, sérieux et ridicule, plans séquence et plans sur-découpés. Il ne contient pas de dialogues mais un ululement étrange rythme le film. Oui, nous sommes bien dans de l’expérimental, mais le message est bel et bien clair. Peut-être parce que le réalisateur est basque et que la réputation veut que les habitants de cette province-là aient toujours quelque chose à revendiquer.

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En tout cas, le mot de la fin n’est pas forcément le plus drôle pour nous, petits citadins que nous sommes, puisqu’on nous compare à des moutons. Et celui qui, au départ du film, apparait comme un fou, est finalement le plus censé d’entre nous parce qu’il a justement compris que le bonheur était d’être unique et de ne pas suivre les règles qu’on nous impose en ville. En deux mots, Asier Altuna réussit à travers cette caricature, à pointer du doigt une réalité qui fait parfois mal, celle de nous rappeler que notre « métro – boulot – dodo » nous fait oublier qui nous sommes individuellement.

Camille Monin

Consulter les fiches techniques de « Hidden Soldier »« Maquillaje »« La Huida », « Artalde »

A comme Artalde

Fiche technique

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Synopsis : Un berger perdu dans la ville cherche son troupeau. Sa voix attire l’attention de certaines personnes qui décident de le suivre.

Genre : Expérimental

Durée : 8’06’’

Pays : Espagne

Année : 2010

Réalisation : Asier Altuna

Scénario : Asier Altuna

Image : Gaizka Bourgeaud

Montage : Demetrio Elorz

Son : Sonora Estudio

Musique : Herrikojak

Interprétation : Pako Sagarzazu, Gorka Zubeldia

Production : Kimuak – Filmoteca Vasca

Article associé : Le reportage Brest – Sangria, tortilla mais surtout cinéma !

H comme La Huida

Fiche Technique

Synopsis : Un chewing-gum. Une laisse de chien. Une tache en forme d’Australie sur un mur. Un feu de signalisation tordu… Chaque élément a sa propre histoire, leur union peut donner naissance à une nouvelle trame.

Genre : Fiction

Durée : 11’

Pays : Espagne

Année : 2010

Réalisation : Victor Carrey

Scénario : Victor Carrey

Image : Bet Rourich

Montage : Israel L. Escudero, Marti Roca

Son : Marta Cunill, Agost Alustiza

Décors : Anna Pujol Tauler

Musique : Micah P. Hinson, Micka Luna, El Chavo, Aleix Pitarch, Mujeres, The Singletons

Interprétation : Joaquin Diaz (Voix Off), Guim Badia, Dani El Rojo, Hans Richter, Gori De Palma, Joan Pernil

Production : Escandalo Films

Le site du film : www.lahuida.net

Article associé : Le reportage Brest – Sangria, tortilla mais surtout cinéma !

M comme Maquillaje

Fiche technique

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Synopsis : Marisa est mourante, mais ne veut pas que son mari Juan le sache. Elle demande donc à Concha de la maquiller avant sa visite quotidienne.

Genre : Fiction

Durée : 10’30’’

Pays : Espagne

Année : 2011

Réalisation : Álex Montoya

Scénario : Álex Montoya, Aglaia Montoya

Image : Nacho Ramírez

Montage : Álex Montoya

Son : Javi Peral

Musique : Siddhartha Barnhoorn

Interprétation : Isabel García-Lorca, Ramón Barea, Nuria García, Laura Baldrés, Lorena López, Ramón Orozco

Production : Caja de Luz

Article associé : Le reportage Brest – Sangria, tortilla mais surtout cinéma !

H comme Hidden Soldier

Fiche technique

Synopsis : Pourchassé et sans munition, le soldat Wilson est soumis à d’étranges phénomènes.

