Les Parallèles de Nicolas Saada

La rétrospective organisée dans le cadre du festival Côté Court de Pantin a donné l’occasion de (re)découvrir les films courts de réalisateurs « prometteurs » qui sont devenus, grâce notamment à leur passage au long-métrage, des cinéastes français réputés. C’est le cas de Nicolas Saada, critique de film aux Cahiers du cinéma dont la carrière en tant que cinéaste débute en 2004 avec « Les Parallèles » et qui se poursuit en 2009 avec un premier long-métrage au titre tout aussi évocateur : « Espion(s) ».

« Les Parallèles » raconte le destin parallèle de deux hommes et d’une femme à Paris. Benjamin (Jonathan Zaccaï) est un artiste dépressif, Simon (Mathieu Amalric) le fils désenchanté d’un escroc, et Louise (Géraldine Pailhas) vendeuse dans une parfumerie. Tellement rien ne semble les rapprocher a priori que le film organise leur rencontre de manière trop systématique pour être crédible. Mais ne serait-ce pas aussi ce « tellement rien » qui rappelle la vie, où la rencontre fortuite paraît à ce point inattendue qu’elle se pare d’artificialité ?

Un tel dispositif narratif (appuyé par un titre qui le dénonce sans équivoque) pousse à comparer les parcours et la richesse de caractère des personnages. On se lasse rapidement de Benjamin dont le problème est exposé dès la première scène : c’est un dépressif hypocondriaque. Le reste des séquences ne fait que creuser les caractéristiques d’un « personnage-type », déterminé par quelques traits de caractère exacerbés, sans profondeur psychologique, dont le parcours semble être uniquement tourné vers l’acte final si étrange que le réalisateur n’ose même pas le filmer.

Mais c’est au personnage de Simon que revient le statut de protagoniste du film. La présence de Mathieu Amalric donne accès au conflit intérieur de son personnage, à la peur qui ne cesse de le secouer et au danger qui pèse sur lui. C’est son besoin d’agir pour survivre que l’on suit alors que chaque geste l’expose un peu plus au malaise que suscite son père. Malgré sa paranoïa, sa solitude trouve écho dans celle d’un personnage figé, celui de Louise. Celle-ci intervient comme une échappatoire à cette situation inéluctable lors de leur moment partagé au comptoir d’un café. On se serait d’autant plus passé de la seconde fin, qui semble être la seule justification à la présence de Benjamin dans ce film.

L’interprétation majestueuse des acteurs ne peut nous faire oublier qu’outre son dispositif il montre les trajectoires fragiles, délibérément truffées de trous et de vides, pour mieux se concentrer sur de purs moments de communion (dans le café entre Simon et Louise). Même s’il pèche à combiner l’épaisseur matérielle et olfactive (Simon vole un manteau, la charmante Louise vend du parfum) avec l’épaisseur psychologique, le film rend visible l’insoutenable phénomène de rapprochement/éloignement qui relie les êtres. A défaut d’extraire la valeur de ce phénomène, il en laisse planer l’odeur.

Vincent Arbez

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Paradoxe ?

Le propre des festivals est de créer des rendez-vous et des habitudes dans l’année culturelle; nous ne pouvons faire l’impasse sur leur calendrier, tant les lieux de diffusion et de création des courts métrages sont rares.

On nous reprochera peut-être de construire une ligne éditoriale trop en lien avec les festivals et d’éviter un problème de fond en ne montrant que des extraits de films, mais depuis le début de Format Court, la volonté est de profiter de l’espace web pour donner sens et vie à des palmarès, de faire connaître des films et des auteurs d’ici et d’ailleurs et de respecter les droits d’auteurs. En faisant ce travail, nous nous rendons bien compte de la réalité : les films courts ne circulent pas suffisamment, peu de salles font l’effort de programmer des films de formats courts, l’accompagnement des films brefs est à revoir, et les ayants droits refusent souvent la mise en ligne des films dans leur intégralité pour des raisons d’exclusivité avec les chaînes ou les festivals ou bien par crainte de piratages.

Et pourtant… La VOD ne rapporte pas grand chose (demandez aux producteurs) et les festivals restent des lieux fermés (quoi qu’on en dise) alors que la curiosité pour le court est évidente (à en juger par vos commentaires) et que des séances spécialisées s’organisent encore et toujours (La Péniche Cinéma, Les Courts du Grand, Les Nuits en Or du court métrage, Les Lutins du court métrage, …) .

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© Jonas Odell

Après deux ans et demi d’existence, nous continuons à contourner ces problèmes en cherchant les films déjà en ligne, en créant ou récupérant des extraits, en parlant de créateurs ou de techniciens connus ou confidentiels dont nous respectons le travail et l’état d’esprit. Notre envie d’écrire sur des films ou de donner la parole à des créateurs est déterminée par la curiosité, l’intérêt pour une œuvre, l’émotion glanée au détour d’une image, d’une musique ou d’un regard. Quelque chose se passe, nous (r)attrape et ne nous lâche plus, nous incite à réagir, nous renvoie à nous-mêmes et écorche notre torpeur de spectateur. Le déclic naît face à des gens aussi différents que Abbas Kiarostami qui n’a pas lâché son Iran alors que ses confrères ont décidé de s’exiler, Sahim Omar Kalifa qui fait des films à partir de son histoire irakienne, Michel Gondry qui évite le trop plein de références pour faire du cinéma, Attila Till qui filme l’humain dans ce qu’il a de plus abject pour comprendre la société hongroise, Javier Packer-Comyn qui estime que le documentaire permet d’apprendre à voir le monde, Maryna Vroda qui remporte une Palme d’Or après avoir combiné course éperdue dans les bois et vérité humaine. Le soubresaut s’opère aussi devant des films, qu’ils portent sur la violence conjugale (« El Orden de Las Cosas » des frères Esteban Alenda), qu’ils s’appuient sur un plan séquence insoutenable (« La inviolabilidad del domicilio se basa en el hombre que aparece empuñando un hacha en la puerta de su casa » d’Alex Piperno), sur une histoire féminine, différente et suédoise (« Tussilago » de Jonas Odell), sur un arrière-plan communiste, générationnel et boisé (« Zbigniev’s Cubboard » de Magdalena Osinska), sur la lecture lyrique d’une ville et d’un peuple déraciné (« Elégie de Port-au-Prince d’Aïda Maigre-Touchet), …

Nous sommes bien conscients que nous publions des informations sur des films peu ou pas visibles et que cette situation est complexe. Pour contrer cela, nous explorons des pistes comme les séances Short Screens à Bruxelles (la prochaine a lieu ce jeudi 30 juin, allez-y) et différentes cartes blanches que nous sommes en train de mettre en place en France pour la rentrée. Parler des films, les montrer, les accompagner, les aimer, et les soutenir. Peut-être est-ce une façon de trouver une réponse à ce paradoxe.

