« Miramare » est un film d’école, de ceux réalisés pour un diplôme de fin de cursus (d’où sa présentation aux rencontres Henri Langlois). Michaela Müller, sa réalisatrice d’origine suisse, n’est pourtant pas une étudiante comme les autres. Plus de dix ans se sont écoulés entre son premier diplôme obtenu en 1998 à l’école d’art et de design de Luzern et celui obtenu à l’académie des Beaux Arts de Zagreb en 2009 où elle réalise « Miramare », son premier film.
Dès lors, on comprend mieux la maîtrise absolue de sa technique (la peinture sur verre) et la maturité qui en ressort. On pense bien sûr au maître incontesté du genre Georges Schwizgebel, suisse lui aussi, dont on ressent l’influence sans que la comparaison vienne pour autant diminuer la prouesse visuelle obtenue par la réalisatrice.
Le sujet choisi, celui du tourisme de masse confronté à l’immigration clandestine, surprend et réjouit tant il s’éloigne du principe de séduction. Michaela Müller traite son sujet comme sa peinture, sans lourdeur, par touches quasi abstraites. Les mauvaises langues diront qu’elle finit par le survoler mais cette distance apporte au film son caractère et son identité.
Atom Egoyan, juré de la Cinéfondation au dernier festival de Cannes ne s’y était pas trompé en déclarant ici même, sur Format Court que « Miramare » était » un pur chef d’œuvre ». Depuis Cannes, le film a été projeté dans plus de 40 festivals et continue aujourd’hui sa course à travers les frontières européennes et internationales. Ce mois-ci, on le retrouve notamment à Poitiers, à Vendôme et aux Arcs.