Genre : Fiction

Durée : 11’08’’

Pays : Espagne

Année : 2010

Réalisation : Alejandro Suárez Lozano

Scénario : Alejandro Suárez Lozano

Image : Pablo Bürmann

Montage : Lucas Nolla

Son : Guillermo Solana

Décors : Miguel Riesco

Musique : Pablo Vega

Interprétation : Víctor Clavijo, Juan Pajares, Ángel Sánchez, Alberto Sánchez Manuel Sanchis, Pascual Gandía

Production : Estirpe P.C.

Article associé : Le reportage Brest – Sangria, tortilla mais surtout cinéma !

Festival de Bruz/ »Le Petit Dragon » en ligne

La 18e edition du Festival national du film d’animation aura lieu à Bruz (prononcez Bru) du 7 au 13 décembre 2011. Rendez-vous important depuis 28 ans, le Festival national du film d’animation invite à découvrir la diversité de la production française. Y sont prévus une compétition nationale de courts métrages professionnels et étudiants, des avant-premières, des cartes blanches, des programmes thématiques, des expositions, des visites des studios d’animation, des ateliers d’initiation, de décoration et de programmation, des leçons de cinéma, et des secrets de fabrication.

Cette année, le festival a choisi Bruno Collet comme invité d’honneur. Artiste clé de l’animation française, Bruno Collet sait faire parler les objets. Sculpteur de formation, ses personnages en volume évoluent dans un univers truffé de références vintage. En témoignent ses trois courts : « Le Dos au mur », l’histoire d’un petit bonhomme au purgatoire des objets, « Le Jour de gloire », sur la vie des poilus dans les tranchées et « Le Petit Dragon », un gag visuel en hommage au maître des arts martiaux Bruce Lee. Avant de partir pour le festival et de rencontrer l’artiste (une carte blanche, des secrets de fabrications autour de son film « Le Petit Dragon » figurent dans le programme), Format Court vous propose de (re)voir « Le Petit Dragon ».

« Le Petit Dragon » de Bruno Collet (France/Suisse) 08.20mn – 2010– animation

Synopsis : Trente cinq ans après la mort de Bruce Lee, son âme se réincarne dans le corps d’une petite poupée à son effigie. Avec assurance, le jouet en caoutchouc part à la découverte du monde hors d’échelle qui l’entoure.

Retrouvez l’analyse du film par Bruno Collet

Accédez à notre critique du film : Best of 7, le Best of d’Anima en 2010

Consultez le site dédié au festival : www.festival-film-animation.fr

Brest. Impressions partagées

Vérifiez dans votre agenda. Entre les Tonnerres de Brest (rassemblement maritime en juillet) et Noël à Brest (marché de Noël en décembre), le Pays de Brest accueille en novembre le Festival européen du film court. Jusqu’ici, Format Court se tenait à distance géographique mais non éditoriale (voir nos précédents Focus 2010 et 2009) du festival. Cette année, un nouveau rapprochement s’est effectué entre les deux structures en F. Journal de bord.

Brest, avec 20€ en poche pendant quatre jours, c’est possible. Surtout quand on a oublié son porte-monnaie rose à Paris, avec la distraite carte bleue à l’intérieur. Résultat : emprunts, sandwiches, fréquentation assidue de l’espace bénévoles (ça y est, on est grillé pour l’année prochaine !), et surtout, surtout, pas de cadeaux souvenirs incrustés de coquillages. Tragique entrée en matière.

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© KB

Arrivés à la gare de Brest, après cinq heures de trajet, les yeux s’écarquillent. C’est la toute première fois qu’on met les pieds, pointure 38, à Brest. Tout ce qu’on sait, c’est qu’on a dépassé Rennes. Malgré tout, on cherche des repères, une affiche de festival, un scampi, Nolwenn Leroy, quelque chose de familier. Rien. On suit alors, avec sa grasse valise, un petit groupe snob (acheteurs télé, producteurs) pour arriver au Quartz, le centre culturel brestois, jouxtant la Cinémathèque de Bretagne. Là, en hauteur, une affiche d’Ubu Cantona donne le hoquet à la troupe. C’est réussi pour le familier.