Katia Bayer
Rédactrice en chef

Liberté pour Mahnaz Mohammadi. Pétition en ligne

Mahnaz Mohammadi, cinéaste iranienne et militante engagée des droits des femmes, a été arrêtée à Téhéran ce dimanche 26 juin suite à une perquisition de son domicile par les forces de l’ordre. Aucune information concernant les chefs d’accusation ou le lieu de sa détention n’est disponible pour le moment.

Mahnaz Mohammadi est la réalisatrice du film «Femmes sans ombre», pour lequel elle a été primée dans de nombreux pays. Elle a également contribué au documentaire de Rakhshan Bani-Etemad, «Nous sommes la moitié de la population», à propos des élections présidentielles de juin 2009. En juin 2010, Mahnaz Mohammadi est venue à Paris présenter un de ses films (« Travelogue ») dans le cadre d’une journée consacrée au cinéma iranien à la Cinémathèque française.

En raison de son activisme politique et de ses prises de position, Mahnaz Mohammadi est dans le collimateur des autorités iraniennes depuis plusieurs années. Elle s’était déjà vu confisquer ses outils de travail (ordinateur, caméras, etc.) et plus récemment son passeport. Elle n’a ainsi pas pu se rendre à la présentation voici un mois à Cannes du film de Reza Serkanian « Noces éphémères » dont elle est pourtant l’actrice principale.

Le 12 mai dernier à Cannes, à l’occasion de la remise du carrosse d’Or à Jafar Panahi, un débat était organisé par la SRF autour de la liberté d’expression. Mahnaz Mohammadi avait adressé un message, lu alors par Costa-Gavras :

« Je suis une femme, je suis cinéaste, deux raisons suffisantes pour être coupable dans ce pays. Actuellement, je réalise un nouveau documentaire sur les femmes de mon pays. Le combat des femmes pour leur identité est un élément incontournable de leur vie de tous les jours… et la liberté est le mot qui manque le plus à leur quotidien. J’aurais vraiment aimé être parmi vous, chers amis. Hélas, n’ayant pas l’autorisation de sortir de mon territoire, je suis privée de partager cette joie avec vous. Mais j’attends toujours et j’ai de l’espoir ».

Nous demandons la libération de Mahnaz Mohammadi, et dénonçons les attaques faites à la liberté de création et d’expression des cinéastes iraniens.

Les premiers signataires :

Costa Gavras, cinéaste, président de la Cinémathèque française, Gilles Jacob, Président du Festival de Cannes, Reza Serkanian, cinéaste et membre de la SRF, de la SACD et de l’ACID, Oussama Mohammed, Jean-Michel Frodon, Chantal Richard, Christophe Ruggia, Fabrice Genestal, Jean-Paul Salomé, Elie Chouraqui, Bertrand Blier, Jean-Michel Carré, Jacques Fansten, Marceline Loridan-Ivens, Michel Andrieu, Claude Miller, les réalisateurs de la SRF, les Cinéastes de l’Acid…

Signez la pétition sur le site de la SRF

English version : Freedom for Mahnaz Mohammadi

Mahnaz Mohammadi, iranian filmmaker and women’s rights activist, was arrested in Tehran last Sunday June 26th, following a search of her home by law enforcement. No information on what charges she was arrested or where she is detained is available.

Mahnaz Mohammadi’s film «Femmes sans ombre» was rewarded in several countries. She contributed as well to Rakhshan Bani-Etemad’s documentary «Nous sommes la moitié de la population», about the June 2009 presidential elections. In June 2010, Mahnaz Mohammadi was in Paris to present one of her films (« Travelogue ») at a French Cinematheque tribute to Iranian cinema.

Because of her political activism and her positions, Mahnaz Mohammadi has been in the crosshairs of Iranian authorities for several years. She has had her work tools (computer, cameras, etc) confiscated, as well as her passport. She thus could not attend the presentation of Reza Serkanian’s « Noces éphémères » as leading actress a month ago at the Cannes Film Fest.

Last May 12th in Cannes, on the occasion of the awarding of the Carrosse d’Or prize to Jafar Panahi, a debate was organized by the Film Directors’ Guild (Société des réalisateurs de films) about freedom of expression. Mahnaz Mohammadi had then sent a message, read by Costa-Gavras :

« I am a woman, I am a filmmaker, two sufficient grounds to be guilty in this country. I am currently directing a new documentary about the women of my country. The struggle of woman for their identity is an essential element of their everyday life… and freedom is the word that is most missing from their daily life. I would have really liked to be among you, dear friends. Unfortunately, not being allowed out of my country, I am deprived to share this joy with you. But I am still waiting and I have hope. »

We demand the release of Mahnaz Mohammadi, and are denouncing the attacks made to freedom of creation and expression of Iranians filmmakers.

Signers :

Costa Gavras, filmmaker, the French Cinematheque’s President,, Gilles Jacob, Président ofInternational Film Festival, Oussama Mohammed, Reza Serkanian, cinéaste et membre de la SRF, de la SACD et de l’ACID, Jean-Michel Frodon, Chantal Richard, Christophe Ruggia, Fabrice Genestal, Jean-Paul Salomé, Elie Chouraqui, Bertrand Blier, Jean-Michel Carré, Jacques Fansten, Marceline Loridan-Ivens, Michel Andrieu, Claude Miller, The Film Directors’ Guild (Société des réalisateurs de films) filmmakers…

Sign the petition

Montparnasse de Mikhaël Hers

« Montparnasse » était projeté ce vendredi 17 juin dans le cadre de la rétrospective du festival Côté court de Pantin (20e édition). L’occasion de revenir sur un film qui a écumé les plus grands festivals depuis sa sortie (Quinzaine des réalisateurs de Cannes en 2009, Clermont-Ferrand en 2010) et a obtenu le Prix Jean Vigo en 2009.

