Festival d’Angers : les courts français & européens sélectionnés

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Premiers courts métrages européens

Desire de Drew Pautz Royaume-Uni 18’
Lisboa-Provincia de Susana Nobre Portugal 20’
Nolya Murat de Cem Öztüfekçi France – Turquie 27’
Philipp de Fabian Möhrke Allemagne 39’
Siemiany de Philip James McGoldrick Pologne / Belgique 18’
Aprilis Suskhi de Tornike Bziava
The Shutdown d’Adam Stafford Royaume-Uni 10’
Tord and Tord de Niki Lindroth von Bahr Suède 11’

Premiers courts métrages français

Aglaée de Rudi Rosenberg 19’
Le Bel été de Catherine Paillé 30’
La Dame au chien de Damien Manivel 16’
Dans la jungle des villes de Stéphane Demoustier / Denis Eyriey 29’
Deyrouth de Chloé Mazlo 17’
Dr Nazi de Joan Chemla 15’
On ne mourra pas d’Amal Kateb 20’
Paris – Shanghai de Thomas Cailley 23’
La Passerelle de Juliette Soubrier 17’
La Petite sirène d’Adrien Beau 10’

K comme Kwa Heri Mandima

Fiche technique

Synopsis : A travers la redécouverte d’images d’archives longtemps conservées à Bordeaux chez mes grands parents, je raconte mon enfance passée à Mandima, un petit village du nord-est Zaïre où je suis né. En partant d’une photo panoramique du grand départ, j’observe et je repense à ces dix premières années de ce petit garçon qui doit, un beau jour, partir ailleurs pour la ville, pour le lycée. Derrière lui, il laisse ses amis et toute une culture. La vie, sa mentalité, ses codes seront à réapprendre.

Réalisation : Robert-Jan Lacombe

Scenario : Robert-Jan Lacombe

Genre : Documentaire

Durée : 10′

Année : 2010

Pays : Suisse

Image : Robert-Jan Lacombe

Montage : Robert-Jan Lacombe

Son : Robert-Jan Lacombe, Jérôme Cuendet

Production : École Cantonale d’Art de Lausanne (ECAL)

Article associé : la critique du film

Kwa Heri Mandima de Robert-Jan Lacombe

Programmé dans la sélection Labo au festival de Louvain cette année, « Kwa Heri Mandima » (Goodbye Mandima), Pardino d’or à Locarno, frôle les genres du documentaire et de l’expérimental. Son auteur Robert-Jan Lacombe, encore étudiant à l’ECAL (Lausanne), dresse un portrait intime et poignant sur le thème du déracinement.

Le film de Lacombe repose sur une narration minimaliste. Son image est composée en grande partie d’une photographie d’un petit avion dans un champ zaïrois. Elle représente le moment du départ de la famille franco-hollandaise Lacombe, longtemps expatriée au Congo (alors Zaïre). À partir de cet ensemble, le cinéaste se focalise tour à tour sur des personnages, alors qu’un narrateur en voix-off décrit ce moment fatidique pour la famille sous forme d’un monologue dramatique du père de Lacombe adressé à son fils, ou de l’auteur lui-même en tant qu’adulte s’adressant à l’enfant qu’il était. Le scénario intimiste aborde les questions d’appartenance, d’identité et de différences culturelles entre les mondes auxquels le protagoniste appartient et, en même temps, n’appartient fatalement pas. Par ailleurs, en faisant allusion aux conflits politiques des années 90, Lacombe inscrit son récit personnel dans un cadre historique plus général. À ce propos, « Doulos Memories », une petite vidéo réalisée par Lacombe lors de son séjour sur le navire-bibliothèque MV Doulos, montre également cette sensibilité qui consiste à exprimer le personnel par le biais de l’universel et vice versa.

