Synopsis : Florian et Malene sont les meilleurs amis du monde. Chaque jour, ils jouent près du ruisseau. Un jour, la guerre éclate et les enfants ne peuvent plus jouer ensemble parce chacun est situé dans la camp adverse.
Réalisation : Anita Killi
Scénario : Anita Killi adapté du roman ” Flon Flon et Musette” (1993) de Elizbieta
Ce vendredi 18 mars, lors de la remise des prix animée par Philippe Reynaert, les Jurys du 20ème Festimages 2011 ont rendu leurs verdicts. La compétition réunissait 18 films d’écoles de cinéma du Nord et du Sud du pays.
Délibération du JURY ETUDIANTS
Ce Jury était composé de six étudiants venant des sections E-business, Kiné, Communication et Conseillers sociaux de la Haute Ecole Provinciale de Hainaut-Condorcet. Il était présidé par Nabil BEN YADIR, réalisateur des « BARONS »
Le Prix des Etudiants à été remis à « Badpakje 46 » de Wannes Destop (KASK)
Le prix est doté de 650 € par PME 3000. Initié par la Haute Ecole provinciale Condorcet, PME 3000 est une action pilote de formation continuée en initiation à l’esprit d’entreprise axée sur l’apprentissage par l’action, le coaching, le travail en équipe. En s’associant à ce Prix, PME 3000 souhaite encourager les initiatives de création d’entreprises audiovisuelles dans le Hainaut.
Delibération du JURY PROFESSIONNEL
Le jury était composé de Marijke PINOY (comédienne), Stéphane BISSOT (comédienne), Thierry DE COSTER (acteur, producteur, auteur), Geneviève KINET (WBI), Bénédicte BOURGEOIS (acheteuse RTBF), Mathias DESMARRES (réalisateur).
GRAND PRIX (1500 €), offert par la SABAM – Les enfants de la mer/mère – de Annabel Verbeke (RITS)
PRIX DE LA MEILLEURE ANIMATION (500 €), offert par la Ville de Charleroi – L’oeil du paon – de Gerlando Infuso (La Cambre)
PRIX DU MEILLEUR DOCUMENTAIRE (500 €), offert par le Direction Générale des Affaires Culturelles du Hainaut – A l’intérieur – de Raphaël Le Toux Lungo (INSAS)
PRIX DE LA MEILLEURE FICTION (500 €), offert par la Province du Hainaut – Pour toi, je ferai bataille – de Rachel Lang (IAD)
PRIX SPECIAL DU JURY (500 €), offert par le Conseil de Etudiants de la Haute Ecole Condorcet – Filomena – de Julio Lopes (Sint Lukas).
Synopsis : Le monde vous paraît-il cohérent et compréhensible ? Mais pourquoi se battre pour comprendre lorsque l’on peut profiter de la vie en passant par tant d’échelons de non sens…
Si la fiction roumaine a le vent en poupe, la qualité du cinéma d’animation reste en revanche bien modeste. Preuve en est la rétrospective accordée à Anima, en présence de Mihai Mitrica, le directeur du Festival Anim’est, qui, s’excusant à l’avance du niveau des films présentés, précisait qu’il n’y avait pas de réelle école d’animation dans son pays. On le regrette : une grande partie des films d’animation (le cas roumain n’est pas isolé) se limite à l’innovation graphique, à l’effet visuel, à l’anecdote formelle sans vraiment élaborer la narration. Au-delà de l’exercice de style, certains courts métrages de la sélection ne manquent ni d’esprit ni d’originalité.
Ariadné Fonala (Ariadne’s Thread) de Attila Bertóti
Et si le destin de cette naïve Ariane ne tenait qu’à un fil, et si Thésée n’était pas ce héros fort et indestructible et si le Minotaure était doté d’une intelligence humaine, la bête ne serait sans doute pas morte et le monde serait à réinventer… Dans des teintes jaune sombre monochromatiques et un dessin simple, animé de mouvements de caméra dynamiques, Attila Bertóti revisite le mythe de Thésée et du Minotaure avec un humour certain. Il s’amuse à réinterpréter la même histoire légendaire de trois points de vue différents, celui d’Ariane, l’amoureuse transie à l’entrée du labyrinthe, celui de Thésée, perdu dans la belle invention de Dédale, prêt à affronter le monstre et enfin celui du Minotaure, faisant le pied de grue en attendant le héros qui se fait très discret.
Immerse de Weareom
Deux minutes suffisent au collectif Weareom pour nous plonger dans les abysses d’un no man’s land abstrait. 20 000 lieues sous la mer du mystère flottent des machines inconnues et des sensations palpables d’angoisse viennent traverser le corps et l’esprit, immergés dans les ténèbres de l’inconscience. Ce très court est avant toute chose une expérience visuelle et auditive intéressantes à laquelle se greffe une chute amusante qui nous ramène à la surface de la réalité. Doté d’une réalisation maîtrisée et effervescente, « Immerse » semble tout droit sorti d’un cerveau dangereusement créatif.
Grand Café de Bogdan Mihăilescu
Sans doute le plus délicat de la série, « Grand café » propose un voyage poétique dans le temps. Un retour dans le passé pour retracer le destin d’Emile Reynaud, l’inventeur du Praxinoscope. Cet engin, breveté en 1877, donnait l’illusion du mouvement grâce à la création de dessins décomposés en 12 positions présentés de manière cyclique. En somme, si les frères Lumière sont les pères du documentaire, Méliès, celui de la fiction, nul doute que Reynaud est à l’origine du cinéma d’animation. Le film de Mihăilescu est une sorte d’hommage en ombre chinoise à celui qui, des heures passant, dessinait, coloriait, peignait des petites illustrations avec l’intention de transmettre, dans la salle obscure et attentive, toute la féérie de la pantomime lumineuse. Laissant derrière lui un parfum de nostalgie, le film reste fort contemporain dans sa manière de refléter la fragilité du travail des cinéastes d’animation, derniers vrais artisans de la profession que les nouvelles technologies viennent convoiter avec le risque de leur voler leur art.
How to Deal with Nonsense de Veronica Solomon
Difficile de décrire le film de Veronica Solomon tant il échappe joyeusement à la logique. Suggérant un rêve sous LSD, il présente un certain nombre de créatures abracadabrantes au milieu d’un océan imaginaire. Un banc de sapins verts traverse des eaux troubles pour se retrouver aux côtés de nuages vaporeux. Entre les deux, un arbre rose, géant (mais est-ce un arbre au fond ?) qu’escaladent d’heureux reptiles sisyphiens. Au sommet, un hamster solitaire se prend pour Elvis. Pèlerinage hallucinogène, « How to deal with nonsense » semble avoir tout dit en un titre évocateur. Solomon aime assembler des réalités n’ayant aucun lien entre elles provoquant des situations humoristiques totalement absurdes à l’image du théâtre d’un certain Ionesco.
