Plus de douze ans déjà que le duo Gréco-Buffat livre avec une régularité de métronome un court métrage d’animation tous les deux ans soit six au total si vous êtes doué(e)s en maths. Avec « Les Perdrix », la surprise vient de la technique utilisée. Pour la première fois, c’est celle du papier découpé qui a été choisie par un duo qui travaillait jusqu’ici exclusivement en volume.
Cette première leur réussit puisque le film gagne en liberté et en légèreté. Comme pour « La sacoche perdue » (2006), le film est inspiré par un fabliau (court récit du Moyen Âge) situé pour le coup de nos jours, le tout sous la forme d’une comédie musicale.
Le pitch du film est alléchant, les perdrix qui rôtissent au dessus du feu de cheminée aussi. C’est autour d’elles que tourne la broche tout comme l’histoire du film. La maîtresse de maison doit dresser la table pour l’arrivée du chapelain mais ne résiste pas à sa faim. Elle finira par suivre les conseils d’Oscar Wilde en cédant à la tentation et en dévorant les deux volatiles croustillants l’un après l’autre et en accumulant les mensonges pour dissimuler leur disparition.
Il ressort de ce fabliau une étrangeté, une bizarrerie quasi Burtonienne. Le personnage féminin incapable de contrôler ses pulsions fait redouter le pire, son mari double de volume et change de couleur tel un Hulk version rouge au gré de ses accès de colère, le chapelain visiblement ambitieux voyage en papamobile d’occasion : tous ces personnages portent en eux un grain de folie qui contraste avec les couleurs très vives des différents tableaux animés. La place laissée à la musique créée par Alexis Pecharman n’est pas étrangère à l’atmosphère du film. Le concert de voix a capella qui accompagne d’ailleurs « Les Perdrix » insuffle à ce très court récit (6 minutes) un rythme chanté et chantant.
J’ai du respect pour les gens qui ont travaillé sur ce court-métrage. Les mots qui suivent ne reflèteront que mon ressenti en tant que spectateur et n’engagent que moi. J’ai vu ce court-métrage durant le festival de Vendôme en 2014. Je dois dire qu’il a provoqué chez moi une profonde aversion, une sorte de dégoût. C’est étrange à décrire. Un mélange de peur et de colère. Je n’ai pas du tout aimé l’esthétique et la bande son. Le tout était très oppressant et ce sentiment devenait de plus en plus fort à mesure que je regardais l’écran. L’expérience était très désagréable et je peux dire avoir détesté ce court-métrage. Ceci dit, je reconnaîs le travail qui a été fourni et je le respecte.