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La technique de Lacombe est aussi simple que puissante et rappelle les « photofilms » de Chris Marker. Des mouvements de caméra animent le sujet figé de « Kwa Heri Mandima » tel le trajet de la mémoire du réalisateur. En même temps, les propos rétrospectifs du narrateur font voyager le spectateur dans le temps à la fois de l’histoire et de l’Histoire. Le résultat est un film qui touche énormément par l’authenticité de son émotion. Rarement la question du déracinement culturel a été abordée et le travail sur la mémoire effectué avec autant de franchise et d’immédiateté. « Kwa Heri Mandima » est la quête d’identité d’un personnage pluriel, la mise à nu à peine déguisée d’un homme issu d’un père français et d’une mère hollandaise, né et élevé au Zaïre et reparti en tant que jeune adulte en France. De ce point de vue, ce film est comme un rite de passage pour l’auteur et témoigne de la nécessité chez lui de revisiter son passé pour mieux se connaître. Et, ce faisant, s’il parvient à démontrer sa maîtrise du médium c’est d’autant plus valorisant. Manifestement, Lacombe donne un nouveau sens au joli dicton Ex Africa semper aliquid novi (« Toujours quelque chose de nouveau en provenance d’Afrique »).

Adi Chesson

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Rencontres européennes du moyen métrage de Brive, ouverture des inscriptions

brive1Procédure d’inscription

1. Téléchargez le règlement du festival (en bas de page) et lisez-le attentivement (l’inscription requiert l’acceptation du règlement sans réserve)

2. Enregistrez votre film et votre inscription sur www.le-court.com

3. Envoyez votre film sur support DVD accompagné de la fiche générée par votre inscription en ligne (signature obligatoire) à l’adresse suivante:

SRF – Rencontres Européennes du moyen métrage

14 Rue Alexandre Parodi

75010 PARIS

Votre film doit impérativement être envoyé avant le 16 Février 2011 (cachet de la poste faisant foi). Tout envoi sans fiche d’inscription signée sera systématiquement rejeté.

Les films ne correspondant pas aux critères de sélection (voir règlement) seront systématiquement rejetés.

Vous pouvez inscrire plusieurs films en suivant la procédure sur le-court.com

Les résultats de la sélection seront communiqués par mail à partir du 15 Mars 2011.

Il est inutile de nous contacter par téléphone.

Bernard Payen : « C’est extrêmement important de faire en sorte que les films que nous sélectionnons, que nous portons, pour lesquels nous nous engageons, soient le plus possible diffusés »

Créateur du site Objectif Cinéma, responsable des publications à la La Cinémathèque Française et coordinateur de la sélection des courts métrages à la Semaine de la Critique, Bernard Payen cumule les mandats mais toujours au service des courts qu’il défend comme personne. Il était ce mois-ci aux festivals de Vendôme et Poitiers. Cyber rendez-vous pris.

La Semaine a pour vocation de révéler des jeunes cinéastes, de repérer des films fragiles et différents et de leur offrir de la visibilité à Cannes. Pourquoi remet-elle des prix de la Critique dans d’autres festivals ? De quelle manière se concrétisent ces prix ?

Petite nuance, ce n’est pas « la Semaine de la Critique » qui remet des prix, mais des représentants du Syndicat de la critique de cinéma qui remettent dans certains festivals des prix à des courts ou des longs métrages (selon les festivals), souvent à l’issue de délibérations en public (ce qui est assez singulier). Ces prix ne sont pas dotés mais sont l’occasion de mettre en avant à chaque fois un film de ces compétitions.

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Pour quelles raisons avez-vous noué des liens avec Poitiers ou Trouville ? Envisagez-vous de remettre des prix dans d’autres festivals ?

Ce sont deux liens très différents. Le prix remis à Trouville est purement honorifique, sans aucune conséquence, mais il est l’occasion de montrer au public du festival comment se déroule la délibération d’un jury (puisqu’elle se déroule en public). A Poitiers, le lien avec les Rencontres Henri Langlois est plus ancien d’une dizaine d’années. La délibération n’a pas lieu en public, les membres du jury de ce « prix découverte de la critique française » sont souvent des membres de la commission court métrage de la Semaine de la Critique (événement organisé par le syndicat de la critique de cinéma) et le film primé figure désormais sur le DVD regroupant tous les ans les films sélectionnés par la Semaine de la Critique. C’est une manière d’aider à la diffusion du court métrage.

Vous sélectionnez de temps à autre des films d’écoles. Comment fonctionnez-vous avec les autres sections, notamment la Cinéfondation, lorsque vous repérez des films intéressants pour la Semaine ?

Nous recevons bien évidemment nous aussi des films d’école. Nous nous parlons, avec les sélectionneurs de la Cinéfondation, pendant les processus de sélection, et nos programmations se complètent bien je pense, au final.