Un triptyque de tranches de vie

Trois histoires, se déroulant toutes à Montparnasse, la nuit. Le film de Mikhaël Hers raconte la nature complexe des relations entre les uns et les autres, et pourtant, tout paraît évident, simple. L’auteur se concentre sur la redécouverte, ou sur la façon dont on croit connaître quelqu’un alors qu’il y a toujours plus à voir, toujours un échelon de plus à gravir dans l’intimité. D’abord deux sœurs qui s’ouvrent enfin leurs cœurs, ensuite un gendre et son beau-père, puis deux amis d’amis…

Il y a une progression entre les couples que mettent en scène ces trois histoires. D’abord une histoire de famille, les personnes avec qui l’on a grandi, ceux ‘que l’on n’a pas choisi’ ; puis la belle-famille qu’on ne choisit pas forcément non plus mais dont les liens n’ont pas à être aussi forts qu’avec sa propre famille ; enfin les amis d’amis, presque des étrangers. Dans ces histoires, chaque situation impose moins de codes sociaux que la précédente, et l’intimité est de moins en moins contrainte, de plus en plus forte.

Raconter l’indicible

Il faut louer le scénario de ce film, construit autour du spectateur, afin de l’emmener toujours plus loin dans le non-dit et la compréhension implicite, et cela sans jamais le perdre. La première partie, « Sandrine », utilise un moyen très efficace pour présenter rapidement les personnages : deux femmes se parlent, prennent des nouvelles l’une de l’autre. Chacune fait un point sur sa vie, son travail, ses amours. Ce procédé, parfois utilisé de manière trop évidente, est ici habile. Il est d’abord porté par de très bonnes actrices (Aurore Soudieux et Adelaïde Leroux), mais il est surtout complètement justifié, car c’est justement où veut en venir Sandrine: ce qui ne va pas, c’est sa vie. Elle s’exprime, se livre, cherche à mettre des mots sur son mal. Comme Florence, son amie, on comprend que c’est dur, sans savoir ce qu’il faudrait répondre. Une situation banale en somme, traitée sans voyeurisme.

La seconde partie, « Aude » (la meilleure) présente les personnages lors d’un dîner, également via les dialogues. Ils se connaissent sans se connaître, mais l’essentiel n’est pas eux. Il y a autre chose, quelque chose de simple dont ils ne peuvent pas parler. Le spectateur comprend rapidement de quoi il s’agit, partage leur secret, et une fois dans la confidence, a la sensation de partager ce dîner avec eux. Les personnages ne parleront pas de leur secret, pas ouvertement en tout cas. Ce n’est pas grave, ils ont d’autres choses à se dire. Ils digèrent le secret, ensemble, puis passent à la suite. Ce qu’il reste à la fin de l’histoire, c’est l’impression d’avoir franchi une étape ensemble.

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La dernière partie, « Leïla », continue cette progression dans les non-dits. Ici, la situation seule raconte l’état d’esprit des deux personnages. Le dialogue n’est que remplissage, on parle pour ne rien dire, pour ne pas laisser s’installer le silence. Si ce petit manège est plutôt amusant à observer au début, le procédé s’essouffle vite et devient ennuyeux. Mais qu’importe, la dernière séquence est très belle : légèrement empotés dans leurs dialogues trop creux au milieu de cette partie, les acteurs se révèlent à la fin et offrent une scène pleine d’émotion, un relâchement bien agréable après un film tout en retenue.

Le cinéma au service de l’histoire

La mise en scène est sobre, classique (dans le meilleur sens du terme), elle sert l’histoire, la traduit en image et en son. Des plans longs, des travellings dans les rues se baladant avec les personnages, des champs-contrechamps à table… Le dispositif est simple, léché; il s’efface pour laisser place aux acteurs, dans l’ensemble bons. La complicité dans le jeu n’est pas toujours au rendez-vous, mais ce ne sont pas les relations de franche camaraderie qui prédominent ici. Ce qu’on retient surtout dans ce film, c’est l’identification au personnage de Sandrine, les non-dits, la vision de l’intimité et la qualité du scénario de Mikhaël Hers.

Vincent Arbez

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« Montparnasse », un film à (re)découvrir. Si vous l’avez raté à Pantin, le film sera disponible dès le 5 juillet avec deux autres moyens métrages de Mikhael Hers, « Charell » et « Primrose Hill », sur le DVD de « Memory Lane », son premier long métrage. Édition : Ad Vitam

Côté court, 20 ans

Le festival Côté court vient de célébrer 20 ans d’existence et de rencontres. En autant d’années de programmation, le festival a mis en avant des cinématographies étrangères (marocaine, québécoise, anglaise, égyptienne, …), salué des auteurs (rétrospective Jan Svankmajer, Joseph Morder, Gérard Courant, Agnès Varda, …) et primé des films (« Jeux de plage » de Laurent Cantet, « La Beauté du monde » de Yves Caumon, « Marinette » de Blandine Lenoir, « Ce vieux rêve qui bouge » de Alain Guiraudie, …). Parallèlement aux nouveaux films sélectionnés en compétition fiction (qui a notamment récompensé deux comédies « Le Marin Masqué » de Sophie Letourneur et « Un Monde sans femmes » de Guillaume Brac) et expérimentale (deux prix ont été remis à « Achrone » de Cécile Hartmann), le festival a revisité son passé via une rétrospective « 20 ans ».

Retrouvez dans ce Focus :

Et nos anciens sujets en lien avec le festival :

M comme Montparnasse

Fiche technique

Synopsis : Une nuit, trois jeunes femmes, le néon des boulevards, quelques rues désertées, une galerie marchande, un jardin endormi, le parvis de la tour, l’esplanade de la gare, le café du départ, un appareil photo, un concert, une terrasse, puis la ville qui s’éveille, Montparnasse.

