Présent depuis une décennie dans le paysage du court métrage expérimental, Daniel Zimmermann vient des Beaux-Arts et a pour signe distinctif d’être sculpteur sur bois. Tout son travail s’articule autour de ce matériau naturel redessiné par les mains de l’homme. Avec « Stick climbing », ce Suisse reste fidèle à ses sujets favoris : la montagne et les baguettes de bois, le tout mis en scène dans un ample mouvement en trois temps qui part du sommet de la montagne, pour descendre dans la vallée et enfin gravir le massif. Un programme de prime abord surprenant et au final plutôt captivant présenté en compétition à la Berlinale 2011.
La descente
Le film s’ouvre sur une descente vertigineuse vers un village alpin suisse. La caméra saisit l’attention du spectateur dans un mouvement descendant lent et fluide qui dévoile peu à peu l’environnement dans lequel Daniel Zimmermann va réaliser une certaine prouesse technique et expérimentale. En off, des voix lancinantes qui récitent quelque chose dans une langue aux accents germaniques. En in, une paroi rocheuse noire, hostile et sauvage, d’une verticalité étourdissante, puis un clocher, la paroi d’une église faite d’une pierre taillée, comme domestiquée par l’homme.
La déambulation horizontale
La descente s’achève sur la découverte, à hauteur d’homme, d’un village niché dans la montagne. Zimmermann propose une traversée pittoresque, agrémentée de tout ce que peut inspirer le folklore suisse : des chalets, des pins, des femmes en costumes (qui ressemblent à s’y méprendre aux poupées sous cloche collectionnées par nos grands-mères), des musiciens… De cette partie du film, on retient surtout le plan séquence en steadycam qui produit toujours un bel effet de fluidité assez enivrant.
L’ascension
La vraie surprise du film se dévoile dans ce dernier mouvement : l’ascension de la montagne. A ce moment, l’expérience artistique prend le pas sur la simple prouesse technique. Le spectateur entre littéralement dans la peau d’un grimpeur chevronné. La prise de vue est réalisée de telle sorte que l’œil est au plus proche de la paroi, presque contre elle. La caméra rampe, furète, s’accroche à la matière minérale.
Jamais le corps du grimpeur n’apparaît à l’écran, pourtant, la présence humaine est sensible. Le son de la respiration haletante du grimpeur, contribue au fait que le spectateur s’imprègne de la difficulté de l’ascension. Celui-ci ne peut que s’engager avec le grimpeur dans la quête du sommet de cette montagne aux allures de forteresse.
Le guide
Fils conducteurs de son œuvre, les bâtons de bois brut de Daniel Zimmermann sont omniprésents dans ses films et ses installations. Dans « Stick climbing », 2 longs rails de bois sont posés à même la roche comme des veines saillantes. Ils sont les guides du grimpeur, la trace à suivre…mais également le lien qui rapproche l’homme de la nature.
« Stick climbing » procure cette agréable et futile sensation d’accomplissement, d’achèvement, qui saura satisfaire ceux qui auront été captivés par le voyage proposé par le réalisateur. Dans une autre mesure, le film représente toute la capacité de Zimmermann à tirer profit d’un matériau unique pour renouveler sa proposition artistique à chaque création.