À l’intérieur, une fourmilière de jeunes gens s’active. On les trouve partout : en salle, aux toilettes, en atelier vidéo, au café. Le reste du public ne se déplace que le soir pour les films européens et les Cocote Minute (films très courts). Au marché, des boxes ont été emménagés pour les pros préférant l’accès aux séances privées. Les échanges sont rares entre eux, certains restent une seule nuit, le temps de présenter un film, de voir le maximum de courts et de repérer les auteurs intéressants de la sélection. Car c’est un fait, la programmation de Brest est connue et reconnue pour son bon niveau, certains festivals n’hésitant pas à loucher sur les films retenus et primés.

 © Moosh Belmont

© Moosh Belmont

Outre les bons films vus et conservés en mémoire (retrouvez à ce sujet notre reportage sur la programmation Cocote Minute et notre prochain article sur la sélection européenne), des couleurs chaudes enveloppent le Quartz, contrastant avec la grisaille et le froid extérieurs : l’espace pro est recouvert d’arrosoirs, de petits lapins, d’amanites tue-mouches et de feuilles de laurier. Même rengaine, même décor au coin photo : on y trouve du papier peint lumineux, des lutins, des cadres vides, des sièges tout doux et des bottes à fleurs. Les enfants posent, les journalistes aussi. À l’étage, un salon de thé, champêtre à souhait, dégage lui aussi une atmosphère particulière, avec son mobilier de récup’, ses théières de grand-mère et ses ustensiles de jardin. Tout en prenant le thé sur un lit surélevé, on se met à écouter les réalisateurs présents interviewés en direct par des étudiants de Brest, entourés de champignons et de gazon factices.

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© KB

Après quelques tasses et quelques films (huit programmes, ça fatigue quoi qu’on en dise), l’envie de délaisser la profession (“Dis donc, comment ça s’appelle encore ton blog ?”) et de sortir explorer la ville se fait ressentir. On nous prévient, pourtant : “Il n’y a rien à voir ici. Cette ville est déprimante, les gens boivent comme des trous, ils sont suicidaires mais ils ne partiraient pour rien au monde”. Voilà pour l’avertissement. Par manque de temps, on sait déjà qu’on ne pourra pas aller au port croquer des crabes et à l’aquarium géant réclamer un pingouin pour les fêtes de fin d’année. Alors, on fixe stupidement le sel de Guérande et les palets bretons au supermarché, on part à la recherche d’un dictionnaire pour comprendre le breton, on découvre une vitrine pleine d’animaux en peluche, on goûte des trucs bizarres à la soirée France Télévisions à défaut de connaître du monde, on se demande pourquoi à cette période, la presse n’est que régionale alors que le festival est le deuxième le plus important en France, on n’est en conséquence pas mécontent d’être là, on comprend que Brest est bien chouette en allant au Vauban, où des concerts et des verres se repèrent jusqu’à une heure avancée, on quitte finalement la ville, à moitié endormi, avec un Paris-Brest, comme cadeau attentionné (“Comme ça, tu sauras ce que c’est”). Les doigts recouverts de crème, on se demande quel film l’emportera au palmarès, on croit beaucoup à Anca Miruna Lazarescu et à son film « Apele Tac » (gagné !), en reprenant la route en sens inverse pour un voyage de plus de cinq heures. Arrivés à Paris, on cherche des repères, un contact humain, des arrosoirs colorés, Eric Cantona, bref quelque chose de familier. Rien. On repart alors, vers le métro avec sa grasse valise, à distance, cette fois, d’un petit groupe snob. Brest est déjà loin.

Katia Bayer

Sujet associé : Brest. Les instantanés

Cocotte minute, nom féminin. Ustensile utile pour un panaché hétéroclite de très courts métrages européens

Rendez-vous incontournable du Festival Européen du Film Court de Brest, la compétition Cocotte minute est fébrilement attendue par le public tous les ans. Retour sur une composition filmique et acrobatique d’œuvres classées dans la catégorie des très courts.