Genre : Fiction

Durée : 58′

Pays : France

Année : 2009

Réalisation : Mikhael Hers

Scénario : Mikhael Hers

Image : Sébastien Buchmann

Son : Jean-Christophe Julé, Laurent Benjamin

Montage : Christel Dewynter

Décors : Emilie Prins

Interprétation : Sandrine Blancke, Lolita Chammah, Didier Sandre, Aurore Soudieux, Timothée Régnier, Vinçon Thibault, Adelaïde Leroux

Production : Les Films de la Grande Ourse

Article associé : la critique du film

Avant-première de Cross de Maryna Vroda, Palme d’or du court métrage 2011

Ce jeudi 30 juin, aura lieu l’avant-première de « Cross » de Maryna Vroda, Palme d’or du court métrage. Le film sera projeté au Cinéma Le Méliès de Montreuil, à partir de 20h et sera suivi d’un débat avec la réalisatrice.

CROSS de Maryna Vroda (Les 3 lignes – Ukraine/France – 2011 – 0h15)

Synopsis : D’abord, on le force à courir. Puis il court de lui même. Puis il regarde courir un autre.

Entrée libre sur réservation au 01 48 10 21 22 /reservations@cinemas93.org

Cinéma municipal Georges Meliès
Centre Commercial Croix-de-Chavaux – patio central.
93100 MONTREUIL
M° Croix-de-Chavaux (L9)

Retrouvez la critique du film et l’interview de Maryna Vroda, réalisée à Cannes, sur Format Court.com

Côté court, le 20ème palmarès

Le 20ème festival Côté court s’est terminé dimanche, avec la reprise des films primés la veille par les différents jurys.

Compétition Fiction (Jury : André S. Labarthe, Lolita Chammah, Christophe Blanc, Thomas Salvador)

Grand prix Côté Court : Le marin masqué de Sophie Letourneur

Prix du GNCR : Courir de Maud Alpi

Prix Beaumarchais du meilleur scénario : Myriam de Elsa Diringer

Coup de coeur du jury : Sylvain Rivière de Guillaume Bureau

Prix du meilleur scénario France 2 : 7è ciel de Guillaume Foirest

Mention spéciale : Et ils gravirent le montagne de Jean-Sébastien Chauvin

Prix spécial du jury : Bobok de Simon Leibovitz

Prix de la jeunesse : Le marin masqué de Sophie Letourneur

Prix de la presse (Marion Pasquier, Florence Maillard, Romain Blondeau, Ludovic Lamant, Katia Bayer) : Le marin masqué de Sophie Letourneur

Prix du public : Un Monde sans femmes de Guillaume Brac

Prix Emergence/Côté Court : Un Monde sans femmes de Guillaume Brac

Prix d’interprétation féminine : décerné à Laure Calamy pour Un Monde sans femmes de Guillaume Brac

Prix d’interprétation masculine : décerné à Vincent Macaigne pour Un Monde sans femmes de Guillaume Brac

Compétition Expérimentale-Essai-Art-Vidéo

Prix de la Résidence : La vie continuera sans moi de Arnold Pasquier

Grand prix Expérimental-essai-art-vidéo : Achrone de Cécile Hartmann

Prix du pavillon : Achrone de Cécile Hartmann

illegal_cinema. Chemins de traverse

Ce soir, c’est l’ILLEGAL_PARTY, à partir de 19h30 aux Laboratoires d’Aubervilliers. Avant la coupure estivale, illegal_cinema revient pour une soirée festive et une dernière séance animée et proposée par Mathieu Lericq, coordinateur du projet. Trois courts métrages du documentariste polonais Marcel Łoziński seront proposés à l’assistance.

Films projetés :

Collision frontale (Zderzenie czołowe), un documentaire de Marcel Łoziński (Pologne, 1975, 11min.)

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Un conducteur de locomotive proche de la retraite est choisi pour être donné en exemple à ses jeunes collègues et doit recevoir son cadeau de départ au cours d’une cérémonie. Toutefois la vie est dure : dans un état de fatigue extrême, il cause une catastrophe ferroviaire, et la cérémonie est annulée.

89mm d’écart (89 mm od Europy), un documentaire de Marcel Łoziński (Pologne, 1993, 11min.)

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Brzesc — une ville sur la frontière entre la Pologne et l’ancienne Union soviétique. À cause d’une différence de 89 mm dans l’écartement des voies de chemin de fer de l’Union soviétique et du reste de l’Europe, les cheminots biélorusses doivent chaque jour adapter les wagons, pour que les trains internationaux puissent pénétrer dans le territoire de l’ancienne Union soviétique. Les passagers français, allemands, hollandais les observent à travers les vitres… Deux mondes distincts ?

Tout peut arriver (Wszystko może się przytrafić), un documentaire de Marcel Łoziński (Pologne, 1995, 39min.)

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Marcel Lozinski filme l’insouciante promenade d’un enfant de six ans dans un parc, et suit le fil de ses rencontres avec de vieilles personnes. Sans interrompre ses activités, ni couper court à son plaisir, l’enfant évoque spontanément des questions essentielles, la mort, le temps qui passe et reçoit en retour des réponses graves et sincères. Nul n’ignore la présence de la caméra , et chacun se prête à la mise en scène du réalisateur qui suit cet itinéraire philosophique avec discrétion et respect.

Chemins de traverse

Le paysage concentre l’horizon, les formes naturelles, les bâtisses domestiquées et les êtres humains qui l’habitent. En d’autres termes, il renferme dans son cadre la vue d’une terre ramifiée, stratifiée, où chaque courbe est un appel à l’identité et à la mémoire de celui qui le regarde. Le paysage est un pays en image, un espace reconnu. Or, pour être reconnu, il faut qu’il soit reconnaissable. Le processus de reconnaissance d’un paysage s’accompagne d’indices soit présents dans l’image soit ajoutés par celui qui le conçoit. Ces dernières peuvent être des légendes déposées sous l’image, des titres surplombant un corpus de vues d’un même terrain, ou encore la parole d’un témoin qui apporte lors de la vision une épaisseur verbale et vivante.