« Ahendu Nde Sapukai »

Etes-vous amenés à voir les films d’écoles des autres sections et à avoir envie de suivre les anciens étudiants sur leurs autres courts et premiers et deuxièmes longs ? Claire Burger, Marie Amachoukeli ou Pablo Lamar étaient dans d’autres sections, je crois, avant d’être invités à présenter leurs films à la Semaine.

Bien évidemment notre travail consiste aussi à repérer des jeunes talents dans les autres festivals, quels qu’ils soient, et à se tenir au courant des projets des cinéastes que nous apprécions. C’était le cas pour « C’est gratuit pour les filles » de Claire Burger et Marie Amachoukeli, que nous attendions, après avoir beaucoup aimé « Forbach » projeté à la Cinéfondation. En ce qui concerne Pablo Lamar, c’est bel et bien la Semaine de la Critique qui l’a révélé puisqu’aucun de ses films n’avaient été projeté dans des festivals avant mai 2008 et la programmation à Cannes de son film de fin d’école « Ahendu Nde Sapukai », dont la découverte reste pour ma part l’un de mes plus grands souvenirs de sélectionneur.

Les films d’animation représentent une bonne partie des courts sélectionnés. Est-ce que l’animation a réellement sa place à Cannes ? Pourquoi vous y intéressez-vous ?

L’animation a une place très importante à la Semaine de la Critique et nous avons je pense raison de nous intéresser quand nous voyons les Oscars que reçoivent ensuite certains d’entre eux (« Ryan », « Logorama »). Nous ne sommes donc pas seuls à les aimer ! Nous recevons chaque année beaucoup de films d’animation, certains sont réellement plus passionnants et plus audacieux que certains films de fiction. Ce qui explique leur sélection.

Pourquoi le documentaire est-il moins défendu à la Semaine ?

Il n’est pas très juste de dire cela cette année, quand on voit que le Grand Prix de la Semaine de la Critique est un long métrage documentaire : « Armadillo ». En ce qui concerne les courts métrages, nous n’avons pas trouvé ces dernières années de films « purement » documentaires de 15’ suffisamment forts et porteurs pour être sélectionnés. Pour les moyens métrages, c’est un peu la même raison, d’autant plus que nous en prenons vraiment très peu (trois maximum). Mais la frontière est souvent mince entre fiction et documentaire et si vous prenez « Berik », le film de Daniel Joseph Borgman qui a reçu cette année le Grand Prix du court métrage à la Semaine, vous constaterez qu’il appartient autant à l’un qu’à l’autre genre…

Vous voyez énormément de films et vous en prenez très peu. Comment fonctionnez-vous en interne ? Vous répartissez-vous les genres, les pays, pour vous diviser la tâche ? Devez-vous vous mettre tous les quatre d’accord pour prendre un film ?

Nous recevons un millier de films environ chaque année et nous en prenons dix. Entre février et avril, nous visionnons les films que nous recevons et nous constituons au fil des semaines une « short list » qui constituera le socle de notre délibération (même si rien n’est figé et que nous pouvons revenir à un film momentanément écarté). Nous essayons de faire en sorte que tous les films soient visionnés par tous les sélectionneurs mais ce n’est pas toujours facile pour des raisons de temps. Il est arrivé que nous ne soyons pas tous d’accord sur un film et qu’il soit quand même sélectionné. Il n’y a pas de règle.

Etes-vous particulièrement attentifs au travail des réalisateurs que vous avez déjà sélectionnés ?

Bien sûr. Nous restons en contact avec la plupart des réalisateurs sélectionnés les années précédentes.

Est-ce que l’édition des courts de la Semaine est un projet que vous souhaitez poursuivre ?

Oui, bien entendu. C’est extrêmement important de faire en sorte que les films que nous sélectionnons, que nous portons, pour lesquels nous nous engageons, soient le plus possible diffusés. Et le DVD est un support formidable pour cela.

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Vous venez de récompenser le film roumain “Les Lignes de la main” à Poitiers. Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce film ? Est-ce que c’est un film que vous auriez pu retenir à la Semaine ?