Synopsis : Voici rassemblés les éléments fondamentaux du célèbre mythe grec: le labyrinthe, le Minotaure, Thésée, Ariane et bien évidemment le fil. Que la recherche commence !
Réalisation : Attila Bertóti
Genre : animation
Durée : 9’
Année : 2009
Pays : Roumanie/Hongrie
Animation : Attila Bertóti
Son : Várhegyi Rudolf
Musique : Kevin Macleod
Production : Lakatos Róbert, Szántai János, Muhi András
Synopsis : Une histoire vraie ? Sans doute que c’est ainsi que cela s’est passé au début du siècle dernier, dans un monde en noir et blanc parfois teinté au Sépia, l’art apporta la couleur.
Synopsis : Le film interroge de façon conceptuelle le niveau microscopique de l’existence ainsi que l’espace intérieur qui nous entoure, invisible à l’œil nu.
La 7ème édition du festival Paris Courts Devant aura lieu du 13 au 16 octobre 2011 au Cinéma des Cinéastes, Paris 17ème. Un appel à candidatures 2011 a été lancé sur le site du festival. Les films produits en 2010 et 2011, d’une urée maximum de 20 minutes sont à envoyer avant le30 avril pour les films de 2010 et le 30 juin pour les films de 2011.
Pour connaitre les conditions de participation, cliquez par ici.
• Fiction et compagnie : Les films de fiction produits par une société de production et/ou ayant obtenu un visa.
• Films sans pression : Films d’écoles de cinéma, d’associations ou autoproduits.
• Du rififi dans les écoles d’anim : Les films de fin d’études des écoles d’animation françaises, promotion 2011.
• Coups de coeur/ coups de gueule : Les films inclassables, improbables, résolus et gonflés, qu’ils soient produits ou autoproduits.
• Films de musique : Les films dont la musique est l’argument, le vecteur, le sujet, le personnage principal… Comédies musicales, fictions, documentaires, clips, live…
• Si loin si proche : La sélection internationale, films de tous pays, en français ou sous-titrés en français.
N’oubliez pas d’envoyer vos DVD à
Festival Paris Courts Devant
Sélection 2011
8 cour Saint-Pierre
75017 Paris-France
Son trait et son style n’appartiennent qu’à lui : irrégulier, imparfait, crayonné, souvent drôle, de plus en plus émouvant avec les années. Ancien caricaturiste, Bill Plympton s’est glissé dans l’animation comme on s’introduit dans un pyjama, avec habitude, volupté et simplicité. Offrant à tour de bras des dessins de vaches et de chiens au Festival Anima, l’Américain aborde pour nous sa carrière, son indépendance face aux grands studios, et son intérêt pour l’animation pour adultes. Interview fleuve, avec en exclusivité l’animatique de « Cop Dog », le prochain court métrage de l’Ami Plympton.
Vous dessinez depuis longtemps. Qu’est-ce qui vous a attiré dans le dessin, étant enfant ?
Enfant, j’explorais la vie, je découvrais le monde à travers mes dessins, ça m’apparaissait comme une aventure, une exploration. À la maison, on avait un carnet pour prendre des messages téléphoniques. Il contenait des centaines de pages, je me souviens m’être dit que je pourrais tout y dessiner. J’ai donc commencé à dessiner un cheval, puis une vache, puis un avion, … À la fin, j’avais dessiné tout ce qui existe. C’est la philosophie à la base de mes films : je veux montrer tout à tout le monde. Évidemment, c’est impossible (rires) mais c’est ce que j’aime faire, c’est ce qui me procure de la joie.
Vous continuez à prendre des cours de dessin, à faire des croquis devant la télévision. Pourquoi avez-vous encore besoin d’apprendre à dessiner ?
Eh bien, j’ai des problèmes avec les mains, j’ai des grandes difficultés à les dessiner, je les fais donc très petites. J’adore dessiner les visages et j’essaye de m’améliorer en les dessinant. Parfois, j’ai besoin de regarder des photographies, mais je voudrais arriver à un point où je visualise tout dans mon cerveau et où j’extrais les images de mon imagination. C’est mon but.
Vous avez expérimenté beaucoup de styles dans votre carrière. Quand avez-vous trouvé votre propre style graphique, votre touche personnelle ?
Ce que je fais aujourd’hui, vous pouvez le voir dans les dessins que je faisais à l’âge de 14 ans. C’est une sorte de technique rayée. Très tôt, j’ai développé mon propre style, et maintenant, je reviens à ces dessins. Je vois comment mon style a commencé, c’est très intéressant.
Avez-vous gardé tous vos dessins, tous vos carnets de croquis ?
J’essaye, parfois, je les perds, en particulier ceux que j’ai faits à l’école. Ça remonte à longtemps, à 40 ans. J’ai perdu beaucoup de dessins.
Est-ce que le fait d’avoir été caricaturiste pour différents journaux vous a aussi appris à dessiner différemment ? Est-ce que ça vous a aidé pour la suite, en animation ?
C’est sûr. Dans mes jeunes années, à l’âge de 20 ans, quand je faisais des dessins politiques et de la bande dessinée, j’ai développé un style très rapide et fluide et une perception particulière de l’humour car je devais faire un dessin par jour. Ces deux disciplines, dessiner vite et avoir des idées humoristiques, je les utilise aujourd’hui en animation. Quand je fais un long métrage, je suis tout seul. Pour réaliser tous les dessins, 30.000 peut-être, je dois en faire 200 par jour et être très rapide. Mais je n’envisage pas ça comme du travail. Pour moi, c’est un plaisir de m’asseoir devant ma table de dessins et de faire plein de dessins chaque jour. C’est très chouette, c’est même relaxant (rires) !
Et vous n’avez plus la pression du dessin quotidien.
Exactement. Et je n’ai pas non plus la pression de producteurs, de distributeurs ou de publicitaires qui me diraient que je dois finir ceci ou changer cela. Je n’ai pas à m’inquiéter de ces choses-là.
Cela explique pourquoi vous êtes un animateur indépendant ?