Dans l’univers cinématographique, le paysage se dote souvent d’indices sonores, des paroles de personnages révélant ce que le paysage, de par la distance que l’instance filmique institue avec le réel, maintient en son sein comme la lave enfouie d’un volcan, une mémoire profonde qu’il rend sensible autant qu’il dissimule.

En proposant une programmation autour du cinéma documentaire de Marcel Łoziński, j’aimerais reprendre la forme « paysage » dans sa dimension dynamique. Il s’agira de questionner la présence et la valeur de la mémoire individuelle dans un pays de l’ex-bloc communiste, cette énergie mémorielle devenue aujourd’hui un curieux socle de nostalgie ou de révulsion. Car dans les films de ce réalisateur méconnu résident des récits de vie personnels, parfois reconstitués, souvent déclenchés par l’intrusion de la fiction au sein du réel, pris en charge par des êtres qui traversent les paysages, qui les alimentent d’une parole imaginaire. Ces films touchent des vérités situées au-delà des réalités historique et sociologique. Ces récits de vie ne sont ni décris ni ajoutés après coup; ils sont joués par des individus qui bougent, en quête de sens personnel dans un pays où règne le label « collectif ». Ce sont donc les règles de ce jeu (politique) mêlé aux désirs, aux images fantasmées et à la mythologie sociale, provoqués par ces « êtres du mouvement » que je vous propose de saisir.

Mathieu Lericq

Infos pratiques : lundi 27 juin · 20:0022:00

Les Laboratoires d’Aubervilliers / 41, rue Lécuyer 93200 Aubervilliers / Métro ligne 7 Quatre chemins

Le site des Laboratoires : www.leslaboratoires.org

La page Facebook consacrée à l’événement : ici

M comme Maska

Fiche technique

Synopsis : La belle Duenna a été créée dans le but d’accomplir une certaine mission. Quoi qu’il en soit, elle sera confrontée à un choix…

Réalisation : Timothy Quay, Stephen Quay

Genre  : Animation

Durée : 23’35 »

Pays : Pologne

Année : 2010

Adaptation de : « Maska », Stanislaw Lem

Direction artistique : Frères Quay

Scénario : Frères Quay

Graphisme : Frères Quay

Storyboard : Frères Quay

Layout : Render 305, Frères Quay

Décors : Render 305, Frères Quay

Animation : Frères Quay

Compositing : Render 305, Frères Quay

Musique : Krzysztof Penderecki

Son : Janusz Czubak

Montage : Frères Quay

Voix : Magdalena Cielecka

Production : SE-MA-FOR PRODUKCJA FILMOWA – FILM PRODUCTION, POLISH CULTURAL INSTITUTE, Zbigniew ZMUDZKI, Marlena LUKASIK

Distribution : SE-MA-FOR PRODUKCJA FILMOWA – FILM PRODUCTION, Piotr KARDAS

Article associé : la critique du film

Maska des Frères Quay

Sélectionné et primé (Prix Sacem de la musique originale pour Krzysztof Penderecki), à l’édition 2011 du Festival d’Animation d’Annecy, Maska est le dernier court métrage d’animation en volume des Frères Quay. C’est un film âpre, difficile d’accès, marqué par l’univers sombre et allégorique de l’auteur de science-fiction polonais Stanislas Lem, dont est adaptée l’histoire.

Maska se déroule dans un monde irréel, intemporel, mêlant à la fois une technologie très avancée et une société d’allure médiévale. Nous sommes dans un univers de science-fiction « féodal », presque rétro, dans lequel un homme très puissant, sorte de dieu-roi, crée un robot d’apparence féminine, beauté démoniaque répondant au doux nom de Duenna, dans le but d’éliminer un prétendant rebelle au trône. Cette intelligence artificielle, victime de transformations physiques douloureuses, va découvrir petit à petit la tâche pour laquelle elle a été créée et va devoir choisir entre un sentiment profond d’amour et son conditionnement originel.

Musique obsédante de Penderecki, sons stridents, narration à la première personne sous forme de pensées et de sensations éphémères, fragmentation du temps et de l’espace (nombreux allers-retours entre présent et futur, répétitions d’images, suspension dans le temps), images mystérieuses et obscures, marquées par une lumière agressive et éthérée, poupées au visage disgracieux : les Frères Quay ne choisissent pas la facilité pour leur nouveau film de marionnettes.

Ils s’approprient l’univers non-conformiste de l’auteur de Solaris et dépeignent un monde fascinant, implacable et cruel, obéissant à une logique dramatique dure, qui génère une réflexion sur les thèmes de l’identité, de l’amour et du pouvoir. Ils respectent l’oeuvre de Lem et réussissent à mettre en scène ses plus profondes obsessions sur la condition humaine.

Maska demande beaucoup au spectateur : rythme lent, assujetti à la fluctuation des pensées dérangées de la narratrice/héroïne, images pas toujours compréhensibles, ambiance générale étouffante, sensation d’être perdu dans un maelström allégorique complexe qui nous échappe ; et puis cette scène de transformation, sorte de respiration/libération pour le personnage principal, et de surcroît pour le spectateur : Duenna perd « sa peau féminine » et se relève être une mante religieuse mécanique redoutable, à l’accouplement fatal.

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Les Frères Quay touchent à cet instant-là une certaine grâce (eux aussi tombent le masque), non empreinte de cruauté, avec un final tragique des plus réussis, dans lequel ils arrivent à déranger et émerveiller simultanément.

Julien Savès

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Hors Pistes 2012, appel à participation

Depuis 2006, Hors Pistes se passionne pour la variété des formes que l’image revêt aujourd’hui. Projections, performances, installations, images en réseau, Hors Pistes présente chaque année une sélection internationale de ces nouvelles formes. La programmation témoigne des ruptures et des détournements qui nourrissent les formes traditionnelles du film et de la narration. La septième édition d’Hors Pistes se déroulera du 27 janvier au 12 février.

Pour donner place à ces multiples créations, la manifestation occupe le niveau -1 du Centre Pompidou, ses salles de cinéma comme son espace d’exposition. Les salles proposent une sélection délibérément hétéroclite de l’image en mouvement (section 1), révélatrice de l’année écoulée tandis que l’espace d’exposition réfléchit sur une thématique étroitement liée à l’image (section 2).