C’est un très bon film à la fois très maîtrisé et très émouvant. C’est un film que nous aurions pu retenir à la Semaine. Mais la sélection des films est toujours affaire de contexte et de subjectivité : quels membres dans le comité de sélection ? Quels films avons-nous dans notre « short list » ? Les réponses à ces questions influent souvent sur le choix des films. Pour ma part, « Les lignes de la main » est un film qui avait déjà retenu mon attention dans d’autres festivals européens et qui a conquis également les deux autres membres de ce jury presse cette année.

Interview Internet réalisée par Katia Bayer

Articles associés : Semaine de la Critique : le court en DVD, La critique de « Palmele » (Les Lignes de la main) de George Chiper

Miramare de Michaela Müller

« Miramare » est un film d’école, de ceux réalisés pour un diplôme de fin de cursus (d’où sa présentation aux rencontres Henri Langlois). Michaela Müller, sa réalisatrice d’origine suisse, n’est pourtant pas une étudiante comme les autres. Plus de dix ans se sont écoulés entre son premier diplôme obtenu en 1998 à l’école d’art et de design de Luzern et celui obtenu à l’académie des Beaux Arts de Zagreb en 2009 où elle réalise « Miramare », son premier film.

Dès lors, on comprend mieux la maîtrise absolue de sa technique (la peinture sur verre) et la maturité qui en ressort. On pense bien sûr au maître incontesté du genre Georges Schwizgebel, suisse lui aussi, dont on ressent l’influence sans que la comparaison vienne pour autant diminuer la prouesse visuelle obtenue par la réalisatrice.

Le sujet choisi, celui du tourisme de masse confronté à l’immigration clandestine, surprend et réjouit tant il s’éloigne du principe de séduction. Michaela Müller traite son sujet comme sa peinture, sans lourdeur, par touches quasi abstraites. Les mauvaises langues diront qu’elle finit par le survoler mais cette distance apporte au film son caractère et son identité.

Atom Egoyan, juré de la Cinéfondation au dernier festival de Cannes ne s’y était pas trompé en déclarant ici même, sur Format Court que « Miramare » était  » un pur chef d’œuvre ». Depuis Cannes, le film a été projeté dans plus de 40 festivals et continue aujourd’hui sa course à travers les frontières européennes et internationales. Ce mois-ci, on le retrouve notamment à Poitiers, à Vendôme et aux Arcs.

Amaury Augé

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Appel à films balkans / Call for Balkan short films

Short Screens, une collaboration Format Court et Artatouille asbl, collabore à la programmation des courts métrages pour le festival Balkan Trafik qui se tiendra en avril 2011 au Bozar. Dans ce cadre, nous sommes à la recherche de courts métrages issus des Balkans. Envoyez-nous vos films avant le 28 février 2011 à l’adresse reprise ci-dessous !

Short Screens, a collaboration between Format Court and Artatouille.org, is organising short film screenings for the Balkan Trafik Festival in April 2011 in Brussels. We are looking for Balkan short films to consider for our selection. Send in your short films to the following address by the 28th of February 2011!

Marie Bergeret
287 chaussée de Boondael
1050 Brussels (Belgium)

Festival de Louvain, les prix, les films

Compétition européenne

Prix du Public: “Jacco’s Film” (Daan Bakker, Pays-Bas)

Prix du Jury: “The Coach” (Lars Kristian Mikkelsen, Denemarken) 
ex-æquo avec « Pour toi je ferai bataille » (Rachel Lang, Belgique)

Compétition flamande

Prix du Jury: “Paroles” (Gilles Coulier)

Prix pour le meilleur premier film: “St. James Infirmary” (Leni Huyghe) 
ex-æquo avec « Vijftien » (Samuel Fuller)

Prix du Public: “Het Bijzondere Leven van Rocky de Vlaeminck” (Kevin Meul)

Prix du Public pour le meilleur film d’animation: “Memée” (Evelyn Verschoore)

Prix du Jury pour le meilleur clip vidéo: “Wanderland” (Kristof Luyckx & Michèle Vanparys)

Humo Award 2010: “Alles Voor De Show” (Maarten Verhulst)

Henri Langlois, le 33ème palmarès

Grand Prix du Jury : A Lost and Found Box of Human Sensation de Martin Wallner et Stefan Leuchtenberg
University of Applied Sciences Ausburg – Allemagne

Prix Spécial du Jury : Siemiany de Philip James McGoldrick
RITS, Erasmus Hogeschool Brussel – Belgique