Je pense, oui. Mais je ne suis pas riche. Mes vêtements sont vieux et je n’ai pas de grande maison. Tout mon argent va dans mes films. C’est mon plaisir, c’est cela qui me rend heureux.
Avez-vous expérimenté la pression pour y réagir autant ?
J’ai eu quelques projets commandés par les grands studios, un pilote pour MTV, un programme de 30 minutes pour Cartoon Network, mais je n’ai pas rencontré de problèmes particuliers. Comme je suis plutôt rapide, il n’y avait pas beaucoup de pression excepté pour le storyboard, mais ce n’était juste pas pour moi. Je voulais créer des films pour adultes, développer mes propres idées et mon propre humour qui est, c’est vrai, parfois très spécial.
Avez-vous rencontré de la pression avec Kanye West pour le clip « Heard Em Say » ?
Oui, un peu (rires) ! Kanye West est un artiste très visuel, je respecte son talent. Quand j’ai fait le clip pour lui, il était dans mon appartement, au-dessus de mon épaule, et il me disait, pendant que je dessinais : “Non, change ça, je suis plus beau que ça !”. Là, je viens de terminer un clip pour Weird Al Yankovic. Il est à l’opposé, il m’a laissé carte blanche, il m’a dit : “Fais ce que tu veux, je l’accepte”.
Vous mentionnez la liberté. Dans votre travail, vous vous montrez très libre, vous faites de l’animation pour adultes, vous dessinez le sexe, la provocation, la transformation des corps, la laideur. Qu’est-ce qui vous intéresse dans le politiquement incorrect ?
D’abord, je ne peux en aucune manière rivaliser avec Pixar, Disney et Dreamworks. Ils ont tellement d’argent, de possibilités de distribution que je serais fou si j’essayais d’entrer en compétition avec eux, alors, je développe un monde différent, je prends une direction différente en animation mais ce n’est pas juste à cause d’eux. Quand j’étais caricaturiste pour des magazines et des journaux, quand je faisais de l’humour pour adultes pour Penthouse, Playboy, Huslter, je pensais tous les jours aux idées que je dessinais. Les animaux qui chantent des chansons heureuses, ce n’est pas moi, ce n’est pas à ça que je pense. Moi, je pense à l’amour, à la jalousie, au sexe, à la sensualité, aux sept pêchés capitaux. Je veux faire des films sur ces sujets car c’est ce qui m’obsède. C’est donc pour ça que j’emprunte un chemin différent, très rare aux États-Unis, mais plus populaire en Europe.
Seriez-vous intéressé à l’idée de faire de l’animation pour enfants ?
Si le budget est correct, je pourrais le faire. Mais comme je le disais, je rivaliserais avec Disney et Pixar, et c’est impossible de se battre contre ça, c’est trop dur.
Les studios ciblent principalement les enfants. Pour vous, c’est plus facile de vous adresser aux adultes ?
Oui. Mon public visé, c’est surtout des gens de 16 à 30 ans. Ce sont les gens qui m’apprécient, car je fais quelque chose d’unique et drôle qu’ils ne peuvent pas voir à la télévision. Mon travail leur plaît, je crois, pour ces raisons.
Pour évoquer votre popularité et votre humour, on ne peut passer à côté du personnage du chien qui apparaît de film en film. Le chien est un animal familier, commun en animation, drôle, facile à dessiner. Qu’est-ce qui vous intéresse particulièrement dans ce personnage ?
La raison pour laquelle il est si populaire et pour laquelle j’aime le dessiner, c’est que les gens peuvent s’identifier à lui car il est à la recherche de l’amour, de l’amitié. Il cultive le désir que quelqu’un puisse s’occuper de lui, mais cela n’arrive jamais (rires) ! À chaque fois, il fait quelque chose de stupide : il tue son maître ou celui-ci le rejette. Je pense que les gens se disent : “Pauvre chien, il ne trouve pas son âme sœur ». Tout le monde peut s’identifier à ça car tout le monde est à la recherche de son partenaire de vie.
Parfois, on lie un animateur à un personnage. Avant celui-ci, vous n’en aviez pas trouvé ?
Non, je n’ai jamais eu de personnage. J’en ai essayé plusieurs, la plupart étaient humains et personne ne les aimait réellement. Mais quand j’ai dessiné le chien, j’ai été choqué de voir à quel point il était populaire et à quel point les gens se connectaient réellement à lui. J’avais prévu de faire un seul film, « Guard Dog », mais les gens me réclamaient plus de chiens. J’ai donc fait « Guide Dog », « Hot Dog », « Horn Dog » et le nouveau, « Cop Dog » que je prépare actuellement et que j’espère terminer cet été.
Vos personnages ne sont jamais au sol, ils sont toujours en mouvement, en train de voler. Comment cela se fait-il ?
Oui, c’est vrai, comme c’est de l’animation, ça saute, ça vole dans tous les sens. Quand j’ai fait mon long métrage « Idiots et Angels », j’ai pensé à « Peter Pan », à « Dumbo l’éléphant », aux « Ailes du désir », le film de Wenders, à La Métamorphose de Kafka dans lequel un homme se réveille le matin avec des ailes dans le dos et ne supporte pas sa condition.
« The Cow Who Wanted to Be a Hamburger » semble faire une pause dans votre « parcours canin ». Non seulement l’animal change au profit d’une vache, mais le style est différent, les couleurs sont plus saturées que d’habitude, et le film a un côté doux-amer. Dans vos films précédents, si un homme mourait à cause d’un chien, cela provoquait l’hilarité auprès du public. Ici, la relation entre une mère et son enfant renvoie à une réelle émotion.
Merci. Ce projet est lié à un autre film, « The Fan and the Flower », que j’ai fait il y a quelques années et qui a été écrit par Dan O’Shannon, un scénariste de télévision qui collabore à « Modern family », un programme très populaire aux États-Unis. Il a le talent d’arracher les émotions, de faire surgir des larmes. De même, j’ai senti que je devais essayer de devenir plus émotionnel et plus profond psychologiquement avec mes personnages. C’est ce que j’ai tenté avec ce film; je suis content que vous ayez remarqué l’émotion de l’histoire et pas seulement son humour.
Ce mélange apparaissait aussi dans « Idiots and Angels ».
Oui, je voulais faire un film plus psychologique, plus axé sur les personnages, et pas seulement autour des blagues et du sexe déjanté. Je pense que ça a plu aux gens. Ma mère l’a aimé, et elle n’aime en général pas mes films. Même si elle ne correspond pas à mon public cible, quand elle aime un de mes films, je me sens bien !
