Le 33° Festival du court métrage de Clermont ouvre cette année une programmation spéciale dédiée au thème du conte avec trois séances rétrospectives où figurent entre autres la « Cendrillon » de Georges Méliès et l’indémodable « Petit Chaperon Rouge » de Tex Avery. Le conte de Charles Perrault est d’ailleurs particulièrement mis à l’honneur puisqu’il inspire pas moins de dix films sur les vingt-quatre projetés. Parmi eux, «Le Dernier Chaperon Rouge » de Jan Kounen, une super production de 26 minutes avec un générique digne d’un long.
Le Petit Chaperon Rouge version Jan Kounen mêle avec subtilité la naïveté naturelle des contes pour enfants et l’univers fantastique des films d’épouvante. Si l’on retrouve les personnages principaux imaginés par Perrault, l’adaptation du scénario nous transporte dans un monde où des chaperons sortent d’une fusée nucléaire venue du centre de la terre pour tomber nez-à-nez avec un monstre mi-homme mi-machine interprété par l’inquiétant Marc Caro. Le personnage de Mère-Grand devient celui de la vieille femme aux jambes tordues, ancien petit chaperon mutilé qui court après ses rêves de jeunesse pour récupérer les jambes qui la faisait danser. Car le film de Jan Kounen est aussi une comédie musicale où dans une forêt magique, les animaux, les champignons et les minéraux chantent et dansent autour des chaperons dans des mouvements chorégraphiques particulièrement efficaces et parfaitement filmés.
Le dernier chaperon rouge, interprété par Emmanuelle Béart chante avec charme l’innocente vision de l’amour et de l’enfance, alimentant la convoitise de la vieille dame, mais aussi celle du loup. Interprété par un Gérald Weingand plus que convaincant, le loup dévoré de désir amoureux pour ce petit chaperon, est en proie à une lutte intérieure pour tenter en vain d’échapper à sa propre nature. Avec des costumes et des décors bluffants, des mouvements de caméra percutants, des effets spéciaux admirablement orchestrés, «Le Dernier Chaperon Rouge » nous fait pénétrer dans une atmosphère hallucinatoire, à la fois drôle et effrayante, revisitant dans une version pour adultes le conte de notre enfance.