Prix de la Mise en Scène : Stuck on Christmas de Iulia Rugina
Universitatea Nationala de Arta Teatrala si Cinematografica – Roumanie

Prix du Scénario : Les Cendres de Daniel de Boris Kunz
Hochschule für Fernsehen und Film München – Allemagne

Prix Wallpaper Post : Chasse au canard de Rok Bicek
Univerza v Ljubljani, Akademija za Gledališèe Radio, Film in Televizijo – Slovénie

Prix Découverte de la Critique Française : Les Lignes de la main de George Chiper
Universitatea Nationala de Arta Teatrala si Cinematografica – Roumanie

Prix du Public : Mobile de Verena Fels
Filmakademie Baden-Württemberg – Allemagne

Prix du Jury étudiant : La Confession de Tanel Toom
National Film and Television School – Royaume-Uni

Prix Amnesty International France: Jours de colère de Charles Redon
La fémis – France

A comme About Socks and Love

Fiche technique

Synopsis : Alors que son mari part travailler, une femme découvre dans son nouveau foyer une armée de chaussettes carnivores cachées dans un sac plastique appartenant à son compagnon…

Genre : Animation

Durée : 7’

Pays : Slovaquie

Année : 2007

Réalisation : Michaela Čopíková

Scénario : Michaela Čopíková, Kataríná Uhrová

Animation : Michaela Čopíková

Montage : Richard Chomo

Son : Tobiáš Potočný

Musique : Martin Hasák

Production : FTF VSMU, Filmová a televízna fakulta Vysokej školy múzických umení Film and Television Faculty – Bratislava

Article associé : la critique du film

About Socks and Love de Michaela Čopíková

Programmé à Poitiers dans le cadre du focus accordé au cinéma d’Europe centrale, l’animation slovaque « About Socks and Love » de Michaela Čopíková est un clin d’œil amusant à ceux qui voient encore le couple comme un modèle d’équilibre indestructible.

Un homme, une femme, un amour, une envie soudaine ou mûrement réfléchie de vivre ensemble, de se sédentariser. Baluchon à l’épaule, ils s’en vont habiter un lieu, un espace qu’ils s’approprient. Et puis, très vite, la passion laisse place à l’habitude. L’homme se lasse, la femme l’enlace pour ne pas qu’il parte. En vain, les chaussettes voraces de monsieur, seule touche colorée à l’exception du grand lit rose, trouvées sous l’alcôve, prennent vie, se rebellent et combattent la motivation féroce de la femme de préserver son amour intact.

Allégorie originale de la vie à deux, le film raconte à la manière d’une fable moderne, les difficultés de continuer à s’aimer au jour le jour, années après années. De l’ébullition fiévreuse du début à la routine mécanique, du baiser fougueux à la tendre caresse. Quand ce que l’on croyait solide et éternel s’effrite et s’émiette petit à petit face à l’érosion inévitable du sentiment amoureux.

La bande son stylisée de « About Socks and Love » vient fort habilement compléter la ligne graphique de l’artiste, appuyant la thématique de la solitude. L’homme serait-il en définitive cet Ulysse aventurier et nomade incapable de se fixer  qu’attendrait une Pénélope fidèle et amoureuse ? Ou au contraire, serait-il ce martien inadapté à la planète Vénus ? Ou enfin, ne serait-il tout simplement plus apte à rester avec la même personne jusqu’à la fin de ses jours ? Loin de répondre aux questions, Čopíková soulève la problématique avec simplicité et fantaisie.

Marie Bergeret

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Ceci n’est pas un film

Vendredi 10 décembre 2010, entre deux séances de compétition potevines, Stephen Torton, membre du jury et assistant de Jean-Michel Basquiat à l’époque, présentait une séance spéciale dans un français teinté d’accent américain. « One Day on Crosby Street », document rare de 23′, tourné en 1982, projeté actuellement au Musée d’Art Moderne de Paris, montre le pionnier de l’art contemporain au travail, en pleine création, face à sa peinture.

L’histoire de ces images est assez étonnante, et Torton les recontextualise (« Tu ne peux rien dire sur Basquiat sans dire son contraire »). Pendant un mois, il a été l’assistant du jeune prodige à la réputation sulfureuse : il montait ses châssis, préparait ses cadres, le prenait en photo, jouait accessoirement le rôle de grand frère, trainait en discothèque et allait manger chez Warhol avec lui.