Que vous dit-elle quand vous lui montrez d’autres films ?
Elle ne veut pas les voir (rires) ! Elle a détesté « Santa, les années fascistes ».
Quelle est la place accordée à la poésie surréaliste dans vos films ?
Quand j’étais illustrateur dans les années 70 et 80, j’étais fou de surréalisme, pas spécialement poétiquement, mais surtout visuellement. Magritte, Topor, je m’y référais beaucoup dans mes illustrations. Quand je me suis mis à l’animation, ça a été naturel d’utiliser le surréalisme. D’ailleurs, mes films qui ont le mieux marché ne comportent pas de dialogues, ils ont juste une imagerie surréaliste. C’est ainsi, par mon surréalisme, que la plupart des gens savent qui je suis. Pour moi, c’est donc très important. Certaines animations américaines, comme Les Simpson, South Park ou les Disney typiques, me semblent trop réalistes. Elles ne comportent pas cette fantaisie, cette imagination surréaliste pour laquelle l’animation est parfaite.
Il y a quelques mois, une annonce a circulé sur le Web. Elle proposait aux animateurs du monde entier de se réapproprier une séquence de votre film, « The Guard Dog ». Comment avez-vous développé cette idée au nom de « Global Jam » et comment considérez-vous ces nouvelles images ?
Il y a un an, alors que j’étais à un festival en Floride, j’ai vu un film « Circle ». Le réalisateur avait récupéré sur Internet plein d’images de cercles, les avait rassemblées et en avait fait un film. J’ai trouvé ça génial et je me suis dit que j’aimerais bien refaire un film de la même manière, c’est-à-dire gratuitement. J’ai d’abord pensé à « Your Face » mais il ne comportait qu’un seul plan, ce n’était pas possible de faire des coupes, donc j’ai décidé de prendre « Guard Dog », un de mes films préférés, et de le découper en 70 plans. J’ai répandu sur le Net une question : “Aimeriez-vous vous retrouver dans un film de Bill Plympton ?” et le concept a pris. Un des plans, celui de la petite fille qui rit, est d’ailleurs composé de nombreuses images. L’animateur a lui aussi proposé sur le net de participer à son image. Il y a donc 102 petites filles qui rient dans un seul plan ! « Global Jam » est une expérience fascinante pour moi, je suis ravi que l’idée ait pris. Le film est même très bien considéré par des festivals prestigieux alors que je n’y ai rien fait (rires) !
Combien de réponses avez-vous eu ?
Plus de 200 personnes ont voulu y participer, mais nous ne pouvions pas prendre tout le monde. Nous n’avions pas d’opinion critique, le talent n’était pas pris en compte. N’importe qui pouvait participer, les premiers arrivés étaient les premiers servis. Au final, on trouve un amateur chinois de dix ans comme un animateur professionnel de chez Disney.
Hormis les questions de production, qu’est-ce qui vous intéresse dans la forme courte ?
J’aime les films courts. C’est un genre génial, sous-estimé. Vous pouvez raconter des histoire magnifiques, complexes et très profondes dans un laps de temps court. J’aime le format, j’espère pouvoir continuer à en faire longtemps. Cet hiver, j’ai fait quatre courts en l’espace de quelques mois, en plus, ils me font gagner de l’argent car ils sont très populaires.
Votre travail est très respecté en Europe. Est-ce parce que vous avez un point de vue subversif sur votre pays ?
Non, je crois que je suis populaire ici pour d’autres raisons. L’une d’elles est que je m’occupe de tout sur mes films. Je réalise, j’écris, je fais toute l’animation, la colorisation, les décors. C’est quelque chose d’unique, et je crois que les Européens le comprennent. Une autre raison est que mes films ne sont pas pour les enfants, mais pour les adultes. Je pense que les Européens approuvent mieux les films d’animation pour adultes, comme « Les Triplettes de Belleville », « Persepolis » et « Valse avec Bachir ». Aux États-Unis, on ne peut pas vaincre Disney et on ne représente pas les tabous comme ça. Les Européens l’acceptent dans le dessin, et je crois aussi qu’ils m’apprécient parce que je suis indépendant. Je ne dépends pas des studios hollywoodiens, du gouvernement ou de diverses sociétés, ce n’est que mon argent qui finance mes films. Par contre, je ne pense pas que je suis si critique envers les États-Unis, je sais que beaucoup de gens n’aiment pas ce pays, ça ne me dérange pas, mais moi, j’aime l’Amérique et je suis heureux d’y vivre. Ma critique porte plus sur le “big money, big business, big ego”.
Pensez-vous que la situation pourrait changer aux États-Unis ?
Elle est lentement en train de changer, en partie à cause de moi mais aussi grâce à de nouveaux jeunes animateurs qui veulent faire des films indépendants et développer des idées d’adultes. L’arrivée du roman graphique et les bandes dessinées pour adultes jouent aussi. En Europe, elles sont apparues il y a 30 ans, aux États-Unis, elles sont plus récentes. Les mœurs commencent à évoluer, les gens aussi.
« It was on earth that I knew joy » est un titre qui interpelle. L’évocation d’un film qui éveille la curiosité sans doute car lorsque l’on apprend son existence, il n’est pas encore visible, mais également parce qu’il est présenté comme un hommage à « La Jetée » de Chris Marker. Il n’en aura pas fallu plus pour se saisir de l’agenda. Une date de diffusion annoncée : 9 mars 2011, un site internet : Fubiz, le rendez-vous était pris !
Prenons un réalisateur trentenaire tout droit sorti de la prestigieuse Fémis (Jean-Baptiste de Laubier), auquel nous aurons le soin d’ajouter une référence cinématographique illustre (« La Jetée » de Chris Marker), et des images d’illustration du film lumineuses qui présagent d’une belle photographie (visibles sur le site du producteur et sur la page Facebook dédiée au film). Voilà des bases artistiques rassurantes pour un projet de court métrage.
Ajoutons à cela, une production maline, non spécialisée en cinéma mais plutôt en culture urbaine au sens large, qui a le vent en poupe (Sixpack France à ne pas confondre avec la société de distribution autrichienne Sixpackfilm). La touche finale vient avec la mise en place de la diffusion en exclusivité sur un site internet. Un Buzz organisé en quelque sorte…
Jean-Baptiste de Laubier pose rapidement le décor : l’hommage ouvert. On retrouve de façon tout à fait explicite de nombreuses références à « La Jetée » : un récitant, une fin du monde, un lexique même… Pourtant, le réalisateur propose également, et c’est ce qui fait surtout l’intérêt du film en terme de création, un travail sur le souvenir et sur l’image de l’enfance.
