Monsieur l’Abbé de Blandine Lenoir

« Ceci est notre héritage »

Mercredi, le plus parisien des Festivals de courts métrages affichait Monsieur l’Abbé, le dernier né de Blandine Lenoir. Bien différent de ses précédents courts, celui-ci s’impose par sa mise en scène et son sujet peu catholique.

Le cinéma de Blandine Lenoir est avant tout un cinéma féminin. La femme dans la société contemporaine est un des thèmes récurrents des courts métrages de la cinéaste française. Avec Monsieur l’Abbé, la femme est toujours bien présente, mais elle est inscrite dans la hiérarchie du couple, elle-même dessinée par l’institution de Dieu. Inspiré du livre de Martine Sevegrand, l’Amour en toutes lettres, questions à l’abbé Viollet sur la sexualité (1924-1943), le film explore les pratiques et les connaissances d’hier en matière de sexe, et force est de constater qu’aujourd’hui, dans une société qui revendique la tolérance et la liberté sexuelles, le message de l’Eglise est obsolète. C’est dire que les contraintes des Catholiques n’ont quasi pas changé depuis des décennies.

C’est de façon très classique que la réalisatrice donne à voir les nombreux témoignages d’hommes et de femmes empreints au doute, à la peur, à la culpabilité. Les faces caméra renforcent la notion de dévoilement et de mise à nu de l’âme. Ces témoignages écrits initialement, prennent souvent la forme d’une confession à laquelle l’abbé Viollet se devait de répondre le plus chrétiennement possible, du moins, on l’imagine puisque seul les questions sont mises en scène. À l’austérité des plans fixes, répond la volupté d’un corps de femme, nu, filmé de très près. Une audace dans laquelle on reconnaît aisément la signature Lenoir mais celle qui aime grossir avec humour les travers absurdes de la société se montre ici tout à coup plus mordante et plus sérieuse aussi. Sans doute est-ce une manière de dénoncer l’hypocrisie planant autour des bonnes consciences qui ont construit le monde d’aujourd’hui à coup de « c’est bien » et « ce n’est pas bien ».

Avec ce film, la réalisatrice va encore plus loin dans son questionnement de la féminité, elle explore l’héritage de sa sexualité. Un héritage intimement lié à l’Eglise et à sa Morale bien rigide!

Marie Bergeret

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Article associé : l’interview de Blandine Lenoir

E comme Elefantenhaut

Fiche technique

elefantenhaut

Synopsis : Elfi, la quarantaine, habite à la campagne avec sa mère, une vieille femme invalide et étouffante. Son travail à l’usine ne la réjouit pas davantage. Mais lorsqu’elle rencontre Ricardo, un chanteur, elle décide de prendre sa vie en main…

Genre : Fiction

Pays : Autriche

Année : 2009

Durée : 34′

Réalisation : Ulrike Putzer, Severin Fiala

Scénario : Ulrike Putzer, Severin Fiala

Image : Harald Trainl

Montage : Ulrike Putzer, Severin Fiala

Son : Nikolaus Eckhard, Jakob Pretterhofer

Interprétation : Elfriede Schatz, Waltraute Bartel, Michael Thomas, Natalija Baranova, Oliver Rosskopf

Production : UFMDK

Article associé : la critique du film

Elefantenhaut (Peau d’éléphant) de Ulrike Putzer et Severin Fiala

Film de fin d’études du jeune duo de scénaristes autrichiens, Ulrike Putzer et Severin Fiala, « Elefantenhaut » est d’une maturité étonnante. Portrait captivant de la mélancolie banlieusarde, de la pudeur et du cynisme de la quarantaine ratée et des sentiments effleurés, ce court métrage touche par sa simplicité.

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Elfi travaille dans une imprimerie assourdissante et vit dans une HLM avec sa mère invalide, inexorable et possessive. Aussi réservée qu’elle soit, elle se laisse tenter par une proposition de sortie de ses jeunes collègues, pour se retrouver plaquée au lieu du rendez-vous. Les avances d’un crooner paumé la mettent face à un dilemme : vivre dans le moment ou vivre par ses principes.

Basant leur film sur un scénario soigneusement construit, Putzer et Fiala arrivent à une structure bien classique, avec une exposition, un développement et une fin bien définis. Le résultat est pourtant fluide, naturel et très crédible, grâce surement à l’économie et à la sobriété dont les réalisateurs font preuve. Les scènes d’exposition, par exemple, proches du documentaire social, laissent apercevoir sans commentaire explicite, des moments parlants de la vie quotidienne d’Elfi, et présentent ainsi son lieu de travail et ses relations avec les autres personnages, notamment sa mère et la jeune fille qui s’en occupe. L’image délibérément anti-glamour tournée en super 16 plonge le spectateur dans l’univers d’Elfi et sa banlieue viennoise, qui est en même temps universelle.

Le rythme de ce court est un autre élément important qui marque l’esthétique du film. Rythme de la vie, de l’ennui et des sentiments. La narration est portée par un jeu d’acteur soutenu, notamment de la part de Elfriede Schatz, qui interprète le rôle principal. Ses regards cyniques, ses gestes parfois gauches, les silences gênants, les gros plans de son visage et l’abondance de plans de dos transmettent la charge émotionnelle de son existence avec une pudeur très humaine. Sans jamais tomber dans la lourdeur ni le tragique, Putzer et Fiala réussissent à susciter l’empathie totale avec leur protagoniste à fleur de peau.

Adi Chesson

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Aimeriez-vous vous retrouver dans un film de Bill Plympton ?