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En septembre 82, il débarque à Crosby Street (quartier de Soho), dans le loft de son boss âgé de 21 ans, avec une caméra de télévision et filme le graffeur en train de peindre plusieurs tableaux, Jawbone of An Ass, One Hundred Yen, One Million Yen et Napoleon. Pour l’occasion, Basquiat, clope au bec, arbore un pull marin à la Picasso tombant sur l’épaule. Une musique contemplative résonne dans l’atelier. (« S’il voulait speeder, c’était Ravel, si on voulait danser, c’était James Brown »). Basquiat semble faire abstraction de la caméra. Il tient son pinceau du bout des doigts, a le trait sûr, prend sa main comme modèle blanc sur fond rouge, peint vite, spontanément, sans passer par le médium de la pensée (« on a l’impression qu’il savait où il allait dans les tableaux »). La caméra le filme de dos en train de peindre, le résultat est d’ailleurs plus axé sur sa peinture et sur son travail que sur lui-même, rappelant « Le Mystère Picasso » de Clouzot.

Les images minimalistes de « One Day » sont brutes, non montées, sans mouvement de caméra, en plan fixe, telles qu’elles étaient en 82. Raison pour laquelle leur auteur considère que ce film est un non-film. Il n’empêche que les seules images qu’on ait aujourd’hui de Basquiat sont des clichés figés ou des interviews télévisées. Celles-ci montrent l’artiste au travail, dans l’action, le mouvement, l’intimité, l’effacement (« Un tableau ne pouvait pas être un compromis. Si quelque chose le gênait, il fallait l’effacer »).

À l’époque, Torton a filmé Basquiat sans but, pour immortaliser, fixer l’instant. Il n’avait jamais revisionné ces rushes jusqu’à ce qu’il les retrouve par hasard chez sa mère, sur une K7 sur laquelle étaient écrits les mots « À effacer ». Sauvé de justesse, ce portrait inédit a, 28 ans plus tard, une tout autre valeur, celle de trace, de mémoire. Une trace qui est curieusement mal mise en valeur au Musée d’Art moderne qui consacre pourtant une rétrospective à Basquiat : les images de « One Day on Crosby Street » sont projetées à l’extérieur de l’exposition, à proximité des… toilettes. « Le film est séparé des tableaux. Dommage, c’est un tableau vivant, il devrait être à côté d’eux, projeté comme une œuvre d’art », regrette son auteur.

Katia Bayer

B comme Blank

Fiche technique

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En 1989, Abbas Kiarostami réalise « Devoirs du soir », documentaire sur des écoliers iraniens. 20 ans plus tard, Amirnaeim Hosseini retourne poser sa caméra dans la même école. Qu’est-ce qui distingue les enfants d’hier de ceux d’aujourd’hui ?

Genre : Documentaire

Durée : 37′

Année : 2009

Pays : Iran

Réalisateur : Amirnaeim Hosseini

Scénario : Azadeh Forghani

Images : Yahia Razaei

Montage : Amirnaeim Hosseini

Son : Ali Kazemi

Production : Islamic Republic of Iran Broadcasting University

Article associé : la critique du film

Blank de Amirnaeim Hosseini

Copie conforme

Sélectionné aux Rencontres Henri Langlois, à Poitiers, le film de fin d’études de Amirnaeim Hosseini, sorti de l’IRIB (Islamic Republic of Iran Broadcasting University) est un reflet contemporain du documentaire « Devoirs du soir » de Abbas Kiarostami, réalisé en 1989.

Alors que la jeune République islamique d’Iran soufflait ses 10 bougies, Abbas Kiarostami réalisait un documentaire sur l’enfance vu par le prisme de l’école. On pouvait ainsi y apprendre que si les enfants connaissaient le mot punition, ils ignoraient tout de la signification du terme encouragement. 20 ans plus tard, Amirnaeim Hosseini se rend dans la même école pour filmer les enfants d’aujourd’hui. Il leur pose les mêmes questions et use de la même caméra fixe. Un film au dispositif stable pour rendre compte de l’évolution du système éducatif. Aux images actuelles, il fait répondre les images de « Devoirs du soir » montrant les changements apparus dans la société iranienne.