Il s’extrait alors un peu de son hommage à Marker en proposant une vision personnelle du souvenir. Il ne s’engouffre pas dans l’interprétation fade du film, et propose une re-création ancrée dans un cinéma très actuel voire un peu trop clippesque mais dotée d’un travail visuel assez fascinant. Il filme des images de différents espaces du globe qu’il monte dans un rythme effréné où le temps n’a plus de sens. Ces sortes d’hallucinations » visuelles font sens quand elles sont données comme les symboles de la forme que peuvent prendre les souvenirs humains, un peu flous, muables…
De Laubier réussit à donner de la fragilité à ce qu’il met en image. Les hommes que l’on voit à l’écran sont filmés tels des fantômes tantôt en contre jour, tantôt flous ou encore voilés. Ils perdent leurs contours comme on perd la mémoire des visages au fil du temps. Rien ne semble prêt à être fixé éternellement dans une mémoire si celle-ci est humaine.
Face à cette fragilité sensible, il oppose dans sa mise en scène, la froideur d’un matériel technique d’enregistrement volontairement désuet. En effet, le film est sensé proposer une action en 2090 après la disparition de la vie humaine sur terre. De Laubier a pris le parti de mettre en scène un dialogue entre deux « personnages robotiques » : un magnétophone à bandes et l’objectif d’une caméra dotés de la parole. Ces objets, très ancrés dans la réalité des années 2010, semblent évidemment anachroniques dans une vision du futur de 2090. Ce choix un peu déroutant fait sans doute partie de l’hommage mais décale également le récit dans un fantasme de science-fiction à l’ancienne. De Laubier ne cherche pas la crédibilité du récit, son propos est au-delà, plus universel.
« It was on earth that I knew joy » ne restera peut être pas gravé dans l’histoire du cinéma, mais le film propose une interprétation moderne de la place de l’humanité dans un environnement imprévisible et fragile. Le réalisateur réussit dans ce film d’anticipation à captiver sur la durée le spectateur grâce à une atmosphère qui oscille entre l’onirique et le cauchemardesque.
Les films d’écoles offrent un intérêt particulier pour l’amateur de l’animation – ce genre à potentiel illimité où toute représentation imaginable semble réalisable –, dans la mesure où ils montrent à la fois une certaine fragilité chez ces artistes en bourgeon et une fraicheur désinhibée résultant d’une imagination riche. Ce n’est donc guère étonnant qu’Anima, le premier festival belge de l’animation, ait consacré deux séances de courts aux films d’écoles internationaux. Coup d’œil sur quatre coups de cœur.
D’une rare crudité d’Émilien Davaud, de Jérémy Mougel et de Marion Szymczak
Ce film collectif parvient de Supinfocom (Arles) et dépeint un monde de plantes anthropomorphisées, où chaque fleur, chaque fruit et chaque feuille a un visage et des sentiments humanisés. La scène se présente comme une corne d’abondance dans laquelle la naissance, la croissance et la mort se suivent dans une danse cyclique, rythmée par les airs bouffons d’une trompette moqueuse. Esthétisée à souhait, cette idylle verte donne à voir une toute autre façade de la nature, affreuse, inexorable et surtout arbitraire. En suscitant une véritable empathie végétale capable de plonger même des végétaliens dans une crise éthique – chose pour le moins originale -, le film sort le spectateur de ses références anthropocentriques. En même temps, il s’avère curieusement pertinent au regard de l’actualité mondiale, par sa réflexion sur la Nature capricieuse et les conséquences dramatiques sur les habitants de la Terre. Convenablement située entre simplicité et recherche, sur le plan de la forme et du contenu, cette « rare crudité » est à la hauteur de son titre et de tous les jeux de mots que celui-ci évoque.
Farat de Velislava Gospodinova
Court métrage bulgare issu de la New Bulgarian University, « Farat » est un tour de force qui montre parfaitement la versatilité du genre animé. Doublement citationnel, le film met en images une interprétation du poème « Le gardien du phare qui aimait trop les oiseaux » de Jacques Prévert, avec comme partition le célèbre Prélude en do dièse mineur pour piano de Rachmaninoff. Amoureux des oiseaux, le gardien ne peut supporter qu’ils meurent en masse contre les vitres de son phare et, son amour vainquant sa conscience professionnelle, il décide d’éteindre le sémaphore, ce qui provoque ironiquement le naufrage d’un cargo de milliers d’oiseaux. Le parti pris de Gospodinova de s’éloigner de l’humour noir et de la rhétorique quelque peu prosaïque des vers de Prévert (Les oiseaux il les aime trop | Alors il dit tant pis je m’en fous) dote le film d’une gravité et d’un côté dramatique puissant. En même temps, à l’aide du travail musical turbulent et morcelé de Tsvetan Chobanoff, la réalisatrice parvient à traduire avec justesse le symbolisme du poème à l’image (la récurrence du mot “milliers” à travers la surcharge dans le dessin, le chagrin exagéré de l’homme tourmenté, …). Avec son dessin incisif, surréaliste et agité, « Farat » réussit son pari ambitieux d’adapter une œuvre littéraire à l’écran.
Cardboard de Sjors Vervoort
Sur fond d’images live action de la ville se muent des morceaux de carton animés. Avec une vitesse comparable à celle du battement empressé du paysage urbain qu’ils traversent, ils se présentent tantôt comme de petites bêtes furtives tantôt comme des objets monumentaux. Le matériau devient le sujet même et l’hybridité des médiums se fait outil de narration. Entre du Time-Lapse et du Street Art, cette animation hétéroclite brouille les pistes de la perception et ce faisant, poursuit la tendance popularisée par l’artiste-phénomène Blu (« Muto », « Big Bang Big Boom »), même si le travail de graffiti urbains de ce dernier paraît d’emblée plus audacieux car plus “réel”. Néanmoins, sur le plan purement cinématographique et malgré des limitations narratives, Sjors Vervoort parvient à rendre son expérience hybride plus percutante et plus fraîche que la technique monotone de l’Italien, notamment grâce à la durée succincte et au rythme entrainant de « Cardboard ».