Section 1 : Un programme de plus de 30 séances explorant les nouvelles tendances de l’image contemporaine.

– > Hors Pistes est ouvert aux films et vidéos internationaux produits après le 1er janvier 2010 et d’une durée comprise entre 20 et 65 minutes. Pas de thématique. Le format de projection peut être pellicule (16 et 35 mm), format vidéo (Beta, mini DV, HD) ou fichier.

Section 2 : Une exposition sur une thématique forte liée à l’image – cette année : l’animal.

– > Hors Pistes est ouvert aux films et vidéos internationaux d’une durée inférieure à 20 minutes, sans restriction quant à la date de production.

– Le format de projection peut être format vidéo (Beta, mini DV, HD) ou fichier

– Retrouver sur ce lien des images de l’espace d’exposition de l’année dernière (thème 2011 : LE SPORT) : www.youtube.com/Mrhorspistespompidou

Pour les deux sections :

* Aucun droit d’inscription n’est demandé. Les pièces non francophones et non anglophones doivent être sous-titrées en anglais.

* Pour la sélection, le DVD est à envoyer à : Centre Pompidou – Hors Pistes – 75191 Paris cedex 04 – France

* Date limite d’inscription : 10 octobre 2011

La sélection sera adressée aux artistes et réalisateurs sélectionnés par email le 15 décembre 2011. Pour toute demande supplémentaire : Geraldine.gomez@centrepompidou.fr

Festival Image par Image, appel à films

La 12e édition du festival Image par Image se tiendra du 10 février au 3 mars 2012. Manifestation itinérante dans 20 cinémas du département du Val d’Oise, le festival est consacré au film d’animation. L’appel est ouvert à tous court-métrages européens d’animation destinés au jeune public, les films doivent au plus tôt dater de 2009 et ne doivent pas excéder 30 minutes.

Date limite d’inscription des films : 31 octobre 2011.

Cliquez ici pour plus d’informations et ici pour le formulaire d’inscription word ou pdf

Les films peuvent être envoyés en format DVD, Beta SP ou DV Cam.

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EN : The 12th edition of the festival « Image par Image » will be held from February 10th to March 3rd 2012. It is an event that takes place in the whole Val d’Oise county (close to Paris) and is devoted to animated movie. The request for proposal is open to all European animated short films intended for a young audience. The movies must, at the earliest, date back to 2009 and should not exceed 30 minutes.

Deadline for the registration of movie s: October 31st 2011

Movies can be in DVD format, Beta SP or DV Cam.

Click here for more informations and here for the registration form word or pdf

Short Screens #8 : le court métrage sur grand écran

La huitième édition de Short Screens aura lieu le jeudi 30 juin 2011, avec des films éclectiques et atypiques, d’hier et d’aujourd’hui. Rendez-vous le 30 juin à 19h30 à l’Actor’s Studio, à Bruxelles.

Au programme :

* BETTY AND THE THE’S de Felix Stienz, Allemagne – 2009 – Fiction – 13′

* PLACE MOSCOU de Mohamed Bouhari, Belgique – 2009 – Documentaire – 20′

* (EN)TERRADOS de Alex Lora, Espagne – 2009 – Fiction – 11′

* ÉTRANGÈRE de Christophe Hermans, Belgique – 2010 – Documentaire – 12′

* DE VOLGENDE de Barbara Raedschelders, Belgique – 2010 – Documentaire animé – 4’33 »

* L’HOMME ENVOLÉ de Perrine Lottier & Rozenn Quéré, France – 2009 – Fiction expérimentale – 14’46 »

* DANS TES RÊVES de Blandine Lenoir, France – 2003 – Fiction – 17′

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Le film d’animation publicitaire en France 1912-2007

Les coïncidences font bien les choses. Le festival d’Annecy s’est terminé il y a 10 jours et il restait un DVD thématique dans la barbe de Noël Père. Réalisé à l’occasion d’une exposition sur le film d’animation publicitaire en France, présentée au Musée de la Publicité à Paris en 2007-2008, le support, rond comme un ballon, met en parallèle perles d’époque, pionniers du genre et animation riche et variée.

Pas toujours évident d’honorer les expositions pour des questions de dates, de distance géographique et de concurrence culturelle. Heureusement, les prolongations, les tournées et les DVD existent pour les séances de rattrapage. Si comme certains, vous avez raté il y a trois ans l’exposition sur l’animation publicitaire au Musée de la Publicité ou si comme d’autres, vous souhaitez vous laisser tenter par une tripotée de publicités animées, laissez-vous aller à la curiosité avec ce DVD que l’on vous propose dans le cadre du focus Annecy pour trois raisons : 1) le festival est attentif aux films publicitaires (21 films en compétition cette année), 2) cette compilation met en avant l’animation et 3) il s’agit aussi de forme courte.

Pour gagner leur vie, beaucoup de réalisateurs travaillent pour la publicité. C’est le cas pour la fiction (Rudi Rosenberg, Edouard Deluc, François Vogel, …) mais aussi pour l’animation (le collectif H5, Jonas Odell, Bill Plympton, …). De manière générale, la pub joue sur la créativité, l’humour, l’info pratique, la starification, la démonstration schématique, la répétition et la connivence avec le spectateur, dans le but de renforcer le pouvoir de la marque et du produit qu’elle cherche à vendre. Si aujourd’hui, Panzani est aisément associé à Depardieu, Kinder à des lardons en bonne santé et Juvamine à un slogan ridicule, Nesquick a tout autant son lapin, Kiss Cool ses monstres bizarroïdes et la Française des Jeux son cochon Dédé.

