« Big Bang Big Boom » est la nouvelle merveille de Blu, street artist spécialisé dans le graff animé, qui nous avait précédemment éblouis avec « Muto » et « Combo » (co-réalisé avec David Ellis). Le public du Festival de Clermont ne s’est pas trompé en lui offrant le bien nommé Prix du Public cette année. Prix mérité et logique, vu l’engagement de l’artiste auprès de ses fans, lui qui tient à ce que ses œuvres soient largement diffusées sur internet avant toute diffusion en festival.
« Big Bang Big Boom » commence sur une représentation du Big Bang, qui donne naissance à des premières formes de vie. Ces formes s’aventurent dans différents décors, puis commencent à évoluer vers des organismes plus complexes. Cependant, elles se heurtent à des problèmes d’environnement et se font manger à chaque fois par quelque chose de plus grand et de plus évolué qu’elles. Au fur et à mesure, les formes deviennent des animaux aquatiques (magnifique représentation de la mer et de ses occupants sur tout un pan de maison), puis des reptiles et des sauriens (passage dantesque sur la façade d’un mur avec des dinosaures toujours plus énormes, se dévorant entre eux). Une comète arrive et extermine cette « ère » pour laisser la place à un « singe se relevant » et évoluant vers une forme plus humaine. Tout autour d’un silo industriel, nous assistons alors à une succession de dessins d’hommes à différentes époques de l’histoire, prenant chacun une arme en main. Un compte à rebours sonore est enclenché et le dernier homme dessiné presse la détente de son arme ; le projectile fait le tour du silo et par un subtil jeu de perspective, les hommes se tuent eux-mêmes. La vidéo finit sur une apocalypse nucléaire qui détruit la terre entière : le fameux Big Boom.
La grande force de Blu est le mouvement, la qualité de son animation, son talent à donner vie à ses graffs par petites touches. « Big Bang Big Boom » ne déroge pas à la règle et se pose en vidéo ovni, lieu de transformations improbables, d’idées visuelles toujours plus poussées, avec, omniprésent, cet humour noir, vache, flirtant avec le surréalisme. Blu explore toutes les possibilités de sa technique et met en scène de multiples interactions avec des éléments du décor (animation d’une poche en plastique qui s’envole et évoque le mouvement d’une méduse, puis se transforme en une méduse animée ; animation d’une tortue avec des éléments de récupération ; construction d’une boule de détritus avec tous les éléments abandonnés d’une plage ; camion qui prend vie et attaque un pauvre animal passant par là), mais aussi, et c’est une grande première, avec des humains (un dinosaure émet un rugissement puissant qui fait s’envoler une dame au passage. Il utilise également plus de couleur qu’à l’accoutumée et laisse une part importante au design sonore assuré par son comparse Andrea Martignoni.
Avec cette vidéo, l’artiste italien a voulu donner, non sans humour, son point de vue sur le commencement et l’évolution de la vie, et comment il pense que cela pourrait se terminer. Il interroge l’humanité sur son futur (que faisons-nous pour éviter une telle catastrophe ?), et réussit à éviter les pièges du message asséné avec lourdeur grâce à ce ton qui le caractérise, empreint de liberté et de fraîcheur.
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Article associé : l’interview d’Andrea Martignoni