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A la lumière des témoignages d’enfants d’hier et d’aujourd’hui, filmés entre les murs de la structure scolaire, le cinéaste lève le voile sur ce qui façonne les velléités d’un peuple et de sa culture. La spontanéité et la naïveté des jeunes garçons laissent transparaître la montée de l’individualisme, fleuron du monde occidental (« décadent »), et avec elle les indices principaux qui permettent à une personne d’exister et de penser par elle-même. Quand il y a 20 ans, les écoliers iraniens se montraient serviles, ceux d’aujourd’hui semblent s’affirmer davantage. Quand les enfants de 1989 étaient encore empreints d’idéal, ceux d’aujourd’hui regardent le monde à travers l’écran de leur PS3 et de leur Nokia dernier cri.

Par son huis-clos, assurément édifiant à bien des égards, Hosseini interroge l’avenir de son pays au moyen de son passé. Ainsi que l’enfant qu’il a été face à l’adulte qu’il est devenu.

Marie Bergeret

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Vendôme, le palmarès 2010

GRAND PRIX / COMPÉTITION NATIONALE : « La dame au chien » de Damien Manivel

GRAND PRIX / COMPÉTITION EUROPÉENNE : « Believe » de Paul Wright

PRIX SPÉCIAL DU JURY / COMPÉTITION NATIONALE : « Elena » de Yannick Muller

PRIX SPÉCIAL DU JURY / COMPÉTITION EUROPÉENNE : « Long live the new flesh » de Nicolas Provost

PRIX DE LA JEUNESSE / COMPÉTITION NATIONALE : « Monsieur l’abbé » de Blandine Lenoir

PRIX DE LA JEUNESSE / COMPÉTITION EUROPÉENNE : « Angry man » de Anita Killi

PRIX DE LA MISE EN SCÈNE DÈCERNÉ PAR LE JURY ÉTUDIANT : « Tord and Tord » de Niki Lindroth Von Bahr

PRIX DU PUBLIC : Angry man d’Anita Killi

PRIX D’INTERPRÉTATION : Salomé Richard dans « Pour toi je ferai bataille » de Rachel Lang

PRIX CINÉCOLE EN VENDÔMOIS : « Cul de Bouteille » de Jean Claude Rozec

F comme First Aid

Fiche technique

Synopsis : A la veille de son mariage, Shay rend visite à Tamar, son ex, pour une dernière rencontre houleuse avant que commence sa vie maritale. La situation se complique à cause du suçon que Tamar lui laisse dans le cou.

Genre : Fiction

Durée : 16′

Pays : Israël

Année : 2010

Réalisation : Yarden Karmin

Scénario : Yarden Karmin

Images : Or Even Tov

Musique :  Roy Avraham

Montage : Moran Ifergan

Son : Gilad Leshem

Interprétation : Erez Kahana, Hila Vidor

Article associé : la critique du film

First Aid de Yarden Karmin

Ezra rishona. First Aid. Premier secours. Soin généralement donné par un non-expert à une personne malade ou blessée jusqu’à ce qu’un traitement médical lui soit apporté. « First Aid », c’est également le titre du film de Yarden Karmin, diplômé de la Sam Spiegel film school de Jérusalem, retenu à la dernière messe cannoise et à l’actuel festival de Poitiers.

Film d’étudiant, « First Aid » aurait pu avoir des prédispositions pour être retenu à la Cinéfondation. Après tout, c’est dans cette section, réservée aux courts d’écoles, proche d’ailleurs de la Sam Spiegel film school, que « Diploma » de Yaelle Kayam et « Himnon » d’Elad Keidan avaient été repérés rétrospectivement en 2008 et 2009. Les prédispositions ont été autres puisque le film de Yarden Karmin s’est retrouvé à briguer, aux côtés de huit autres films, le fameux sésame palmé (remis pour le coup à Serge Avédikian).

L’histoire de ce film israélien est plutôt classique : la veille de son mariage, un jeune homme revoit son ex pour un ultime rapport sexuel. La jeune femme dépose insidieusement un suçon dans son cou, provoquant l’irritation du garçon. Il ne lui reste plus qu’à se munir d’un alibi pour ne pas attirer les soupçons, ce dont la jeune femme se porte généreusement et violemment volontaire.