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Il suffit d’aller de temps à autre au Musée de la Publicité pour se rendre compte que la pub a une histoire, qu’elle se raconte à travers des expositions thématiques et qu’elle se voit sur des écrans compilant tous les spots possibles et imaginables. Le DVD édité par le Musée, accompagné d’un livret rédigé par la conservatrice Amélie Gastaut, revient sur cette histoire en lui donnant un accent animé et français. En parcourant l’historique, vous devriez d’ailleurs devenir incollable sur la naissance du genre, l’apparition des premiers studios, la concurrence avec la prise de vues réelles, des Etats-Unis et de la télévision. Et face aux publicités proposées, vous devriez découvrir des saveurs comme on n’en fait plus guère : des voix-off paternalistes, des messages machistes (“Votre mari veut toujours vous voir bien coiffée et bien maquillée” – Lavenfilets, Robert Lortac, le créateur des Pieds Nickelés), des produits économiques, des images d’un autre temps, mêlant magie et inventivité (des plumes Bic dansant la valse ou des ustensiles de cuisine métamorphosés en véritables artistes de cirque par Etienne Raïk), des slogans pas possibles (“Cassegrain. Des aliments sains pour palets fins” d’Omer Boucquey, l’inventeur de Bécassine), des contes revisités (La revanche de Cendrillon ou comment nettoyer un four en quelques minutes et mépriser instantanément ses affreuses belles-sœurs – Antoine Payen, Lion Noir), des animations bourrées de poésie et d’humour (des pelotes de laine et des marionnettes articulées, aussi ahurissantes les unes que les autres, dansant pour le plaisir de l’eau Rozana et de la laine Welcomme Moro sous l’égide des frères Bettiol et Stefano Lonati), …

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Cette chronique ne peut aboutir sans deux coups de cœur : Le Messager de la Lumière, imaginé par Paul Grimault, le réalisateur du Roi et L’oiseau, pour les piles Mazda. Dans ce spot, le soleil, fatigué, perd son éclat resplendissant et se fait engueuler car sur Terre, on ne voit plus clair, on meurt de froid et la lumière est trop faible. Heureusement, une solution existe grâce à Mazda : le soleil mâche une ampoule et retrouve son énergie. Le sens du merveilleux et la poésie de Grimault ne sont pas loin et nous ne sommes qu’en 1938. Deuxième intérêt : Les méfaits d’un mauvais réveil pour Jaz, par Robert Lortac, précédemment cité. Un homme perd son travail car il ne se réveille pas à cause de son réveil. Forcément, c’est sa femme qui prend (“Crénom, j’étais en retard, ils m’ont balancé. Un bon réveil coûte moins cher qu’une situation perdue. Je vais acheter un Jaz, je ne serai plus en retard”), mais tout finit bien : Grincheux devient contre-maître grâce à son nouveau réveil à la “sonnerie cristalline” trouvable chez tous les bons horlogers. Merci Mr Lortac de nous faire part, dès 1924, des secrets d’une évolution professionnelle.

Ce sont évidemment les publicités les plus anciennes qui sont les plus intéressantes dans ce DVD. Au vu des actuelles, souvent pauvres en imagination, celles-ci et leurs consœurs, véritables témoins de leurs époques, acquièrent une valeur d’archives et laissent dans leur sillage un arrière-goût de nostalgie. Passé, poésie, émotion. Un slogan acceptable pour des images oubliées, découvertes ou retrouvées.

Katia Bayer

Le film d’animation publicitaire en France 1912-2007 : Editions Chalet Pointu

Palmarès du 19ème Festival « Le court en dit long »

Le Jury 2011 de la 19ème édition du Festival « Le court en dit long » (6 au 11 juin 2011) était composé de Fabienne Godet (auteur et réalisatrice), Véronique Heuchenne (scripte), Marie Kremer (actrice), Karim Leklou (acteur) et Donald James (critique). Voici les résultats des heureux élus.

• Le Grand Prix Le Court en dit long, doté de deux mille euros (2.000 €) par le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Communauté française de Belgique et par le Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, ainsi que de deux semaines de montage offertes par le Studio l’Equipe France : Opale Plage de Marie-Eve de Grave (On Move & Guns and Knives Productions).

• Le Prix du Scénario, doté de mille euros (1.000 €) par le Comité belge de la SACD est décerné à Bernard Dresse pour Terre Nouvelle (Néon Rouge Productions).

• Le Prix d’interprétation féminine, doté de cinq cents euros (500 €) par le Parlement francophone bruxellois : Salomé Richard dans Pour toi je ferai bataille de Rachel Lang (IAD).

• Le Prix d’interprétation masculine, doté de cinq cents euros (500 €) par le Parlement francophone bruxellois : Jean-Jacques Rausin dans Mauvaise Lune de Méryl Fortunat-Rossi et Xavier Seron (Hélicotronc) et dans La Version du Loup d’Ann Sirot et Raphaël Balboni (FraKas Productions).

• Mention spéciale : Kin de l’Atelier Collectif (Zorobabel).

• Mention spéciale : Mauvaise Lune de Méryl Fortunat-Rossi et Xavier Seron (Hélicotronc).

• Mention Spéciale : Nuit blanche de Samuel Tilman (Eklektik Production).

Autres prix

• Le Prix du Public, doté de mille euros (1.000 €) par le Centre Wallonie-Bruxelles à Paris est attribué à Le Petit Chevalier de Emmanuel Marre (Hélicotronc).

• Le Prix Ciné + courts, décerné par CINE+, est attribué à Opale Plage de Marie-Eve de Grave (On Move & Guns and Knives Productions).

• Le Prix Coup de Cœur Be-TV, est attribué à Kérosène de Joachim Weissmann (Artémis Production).

• Le Prix Coup de Cœur RTBF est attribué à Dimanches de Valéry Rosier (Ultima Razzia).

• Le Prix Coup de Cœur Critikat.com, est attribué à Le Cours des choses de Caroline Tambour (Tarantula).

Palmarès du 3ème Festival Millenium

Le palmarès de la 3ème édition du Festival Millenium, le festival de films documentaires réalisés par des cinéastes indépendants, dévoilé !

Objectif d’or, Meilleur film du Festival : Blood relation de Noa Ben Hagai

Objectif d’Argent, Meilleur message de développement (UNDP award): Green de Patrick Rouxel.

Objectif de Bronze, Meilleur message des droits de l’homme (OHCHR award): Iraq: war, love, god and madness de Mohamed Al-Daradji

Mention spéciale pour Ex-Voto de Caroline D’hondt.

Objectif de Bronze, Meilleur message de la diversité culturelle (UNESCO award): Shooting with Mursi de Ben Young.

Prix spécial du Jury, film le plus original et novateur : Molf-e Gand de Mahmood Rahmani.

Prix du Public: Burma VJ de Anders Østergaard.

