En regardant « Nous trois », on ne peut s’empêcher de penser au cinéma d’avant-garde français des années 1920 ou même au réalisme poétique des années 1930, justement pour ce que ce documentaire a d’expérimental et de poétique. La politique n’est cependant pas l’objet de « Nous trois » mais les sentiments, l’amour, l’attachement, le détachement et, encore, les sentiments.
La voix-off sur laquelle le film se construit n’est, quant à elle, dans sa diction, pas sans rappeler la justesse de jeu dont fait preuve Françoise Lebrun dans une célèbre scène de l’un des derniers films de la Nouvelle Vague, « La Maman et la Putain » (Jean Eustache, 1973), quand Veronika expose à ses deux amours l’idée qu’elle se fait de la vie de couple. De plus, la thématique centrale de « Nous trois » est identique à celle de « La Maman et la Putain », et à bon nombre d’autres films de la Nouvelle Vague d’ailleurs : le triangle amoureux.
Les images pour leur part sont pures métaphores. On y voit trois barques dont l’une, celle du milieu – à la fois la figure centrale du récit et l’objet du désir de la narratrice – bien qu’amarrée, est portée par le courant, tangue, va et vient de l’une des deux barques voisines à l’autre, ou tente parfois de s’échapper vers le large, pour finalement revenir, inlassablement, à l’une, puis à l’autre.
Un avis est purement personnel. A chacun de faire l’expérience du visionnage de « Nous trois » pour trouver quelles émotions ou quels souvenirs le film réveille en lui. Dans tous les cas, cette expérience devrait se révéler positive.
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