Mumkin Boukra de Thibault Huchard
Diplômé de l’École de dessin Émile Cohl de Lyon, Thibault Huchard livre avec « Mumkin Boukra » une animation, une adaptation elle-aussi, sur le récit-cadre des “Mille et Une Nuits”, qui raconte la jalousie et la vengeance d’un Sultan rendu cocu par une de ses femmes et la rencontre avec Shéhérazade, la conteuse des mille et une histoires.
Tant dans l’image que dans la bande-son, l’orientalisme règne, mais toujours avec goût et raffinement. Les plans fluides coulent les uns dans les autres, comme autant d’images associatives qui s’ensuivent dans un kaléidoscope illustrant tour à tour les éléments du récit, le passage du temps et le symbolisme psychologique derrière l’action. De ce point de vue, l’esthétique de Huchard n’est pas sans rappeler le travail de Florence Mihaile, personnage redoutable dans l’animation française.
En tant que film “muet”, « Mumkin Boukra » assume les codes du cinéma muet. Notamment, la part majeure de la narration s’effectue par le biais d’intertitres. Mais loin des simples textes superposés entre les plans, ceux-ci font intégralement partie de l’image et achèvent ce “macabre festin” en s’envolant dans un nuage de calligraphie esthétisée représentant le pouvoir de la narration.
Synopsis : Un sultan découvre sa femme dans les bras d’un autre homme. Il fait exécuter les amants et s’abandonne à une rage vengeresse, jusqu’à l’arrivée de Shéhérazade…
Synopsis : La vie est absurde, et le jeu du destin parfois cruel. Quelles conséquences peuvent survenir d’une décision faite par amour ? Mort, souffrance ? D’après le poème « Le gardien du phare aime trop les oiseaux », de Jacques Prévert.
Du 6 au 11 avril 2011, se dérouleront les 8èmes Rencontres européennes du moyen métrage de Brive, organisées par la Société des Réalisateurs de Films. Films de genre, portraits, journaux intimes, fictions, documentaires de création, films expérimentaux, … : 21 regards éclairés de jeunes auteurs européens, pour certains en première mondiale, seront proposés tout au long de la semaine du festival.
Sélection 2011
Because we are visual de Gerard-Jan Claes et Olivia Rochette/Belgique / 2010 / Expérimental / 47 minutes
Broadway de Aminatou Echard – 1ère Monde – / France / 2011 / Documentaire / 50 minutes
Doté d’une jaquette signée du dessinateur belge François Schuitten, le DVD Best of Anima n°7 regroupe l’ensemble des courts métrages primés au Festival d’animation Anima en 2010. La galette contient pas moins de neuf courts métrages d’animation aux styles variés, accompagnés de quelques bonus (bande-annonce, autoportraits). Le DVD est édité par Folioscope, en collaboration avec Cinéart.
Il y a dans ce DVD quelques oeuvres illustres, multi-récompensées et diffusées, comme « Logorama » des H5 (produit par Autour de Minuit), lauréat d’un Oscar en 2010 et d’un César en 2011, et « Madagascar, Carnet de Voyage » de Bastien Dubois (produit par Sacrebleu), nominé aux Oscars en 2011.
On y trouve également l’oeuvre expérimentale de Gil Alkabetz sur le tableau de la Cène de Da Vinci, le fascinant et déconstruit « Der Da Vinci Timecode », lauréat d’un coup de coeur en 2010, ainsi que le fan film impressionnant de Bruno Collet sur Bruce Lee, « Le Petit Dragon » (produit par Vivement Lundi !), véritable ode au maître d’arts martiaux qui raconte comment une figurine à son effigie prend vie dans la chambre d’un fan et se frotte à divers dangers environnants ; un court très maîtrisé techniquement, notamment dans son mélange d’animation en volume et de prises de vues réelles, et qui porte un regard d’enfant, généreux et plein d’authenticité, sur son sujet.
D’autres oeuvres viennent enrichir la sélection, comme « Orsolya » de Bella Szederkenyi, film étudiant narrant l’histoire d’une jeune fille, mal dans sa peau, qui se déplace de manière particulière, la tête à l’envers. Ayant du mal à s’intégrer à la société, elle essaye de trouver une utilité à ce « moyen de locomotion », en offrant ses services pour attraper des objets ayant roulé sous les meubles, hors de portée des gens. C’est alors qu’elle fait la rencontre d’un homme se réfugiant sous un lit, qu’elle l’aide à en sortir, et qu’un amour naît entre eux deux. Voilà une jolie historiette soutenue par un trait simple mais assuré.
« Au Bal des Pendus » de Johan Pollefoort (produit par Les Films du Nord, La Boîte,… et le CCRAV), propose, lui, un univers poétique radical, sombre et surréaliste, au graphisme hachuré, avec une mixité de styles et de techniques, à base de retouches et d’assemblages divers. Il y est question d’une fanfare d’animaux exécutant une danse macabre dans un style jazz hip hop, de fantômes squelettes dans un hôpital, d’un homme en armure jouant aux échecs avec la Mort. Rempli de symboles, de références et d’images fortes, ce petit ovni s’inscrit durablement dans notre mémoire et n’a pas démérité son prix SACD.
« Divers in the Rain » d’Olga et Priit Pärn est un film estonien qui a obtenu le Grand Prix d’Anima 2010 du meilleur court métrage international, suivi d’une belle carrière en festivals. Réalisé à deux mains, dans deux styles différents mais complémentaires (un style associé à chaque personnage principal), ce court raconte un amour à distance entre un plongeur et une dentiste qui exercent leurs talents à deux moments différents de la journée (le jour pour le plongeur, la nuit pour la dentiste). Ils ne peuvent se voir que par intermittence, ce qui met en péril leur couple. Oeuvre protéiforme, cultivant le burlesque à la Jacques Tati, « Divers in the Rain » distille une grande mélancolie et adopte un ton doux-amer tout au long de son récit. Le film est traversé d’images saisissantes comme ce paquebot sorti de nulle part qui coule lentement (symbole du couple qui se noie), mais aussi ces cauchemars terrifiants faits par la femme, trahissant un sentiment de peur quant à l’avenir. Une oeuvre complexe et pas facile d’accès, mais qui vaut le détour de par sa richesse thématique.