L’entrée des artistes : une sélection européenne

Le programme Cocotte minute est présenté par l’équipe du festival comme un « bouquet de saveurs européennes, une variété de genres cinématographiques et une pincée de musique entraînante ». Cette année, ont été mis à l’honneur dans cette compétition, 16 films de 15 pays européens (la Suisse étant représentée deux fois). La part belle a été réservée aux pays de l’Europe du nord et de l’est. En effet, les cinématographies d’Islande, de Finlande ou encore de République Tchèque sont assez peu connues du public. Cocotte minute propose une brève introduction à la production de ces pays. Grâce à des films comme « Nesiseka Siandien » de Sarutyte Dovile, on peut découvrir un humour lituanien décapant ou encore, grâce à la proposition expérimentale de « Sarena Laza » du Tchèque Tomic Miloš, on peut aisément se sentir déconcerté, démuni face à cet objet non identifié.

Qu’ils soient très aboutis techniquement, comme le magnifique « Falling » de Cirulli Adriano, ou qu’ils soient plus bricolés, les courts métrages du programme sont de vraies découvertes de tendances artistiques européennes plus que des films de compétition. Le plus intéressant dans Cocotte minute est sans doute l’ouverture à des cinématographies différentes. On n’y retiendra pas d’auteur ou de réalisateur, plutôt des envies artistiques portées par des cinéastes inventifs.

Au-delà de ces constatations géographiques, la programmation Cocotte minute est visiblement élaborée autour d’un désir d’universalité. Les thèmes abordés sont compréhensibles par tous, les situations ne sont pas codées à outrance par des références vernaculaires et, plus que tout, le programme est totalement composé de films sans dialogue. La langue, les langues, barrières sociales indéniables, n’existent plus. Les images, accompagnées de sons et de musiques, rendent intelligibles les intentions et conquièrent les spectateurs sans relais de paroles. L’entrée des artistes dans la Cocotte minute est bel et bien un regard furtif sur l’Europe de la création sous la forme des très courts!

Un programme sous la contrainte

Annoncé comme un programme européen de films de moins de dix minutes, Cocotte minute induit d’autres contraintes très liées à ce mini-format. En lisant entre les lignes, force est de constater que, si les thèmes abordés dans les films sont aussi hétéroclites que surprenants, toutes les œuvres sont plus ou moins attachées à des critères intrinsèquement liés au format des très courts. Loin d’être un espace de liberté, la forme ultra courte implique un certain nombre de contraintes, de forme autant que de fond, dont il serait difficile de s’éloigner. Cocotte minute n’échappe pas à ce « formatage » un peu attendu mais d’une efficacité redoutable en projection. Le public est en général très friand des très courts : qu’on les aime ou non, on sait qu’ils vont passer vite !

Du point de vue artistique, les films très courts jouent souvent sur les mêmes registres. Qu’il s’agisse de clips (« Miss Daisy Cutter de Laen Sanches, « The city » de Dirk Koy), de films d’animation (« Porozmawiaj z niw » de Agata Pretka, « Pigeon’s milk » de Miloš Tomic, « Album » de Gian Claudio Pallotta, « Hurdy gurdy » de Daniel Pfeiffer et Daniel Seideneder, « The illustrated city » de Jan Andersson), de danse filmée (« Next » de Joshan Esfandiari Martin, « Falling » de Adriano Cirulli), il n’y a, semble-t-il, que deux vraies options de narration : soit le réalisateur fabrique un film autour d’une idée force unique, soit il s’oriente vers un film à chute.

Il est certain que la durée conditionne énormément le fond des films très courts. Loin d’être dommageable, ce constat permet surtout, en tant que spectateur, de demander toujours plus d’inventivité aux réalisateurs qui se frottent à ce format. Beaucoup de choses ont déjà été explorées, la demande est à l’innovation. Il faut créer, si ce n’est la surprise, au moins l’étonnement. Dans les films à chute du programme (« Chess story » de Stefansson Ingvar, « Loft » de Chambers Gareth, « Not lucky today » de Sarutyte Dovile, « Behind the wall » de Stevens Elbe), cet étonnement fonctionne principalement sur le mode de l’absurde. Les images, données pour être la réalité, nous bernent jusqu’à ce que le réalisateur nous donne la clef qui dénoue l’intrigue.