Filmé en 16 mm, « First Aid » est une comédie d’adultes relativement sympathique garantissant un redoutable et inévitable éclat de rire à la onzième minute. Le film offre une tranche de vie sensuelle et dangereuse entre deux personnages dont l’histoire d’amour est censée appartenir au passé. L’homme semble redouter l’idée de s’engager, la femme semble insensible au fait que l’homme la revoit dans des circonstances pareilles.

Et puis… La dernier phrase du film (« Je te prends…[« pour femme] ») renvoie à une autre réalité. Et si ? Et si ces deux-là étaient faits l’un pour l’autre ? Et si l’alibi ne concernait pas la bonne personne ? Et si une touche de sérieux s’était emparé de cette comédie ? Et si … ? Karmin ne nous offre pas de réponse, sa fin est ouverte et ce n’est pas plus mal, car notre imaginaire prend désormais le relais à son film. Les premiers secours ont été appliqués. Place aux « vrais » traitements.

Katia Bayer

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P comme Palmele (Les Lignes de la main)

Fiche technique

Synopsis : Face à la caméra, une femme se souvient de ce qu’était sa vie avant le terrible accident qui a vidé de sens son quotidien. Un destin tracé dans les lignes de sa main ?

Genre : Fiction

Durée : 16′

Année : 2009

Pays : Roumanie

Réalisateur : George Chiper

Scénario : Mihal Mincan

Images : Georges Chiper

Montage : Dragos Apetri

Son : Dragos Apetri, Alexandru Radu

Interprétation : Coca Bloos

Production : Universitatea Nationala de Arta Teatrala si Cinematografica

Article associé : la critique du film

Palmele (Les Lignes de la main) de George Chiper

Après Rotterdam et Locarno, Palmele (Les Lignes de la main) creuse son sillon dans le monde francophone, aux Rencontres Henri Langlois. Ce film roumain signé George Chiper scrute de manière extrêmement juste le destin, le quotidien et le vide d’une vie brisée.

Le zoom fait sa mise au point, les premières secondes sont muettes. Face à la caméra, Emilia déglutit et se met à parler, entre deux silences, de son passé, de son travail et de l’accident de voiture qui a dérobé la vie de son mari et de sa fille. Elle évoque aussi le souvenir de sa grand-mère qui croyait fermement que tout, les peines comme les joies, était écrit dans les lignes de la main. Vieillissante, Emilia s’interroge à son tour sur la fatalité du destin et sur les épreuves que lui a infligée la vie, d’autant plus qu’elle porte le poids de son passé. Simples, ordinaires, routiniers, ses gestes quotidiens sont précis et sans surprise. Ils se répètent indéfiniment, renforçant surtout la solitude dans laquelle cette femme s’est enfermée malgré elle.

Palmele, premier épisode d’une trilogie, aurait pu être un sujet documentaire, c’est une fiction empruntant des éléments au réel (réalisme, honnêteté, subjectivité, point de vue). Tout en pudeur, le film repose sur la notion de la culpabilité (doit-on, peut-on se pardonner et oublier ce qui s’est passé ?), une image très travaillée et sobre, chère aux directeurs photos de l’Est, et un casting se résumant à une seule personne. Palmele est en effet un monologue de 17 minutes énoncé par une comédienne (Coca Bloos), s’adressant à la caméra, semblant nous regarder, ou recourant à la voix off. Monotone, morne, sans vie, cette voix dit bien des choses, surtout lorsqu’elle accompagne des plans figés dans le temps et l’espace. Plus que l’image, elle raconte la souffrance et la solitude.

A la fin du film, la comédienne lit son texte dans un studio d’enregistrement. Mise en abyme ? Procédé fictionnel ? A qui est finalement destinée son histoire ? A nous, spectateurs-voyeurs, à ses chers disparus, à une caméra froide et objective ou à elle-même, ancrant ses souvenirs dans une mémoire archivée ?

Difficile de croire que « Palmele » est un premier film tant il bouscule nos conventions. Faut-il faire preuve d’empathie pour ce témoignage ou le rejeter ? George Chiper, le réalisateur, cherche à nous montrer ce que nous ne voulons pas voir. Les images blanchies et la voix de Coca Bloos renforcent encore plus cette idée en attirant notre attention, réclamant le silence et décillant notre regard.

Katia Bayer

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