Deux oeuvres finissent de nous enivrer, il s’agit en premier lieu de « Grise Mine » de Rémi Vandenitte (réalisé au sein de l’atelier de La Cambre), fable ironique sur les problèmes engendrés par le progrès industriel. Nous suivons un mineur, victime d’un coup de grisou, errer sans but, coincé sous les profondeurs de la terre. Il doit trouver de quoi se nourrir pour survivre et ne pas céder à la folie. Un jour, il déniche une sortie et réapparaît à l’air libre, seulement, le monde tel qu’il le connaissait a changé, les mineurs sont maintenant des automates et la mine est devenue une attraction touristique. Dans un noir et blanc somptueux, jouant sur la lumière et les ombres, « Grise Mine » porte un regard critique et désabusé sur la société du travail prônée par notre monde moderne, qui pratique le profit au détriment de l’humain. Un propos servi par une narration simple et efficiente (l’utilisation de l’ellipse est brillante), et une grande légèreté dans le traitement.
La deuxième oeuvre en question, « Aral » de Delphine Renard et Delphine Cousin (produit par l’atelier collectif Zorobabel), parle aussi de la fin d’un monde, à savoir, comme l’indique le titre, celui de la mer desséchée d’Aral, en Asie centrale. Catastrophe environnementale due au détournement de plusieurs fleuves pour des considérations purement économiques, l’assèchement de la mer d’Aral a appauvri la région et les gens qui la peuplaient. Dans ce contexte réel, le récit se concentre sur un jeune garçon, confié à un oncle violent, qui tente désespérément de convaincre son meilleur ami de rester avec lui, au lieu de vouloir fuir ce lieu désertique avec sa famille. Parallèlement, l’oncle essaye de s’enfuir de son côté avec l’aide d’un passeur. Finalement, le passeur arnaquera l’oncle et le garçon parviendra à monter de manière clandestine à bord de la voiture familiale de son ami, qui l’accueillera à bras ouverts. Fable optimiste et mélancolique, Aral étonne par la justesse psychologique de ses protagonistes et la délicatesse dont les réalisatrices font preuve pour évoquer ce désastre écologique et social.
Synopsis : Lucille, une gardienne de phare solitaire, cherche un compagnon sur le Net. Oubliant les dangers de la drague par Internet, elle prépare un dîner romantique en tête-à-tête.
Genre : Animation
Durée : 3’36 »
Année : 2010
Pays : Royaume-Uni
Synopsis : Lucille, une gardienne de phare solitaire, cherche un compagnon sur le Net. Oubliant les dangers de la drague par Internet, elle prépare un dîner romantique en tête-à-tête.
Réalisation : Nigel Davies
Scénario : Nigel Davies
Son : Kim Christensen, Gary Mcintyre
Montage : Dan Williamson, Nikk Fielden
Animation : Theresa Whatley, Jo Hepworth, Nigel Davies, Eve Coy, Andy Lavery
Co-fondateur du studio Aardman connu et reconnu pour son savoir-faire en matière de pâte à modeler et et son panel d’animateurs maison talentueux (Nick Park, Darren Walsh, Peter Peake, Luis Cook, Richard Goleszowski, …), Peter Lord était l’invité du festival Anima ces jours-ci. Co-auteur avec Nick Park de « Wallace et Gromit », co-réalisateur de « Chicken Run », il revient sur ses débuts dans l’animation, le style Aardman, l’évolution des techniques et l’importance du réalisme. Discussion sur fond de petits miracles et d’accent franco-anglais.
On connait bien Aardman, moins ses débuts, en 1972. Comment les choses ont commencé pour vous et David Sproxton, le co-fondateur du studio ?
J’ai rencontré David à l’école, à l’âge de 12 ans, et aujourd’hui encore, on travaille ensemble. On a commencé à animer des papiers découpés pour le plaisir de l’expérimentation car son père avait une caméra. Si il n’en avait pas eu une, nous n’aurions probablement jamais commencé. L’animation est une activité très prenante, très excitante. C’est une opération répétitive, une façon très étrange de passer sa journée, mais à la fin, quelque chose de l’ordre du miracle apparaît à l’écran.
Nous avons eu de la chance car le moment était propice. On connaissait quelqu’un à la télévision lié à « Vision on », un programme pour enfants qui utilisait différents styles d’animation. À l’époque, il n’y avait pas beaucoup d’animateurs professionnels, les films étaient plutôt amateurs. David et moi, nous étions de très jeunes amateurs et la télévision nous a acheté un film.
Quel type d’histoires racontiez-vous à cette époque ?
Les premières images ne comportaient pas d’histoire du tout, c’était juste des fragments qui bougeaient. Après, on a décidé de raconter une histoire, une blague, un gag. Si nous n’avions pas fait cela, nous ne l’aurions jamais vendue parce que personne n’aurait été intéressé juste par des fragments en mouvement. Notre film durait 20 secondes, c’était l’histoire d’un type qui, en marchant, rencontre un trou noir dans le sol, le tâte du pied, le traverse sans tomber, fait trois autres pas et tombe dans un trou invisible. Il disparaît, sa main ressort et tire le trou. Cette histoire est simple, mais elle a sa forme. On a appris des choses sur l’importance des personnages seulement par la suite. « Vision on » nous a acheté des courts métrages pendant trois ou quatre ans, et pendant ce temps, on a appris à raconter des histoires, à animer, à manier l’artisanat. Quand on a commencé, notre carrière a démarré petit à petit. Comme il n’y avait pas de marché en Angleterre, c’était très dur de vendre un film. Ça a pris du temps, peut-être 20 ans pour développer Aardman.
Dans vos productions, vous privilégiez une approche très réaliste, que ce soit dans la lumière, les décors, les mouvements de caméra, etc. Pour quelle raison ?
Oui, ce que nous faisons est très réaliste. Nos personnages sont ancrés dans la réalité. Comme on travaille avec des marionnettes, des espaces et des objets réels, je crois que ça encourage à une certaine forme de naturalisme. Dans beaucoup de films d’animation américains, les personnages bougent de manière très violente, avec des grands mouvements extravagants, pour amuser les enfants, à la manière d’un spectacle. Je ne pense pas en fonction de ce rythme, je pense seulement en termes de performances très réalistes. Pour moi aussi, l’animation doit être exagérée et simplifiée, mais elle doit se baser sur la réalité. Nous aimons suggérer à notre manière que le monde n’est pas que le plateau. De petites indications sont censées signifier que quelqu’un a vécu là vingt ans avant qu’une caméra n’apparaisse.
Pour vous, la réalité, c’est la vérité ?