Brain Wash, projection & appel à films

Le collectif Brain Wash, réseau international d’amateurs de cinéma qui organise des festivals à Londres, Manchester, Birmingham, Berlin, New York et bientôt Paris, présente les courts-métrages les plus innovants, stimulants et intéressants du moment. Pour sa première édition parisienne, Brain Wash s’associe à Vice Magazine pour une soirée de courts-métrages à la Péniche Cinéma le 5 juillet.

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Par ailleurs, le collectif est toujours à la recherche de courts métrages, à envoyer avant le 30 juin par mail ou par voie postale à l’adresse suivante :

Pauline Eiferman, BRAIN WASH, 68 rue de Rivoli, 75004 Paris

Plus d’informations :

https://www.facebook.com/event.php?eid=179038582154849

http://www.brainwashonline.co.uk/brain-wash-paris

Cross de Maryna Vroda

La Palme d’or du court-métrage du 64ème festival de Cannes a été remise à Cross de Maryna Vroda. Ce prix récompense l’audace de cette jeune réalisatrice ukrainienne de 29 ans qui signe ici son premier opus depuis sa sortie de l’Université nationale des arts théâtraux et cinématographiques de Kiev, lieu où elle avait déjà réalisé quatre courts-métrages. Avec ce film puissant, elle réussit avec grâce à toucher à l’essentiel. En avançant avec finesse, par petites touches pointillistes, elle amène le spectateur à se questionner sur sa condition d’être humain et sur le sens de sa propre existence.

Cross se réfère ici à une course à pied qui se pratique sur un terrain ayant des obstacles naturels. Le film raconte l’histoire d’un jeune adolescent qui court dans une immense forêt de grands conifères. D’abord, il court avec sa classe avant de se faire rejeter du groupe et de continuer seul à cavaler entre les troncs. Témoin d’un crime, il est confronté à la mort et s’enfuit à toutes jambes. À bout de souffle, le héros s’arrête finalement sur une plage touristique et observe à son tour un homme courir, cette fois sur l’eau. La vision d’un baigneur qui, dans une grande bulle flottante, court sur place et s’agite frénétiquement dans un ballon de plastique fait inévitablement penser à la course des souris en cage qui, dans leur roue se dégourdissent les pattes. L’insistance avec laquelle Maryna Vroda capte à travers la fibre de plastique les mouvements désordonnés de ce corps crée une analogie avec la course de l’adolescent. La perception de cette activité perd son sens initial (courir pour se maintenir en forme, fuir ou se divertir) pour devenir poétique et même métaphysique. Le mouvement ainsi dépouillé de son enveloppe signifiante renvoie le spectateur à sa condition d’être humain. Il est convié à regarder la pulsion et l’énergie de la vie à l’état brut et à se rappeler que la seule certitude que l’homme a quant à la destination de sa trajectoire est celle de mourir.

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Ces images fortement évocatrices de l’absurdité de la vie, de la perte, de l’errance et du vide existentiel, parfois proche de l’expérimental, ne se réduisent pas à leurs symboliques mais les transcendent pour véritablement s’incarner. Malgré les apparences, ce film ne porte pas un regard blasé ou noir sur notre condition d’être humain. Cross est en fait un film lumineux, il dégage une grande humanité. Car sous l’œil bienveillant de Maryna Vroda, la course, même si elle est fuite en avant, pulsion, est la vie. Le mouvement en est la définition même, tout comme il est l’essence du cinéma.

Ce film rend ainsi hommage à la force de cet art qui devient un moyen de reconnecter le spectateur à ce qu’il a de plus profond, insondable et universel. Cross est une expérience de cinéma mais surtout en nous renvoyant à nous-mêmes en fait un film nécessaire. Dans cette société du risque où l’on voudrait tout contrôler et tout prédire, le film de Maryna Vroda invite le spectateur à lâcher prise, à savourer la beauté de chaque instant justement parce qu’il n’oublie pas que la mort est toujours présente et peut frapper à n’importe quel moment.

Isabelle Mayor

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Article associé : l’interview de Maryna Vroda

Zbigniev’s Cupboard de Magdalena Osinska

Années 70, sous l’œil bienveillant de son père, Zbigniev range toutes sortes d’objets qu’il compte revendre au marché noir. Petite histoire dans la grande, « Zbigniev’s Cupboard », sélectionné à Annecy retrace l’époque des tickets de rationnement dans une Pologne communiste.

Si Zbigniev est tout fier d’obtenir une armoire pour y mettre l’ensemble de ses trésors récoltés après des heures d’attente dans le froid, son père quant à lui attend la mort en espérant qu’une fois l’heure venue, il sera mis dans un cercueil choisi avec soin.

Créatrice multicartes, Magdalena Osinska aime brouiller les pistes et toucher à tous les matériaux pour faire vivre des univers très différents les uns des autres. Utilisant la 2D et la 3D dans des effets spéciaux et visuels, « Zbigniev’s Cupboard » se rapproche du conte même si force est de constater qu’il mêle habilement un réalisme soigné à un surréalisme fantaisiste pour donner naissance à ce que l’on pourrait considérer comme du réalisme merveilleux. Dans des décors en partie hyper réalistes (voir les immeubles de la cité dans laquelle habitent Zbigniev et son père), Osinska se soucie du détail, de ce qui ne se dit pas mais qui se remarque, de ce qui ne se voit pas mais qui se ressent.

On y sent une prédilection pour des personnages solitaires, placés dans un dispositif formel que vient souligner une touche mélancolique d’une confrontation minimaliste entre un père et son fils, deux êtres en proie à la dérive, à l’inconnu. Quand le premier représente un monde qui s’apprête à disparaître, le second tente de survivre sous un régime politique aux mesures draconiennes. Le recours à des figurines en bois renforce le côté nostalgique et passéiste auquel s’ajoute un imaginaire féérique. La scène du cimetière d’une facture assez cynique, paraît tout droit sortir du cerveau prolifique d’un Arcimboldo.

Tout à la fois magique et réaliste, « Zbigniev’s Cupboard » fonctionne comme un instantané du passé, une photo jaunie et croquée, un témoignage original et touchant.

Marie Bergeret

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