« Siemiany » est un petit village situé dans la campagne polonaise. C’est aussi l’histoire de deux jeunes adolescents, qui, comme chaque année, se retrouvent dans ce même village pour y passer les vacances d’été.
Depuis fin 2009, le film a fait le tour de bon nombre de festivals. En 2010, il a remporté plusieurs prix, en Allemagne, en Belgique, en France et même au Pérou. 2011 lui réserve certainement bien d’autres récompenses car, bien qu’étant un court-métrage, qui plus est, un premier film, « Siemiany » est bel et bien un grand film.
On y retrouve le jeune Damian Ul, qui avait remporté au Tokyo International Film Festival le prix d’interprétation pour le très remarqué « Un Conte d’Eté Polonais » (Andrzej Jakimowski, 2007). Son jeu est ici encore irréprochable, tout comme celui de ses autres partenaires. C’est d’ailleurs en grande partie de ses acteurs que le film tire sa force. Ils apportent à l’histoire une véracité rare, fruit d’une liberté d’improvisation soigneusement capturée par la caméra du réalisateur.
La justesse de ton dont fait preuve Philip James McGoldrick procure toute sa vraisemblance au film. Au travers de pauses narratives, les comédiens peuvent s’exprimer, face caméra, sur l’extradiégétique. Par ce procédé de mise en scène emprunté au documentaire, le spectateur se voit rejeté du film, dans sa réalité, où il est invité à réfléchir sur ce qu’il voit.
Ce qu’il voit, c’est l’adolescence de jeunes polonais désœuvrés, l’ennui de leur séjour en campagne et leur découverte de la sexualité. L’alternative de l’homosexualité, sous-jacente tout au long du film, fait écho à une réalité récemment mise en lumière dans les médias polonais. Néanmoins, le film propose une autre problématique, celle-ci plus généraliste et universelle : la construction identitaire, qui, justement au moment de l’adolescence, est un enjeu fondamental.
Dans « Siemany », les adultes sont quasiment absents. Par leurs rares interventions, ils n’expriment que la haine qu’ils éprouvent envers la jeunesse. Livrée à elle-même et le plus souvent délinquante, cette jeunesse en quête d’identité. n’a pour repère que les groupes qu’elle se constitue et les codes imposés au détriment de l’individu. En se focalisant sur la relation développée par ses deux personnages principaux, Philip James McGoldrick souligne le poids du regard des autres quand le partage des sentiments entre en conflit avec l’image que l’on donne de soi.
Cette année, « Siemiany » est en compétition européenne au Festival Premiers Plans d’Angers (du 21 au 30 janvier, alors ne manquez pas l’occasion d’aller y voir le premier film de ce réalisateur prometteur qu’est Philip James McGlodrick.