De différentes manières, on essaye de suggérer la vérité, mais visiblement, tout ce qu’on fait est un grand mensonge (rires) ! Si le spectateur croit dans le personnage et la situation, alors, l’histoire fonctionne. Si il n’y croit pas, c’est plus compliqué. Il faut aussi prendre en compte la manière dont il va réagir à l’histoire. J’aime l’idée que le spectateur ait de l’empathie pour le personnage, comme quand Wallace dit quelque chose de stupide et que Gromit lève les yeux au ciel. Les gens croient en lui, comprennent ce qu’il ressent, ils ont de l’empathie pour lui, comme ils en auraient dans la réalité.
Est-ce que vous demandez aux animateurs qui travaillent avec vous de faire preuve d’empathie, de croire dans leurs personnages ?
Oui, on en parle beaucoup. Pour moi, c’est naturel mais parfois, je vois que les animateurs n’y pensent pas. L’animation, spécialement celle des marionnettes, est à la fois un art et un artisanat. Quand vous jouez au piano, ce qui compte, c’est l’expression et la dextérité, mais parfois, les gens sont seulement intéressés par la maîtrise parfaite de la technique et pas par ce que dit la musique. Même chose avec l’animation, certains animateurs sont presque surpris quand vous leur parlez des pensées, des sensations et des motivations des personnages.
Chez Aardman, la famille s’agrandit avec le temps, avec des profils et des films très contrastés. Les films de Nick Park ne ressemblent pas à ceux de Peter Peake ou de Darren Walsh.
Ce qui est étonnant, c’est que beaucoup de réalisateurs ont fait des films chez Aardman et qu’en fait, Nick Park est le seul à faire des choses gentilles ! Peter Peake, Darren Walsh, Richard Goleszowski, Luis Cook, aucun d’entre eux ne veut créer des personnages aimables et adorables ! Les gens pensent qu’à Aardman, on accumule les personnages drôles, mais la plupart ne le sont pas. Quand Richard Goleszowski, a commencé chez nous, je pense que ça a été dur pour lui car les clients voulaient des films drôles et réclamaient le style Aardman, sauf que n’était pas ce qu’il avait envie de faire.
Ça veut dire quoi le style Aardman ?
Je ne sais pas ce que ça veut dire, excepté quelque chose de très ancré dans la culture et les références anglaises, et un intérêt assez grand pour le naturalisme, la réalité, la vie de tous les jours. Mais quand les gens parlent du style Aardman, ce qu’ils veulent vraiment, c’est deux gros yeux et une grande bouche sur un visage, c’est-à-dire le style personnel de Nick.
Dans le court « Blind Date » de Nigel Davies présenté cette année à Anima, Aardman travaille avec de l’animation traditionnelle. C’est quelque chose qu’on avait déjà remarqué avec « The Pearce Sisters » de Luis Cook. Est-ce que cela correspond à un vœu de laisser de côté la pâte à modeler ?
Ce n’est pas un vœu. On ne s’est jamais assis en réunion en disant : “Cette année, Messieurs, nous avons besoin d’animation traditionnelle” (rires) ! Nigel collabore avec nous depuis longtemps, comme freelance, il dessine très bien et n’avait pas fait de film personnel depuis l’école. Il est venu avec une idée qu’on a trouvé bonne et on a fait le film ensemble. On aime l’animation en volume à Aardman, c’est notre spécialité, notre histoire, notre base, on espère ne jamais la changer, mais on s’intéresse aussi à l’infographie, à l’animation Flash, au dessin traditionnel. Personnellement, cela m’importe peu de savoir comment l’animation est faite à partir du moment où elle est de qualité.
Wallace et Gromit sont revenus au court après « Le Mystère du lapin-garou ». Quelle est la place du court métrage chez Aardman ?
Comment dites-vous en français ? Lapin-garou.. Garou.. Tiens… A vrai dire, la place est très complexe. Je fais attention aux courts métrages, j’assiste à un festival qui les met en avant, vous mêmes, vous êtes spécialisés dans ces films courts, mais pour nous, à Aardman, c’est très difficile de les financer. Par exemple, je suis très fier des « Pearce Sisters », mais c’est un film qui a nécessité beaucoup, beaucoup d’argent. Il n’a évidemment pas coûté plus cher qu’un « Wallace et Gromit », mais ça reste un budget important car le film a demandé une grande équipe et car Luis est un grand, un terrible perfectionniste ! C’est vrai qu’on investit bien plus à Aardman sur « Wallace et Gromit », mais nous sommes confiants, nous nous disons que les fonds dégagés reviendront dans les prochaines années. Sur un film comme « The Pearce Sisters », on investit énormément en étant confiants : l’argent ne reviendra jamais (rires) !
Alors que vous préparez votre prochain long métrage, « Pirates ! », comment voyez-vous vos tout premiers films, alors que les techniques se sont considérablement développées depuis vos débuts ?
Ça fait longtemps que je ne les ai pas revus. Mes films n’étaient pas parfaits, ils ont un côté primitif, mais parfois, ils comportent de bonnes idées, comme « Adam ». J’ai revu récemment le tout premier épisode de « Morph », une série apparue en 1977. L’histoire est ahurissante, je me demande comment on a pu nous payer pour ça ! Pour la technique, je crois, car personne d’autre n’avait fait animer, vivre et penser un morceau de pâte à modeler. Quand on voit les films d’il y a quelques années, techniquement, ils étaient inférieurs. Dans les écoles de cinéma, on pouvait juger derrière les mauvaises techniques si l’idée était bonne ou pas. Aujourd’hui, les idées ne sont pas spécialement meilleures qu’il y a vingt ans, mais les techniques sont tellement sophistiquées, font tellement “pro” que parfois elles dépassent l’histoire.
En presque 40 ans de travail, excepté votre identité, qu’est-ce que vous croyez avoir créé à Aardman ?
Manifestement, nous avons crée quelque chose qui sera dans les livres d’histoire de l’animation. Avant Aardman, il n’y avait pas vraiment de studio reconnu dans le pays. La chose la plus importante qu’on ait faite, c’est de développer à Bristol une petite culture de studio qui s’est petit à petit répandue dans le monde. À Aardman, nous sommes intègres, altruistes, drôles, terriblement démodés, peu intéressés par l’ego, l’ambition et la compétition. J’espère que le studio restera debout pour ça, qu’il se maintiendra encore pendant 40 ans. Vous savez, dans notre ville, à Bristol, les gens disent qu’on est important. Quand vous arrivez à l’aéroport de Bristol, vous êtes accueillis par le sourire de Wallace et Gromit ! À Bristol, les gens sont fiers des avions, des montgolfières et d’Aardman. La ville s’identifie à nous, c’est plutôt bien !