Pour les films qui tiennent sur une idée unique comme « Artlade » de Altuna Asier, ou encore « Ronaldo » de Mack Jan-Eric et Mettler Jan, la construction classique soutient la thématique. L’intérêt de ces films réside dans une narration élaborée autour de l’Idée. Dans « Ronaldo », la lutte footballistique enfantine et imaginaire entre un jeune garçon et une balançoire agit comme une petite madeleine de Proust. Dans « Artlade », le réalisateur joue sur la corde de la fable sociétale. Les mises en scène de ces films placent les acteurs au centre de l’œuvre, et jouent (un peu) sur le pathos pour rallier les spectateurs à la cause du film.

Du côté purement formel, la sélection des films ne fait pas émerger de petite perle d’innovation technique ou de mise en scène. Si on pouvait espérer quelque chose avec « Falling » ou « Hurdy Gurdy », films esthétiquement léchés et aboutis, le déclic du renouveau du cinéma européen n’est pourtant pas vraiment au rendez-vous…

Maybe… : un cas d’école !

Dans ce programme, pas d’unité de thème, pas d’unité de genre, mais un désir d’universalité, de découverte, de nouveauté européenne… Telle est l’orientation voulue par les programmateurs. Et pourtant, quand le festival propose au public de s’exprimer sur ses impressions et de voter pour son film préféré, l’œuvre plébiscitée est la plus en marge de l’axe de la programmation. En effet, « Maybe… » de Resende Pedro, film le plus long du programme et de loin, est tout simplement la proposition la plus classique, tant dans son fond que dans sa forme. Cette jolie bluette est tristement le reflet d’un besoin d’aller vers des choses rassurantes, claires, lisibles et faciles d’accès. Ici, on ne laisse pas beaucoup de place à l’imaginaire, puisque tout est prédit de la rencontre de deux adolescents dans un café à leur flirt romantique et un peu galvaudé. Est-ce que ce film se détache des autres par sa qualité ou seulement par facilité de lecture en opposition aux autres œuvres? Sa place est-elle bien dans le programme alternatif Cocotte minute ?

Le fil d’Ariane… tout un programme

Quelle est alors la ligne conductrice de Cocotte minute? Doit-on vraiment croire qu’il ne s’agit que d’une durée? Nombre de festivals se sont essayés à une programmation alternative aux classiques compétitions nationales, européennes et internationales de courts métrages.

Mais aujourd’hui, comment trouver une proposition cohérente avec les productions et les attentes d’un public qui voit des films sur des écrans de plus en plus petits et mobiles? Le fil d’Ariane énoncé pour Cocotte minute (films de moins de 10 minutes) ne tient qu’en élevant un peu le débat. Si les «très courts» ont une identité propre, celle-ci ne peut tenir uniquement sur sa forme, elle doit porter en elle d’autres caractères.

Peut-être que l’indice le plus probant sur l’identité profonde des très courts se trouve du côté de l’expérimentation, de l’essai… Peut-être que les très courts sont une porte ouverte sur des productions moins réservées aux spectateurs de courts métrages mais plus orientées vers les publics du Net.

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« Hurdy gurdy »

La pression dans la Cocotte

Toujours très efficace, la programmation Cocotte minute apporte un souffle léger dans le festival de Brest. Accessible à tous les publics, forte en émotions autant visuelles, sonores que mentales, Cocotte minute fait passer un bon moment de cinéma européen. Ce programme ouvre sans doute un peu nos esprits zappeurs à la curiosité de pousser un peu plus loin, sur des formats un peu plus longs, notre connaissance des cinémas d’ailleurs.

