En dix minutes, Mihai Grecu nous fait voyager dans les terres arides du Chili avec son film « Centipède Sun ». Nom révélateur au sens où centipède est un gros animal dangereux comme le soleil du désert. Ces terres hypnotiques, poétiques font bouillir notre imagination par une musique qui nous transporte et nous envoûte. À la limite de l’oppression, ces airs mystérieux nous dévoilent des paysages calmes et reposants.
Bercé entre panoramiques et plans fixes, l’on découvre un art expérimental, une chaude métaphore, une vision méconnue du Chili. Cette ode de 600 secondes mêle destruction et environnement, construction et expérimentation. La révolution minérale s’exprime enfin, les pierres se lèvent, les rochers se fragmentent : la terre gronde livrant au spectateur de sublimes images où la réalité se mélange à la magie.
L’inerte prend vie, les mélodies jettent un souffle conférant à ces nuages sablonneux des formes magistrales. Notre esprit voyage, vagabonde et parfois même se rafraîchit d’une oasis ou d’un cours d’eau, nous faisant partager les « images mentales » dont Mihai Grecu s’inspire pour créer ses courts métrages tous dominés par une dimension d’éclatement et des mouvements de caméra langoureux.
C’est en effet ce même travail sur les images en trois dimensions qui fait tout l’intérêt de « Coagulate », son film précédent, qui n’est autre qu’une succession de tableaux somptueux emplis de finesse. L’eau y est fortement présente, constituant ainsi le contrepoint de « Centipède Sun », hymne à la terre aride. A travers son oeuvre et sa recherche esthétique, Mihai Grecu fait preuve d’une grande maîtrise de l’imagerie moderne.
Geoffrey Spaur
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Article associé : l’interview de Mihai Grecu