Fanny Barrot

Festival de Brest 2011

Le festival de Brest, espace important pour le court de qualité, s’est achevé il y a 10 jours. Beaucoup de premiers et de deuxièmes films y étaient présentés, avec une nette majorité européenne (six films français seulement faisaient partie de la compétition officielle). Eclairage, ces jours-ci, sur la deuxième manifestation nationale la plus courue en terme de films courts.

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Film expérimental en ligne : « The death of an insect »

Vendredi soir, étiez-vous endormi devant ARTE ? Si oui, vous avez raté le très envoûtant film finlandais « The Death of an insect » de Hannes Vartiainen & Pekka Veikkolainen, programmé en Labo cette année à Clermont-Ferrand et en compétition européenne à Court Métrange. Cliquez donc. Le film quitte le portail web d’ARTE dans quelques jours…

Death of an insect (titre original : Erään hyonteisen tuho) de Hannes Vartiainen & Pekka Veikkolainen (Finlande, 2010, 7mn)

Synopsis : Dans un paysage urbain à l’abandon, des insectes morts tourbillonnent dans une danse insolite…

Voir également le making-of

Short Screens #13 : QUEER Shorts

A l’occasion du 10 anniversaire de Pink Screens, Short Screens vous propose de prolonger les festivités avec une séance piquante et audacieuse comprenant des fictions, des documentaires et des films extra-terrestres autour de la thématique d’identité(s) sexuelle(s).

Au programme :

GAY?
Jean-Gabirel Périot – France / 2000 / Documentaire / 2’
Un coming out : « Bonsoir, je suis gay, fier, bien dans ma peau, heureux, et j’aime me faire enculer… »

WRESTLING
Grimur Hakonarson – Islande / 2007 / Fiction / 20′
Denni est perceur de tunnel, Einar éleveur de vaches. Tous deux ont la quarantaine et pratiquent la lutte islandaise. C’est une façon de sortir de leur quotidien et surtout d’affirmer leur véritable personnalité.

VIGILANT! HEALTHY! WHOLESOME!
Lauren Anderson – Australie / 2009 / Fiction / 13’35’’
Betty ne peut s’empêcher de toucher les mannequins dans son magasin, la robe de mariée de Sylvie semble vivante et une vague d’homosexualité menace le pays… Êtes-vous prêt(e)s à faire face ?

KUSUM
Shumona Bannerjee – Inde / 2010 / Fiction / 10’30 »
Un jeune prostitué travesti et un professeur de littérature anglaise obsessionnel et suicidaire se retrouvent enfermés dans une pièce, où ils tentent de cohabiter ; la nuit ne fait que commencer…

GUARDIAN ANGEL
Reetta Aalto – Finland / 2010 / Documentaire / 19’26’’
Olli Aalto, ancien pasteur, nous raconte son histoire, celle d’un garçon qui était supposé être une fille.

GERALDINE
Arthur de Pins – France / 2000 / 9’20 »
Un beau jour, un homme se réveille en femme.

Rendez-vous le jeudi 24 novembre à 19h30 à l’Actors Studio, Petite rue des Bouchers, 16, 1000 Bruxelles !

Média 10-10 : le Prix Format Court de l’OVNI dévoilé

Le 19 novembre dernier, s’est clôturée la 33ème édition du Festival du court métrage de Namur, Média 10-10. Lors de la cérémonie du palmarès, le jury Format Court, composé de Marie Bergeret, Adi Chesson et Bibiana Vila, a décerné le Prix du meilleur film OVNI (objet visuel non identifié) à « I Know You Can Hear Me » de Miguel Fonseca.

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Synopsis : Un film sur l’amour à l’intérieur d’un film sur la guerre.

Le réalisateur portugais bénéficiera d’un focus personnalisé sur le site ainsi que d’une projection de son film en salle de cinéma à Bruxelles et/ou à Paris. Rendez-vous sur le site très prochainement pour découvrir l’oeuvre de Miguel Fonseca !