Aimeriez-vous vous retrouver dans un film de Bill Plympton ?

Dès à présent, saisissez votre chance à travers cette expérience audacieuse encore jamais tentée. Le « Roi de l’Animation Indépendante » invite les animateurs des quatre coins du monde à recréer un plan de « Guard Dog », un court métrage nominé aux Oscars.

À partir de 1er septembre, vous pouvez proposer un remake de l’un des 70 plans du célèbre court métrage qui sera renommé pour l’occasion « Guard Dog Global Jam ». Saisissez donc l’opportunité de devenir une rock star du dessin animé et faites partie des toutes nouvelles frontières de l’animation !

Téléchargez le règlement ici.

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How would you like to be in a Bill Plympton film?

Now’s your chance—in a bold, never-before-attempted experiment, the « King of Indie Animation » is inviting animators from around the world to re-create one shot each from Bill’s Oscar-nominated short, « Guard Dog ».

Starting September 1st, at noon EST, you can claim one of the 70 shots in a total remake of the famous film. The composite, made by artists from all over the world, will be called « Guard Dog Global Jam ».

DOWNLOAD A FULL LIST OF RULES AND REGULATIONS HERE

Festival du court métrage de Lille, les candidats retenus

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Compétition fiction

Paris/Sexy/Ruth Paxton / Écosse / 2010 / 24 min.

Ezra Rishona (First aid)/Yarden Karmin / Israël / 2010 / 15 min. 15

Betty B. and the The’s/Felix Stienz / Allemagne / 2009 / 13 min.

Les Causses/Aurélien Pallier-Colinot / France / 2009 / 6 min.

Een Kleine Duw (A Gentle Push)/Philippe Verkinderen / Belgique / 2009 / 15 min. 07

Wanna be/Christina Ebelt / Allemagne / 2009 / 32 min.

Driver/Stephen Fingleton / Royaume-Uni / 2009 / 9 min.

May/Wai Ha Ng / Singapour / 2010 / 13 min. 25

Aprilis Suskhi (The April Chill)/Tornike Bziava / Georgie / 2010 / 15 min.

Jour sans joie (Sad Day)/Nicolas Roy / Canada / 2009 / 14 min. 30

Kai Ego Gia Mena (N’me for myself / Et moi pour ma pomme)/Georgis Grigorakis / Grèce / 2009 / 20 min.

La Fracture (Fracture)/Nicolas Sarkissian / France / 2010 / 27 min.

Mehmani zit aab (Banquet Under the Water)/Babak Amini / Iran, France / 2010 / 15 min.

Di me que yo (Say me)/Mateo Gil / Espagne / 2008 / 15 min.

TABU/Vincent Coen, Jean-Julien Collette / Belgique / 2010 / 23 min.

Daughters/Chloé Zhao / Chine, États-Unis / 2009 / 9 min. 43

Compétition animation

Begnini (Begnini)/Jasmiini Ottelin, Elli Vuorinen, Pinja Partanen / Finlande / 2009 / 7 min. 49

The Sick Boy and the Tree/Paul Jaeger / France / 2009 / 3 min. 52

Fard/David Alapont et Luis Briceno / France / 2009 / 12 min. 55

Les bessones del carrer de ponent (The twin girls of the sunset street)/Marc Riba et Anna Solanas / Espagne / 2010 / 13 min.

Sauna Tango/Vera Lalyko / Allemagne / 2010 / 4 min.

Rytual (The Ritual)/Zbigniew Czapla / Pologne / 2010 / 5 min.30

You’re out/Max Liebich / Autriche / 2010 / 5 min. 50

Le Concile lunatique (The Whimsical council)/Arnaud Demuynck / France / 2010 / 12 min.

Vasco/Sébastien Laudenbach / France / 2010 / 11 min.

La Femme à cordes (Ropes)/Vladimir Mavounia-Kouka / France / 2010 / 15 min.

The Origin of Creatures/Floris Kaayk / Pays-Bas / 2010 / 11 min. 45

Orsolya/Bella Szederkènyi / Hongrie / 2009 / 7 min. 45

Simon vagyok (I’m Simon)/Tünde Molnàr / Hongrie / 2009 / 11 min. 16

Bob/Jacob Frey, Harry Fast / Allemagne / 2009 / 3 min.15

V masshtabe (In scale)/Marina Moshkova / Russie / 2009 / 7 min. 14

Rubika/Claire Baudean, Ludovic Habas, Mickaël Krebs, Julien Legay, Chao Ma, Florent Rousseau, Caroline Roux, Margaux Vaxelairre / France / 2010 / 3 min. 58

Muzorama/Elsa Brehin, Raphaël Calamote, Mauro Carraro, Maxime Cazaux, Emilien Davaud, Laurent Monneron, Axel Tillement / France / 2009 / 3 min. 15

Artificial Paradise Inc./Jean-Paul Frenay / Belgique / 2009 / 3 min. 25

Pixels/Patrick Jean / France / 2010 / 2 min. 35

Civilisation/Claude Duty / France / 2010 / 4 min. 30

Dochki-materi (Like Mother, Like Daughter)/Alexandra Lukina / Russie / 2008 / 7 min.

Jean-François/Tom Haugomat, Bruno Mangyoku / France / 2010 / 5 min. 45

A Lost and Found Box of Human Sensation/Martin Wallner, Stefan Leuchtenberg / Allemagne / 2010 / 15 min.

Red-end and the Seemingly Symbiotic Society/Robin Noorda, Bethany de Forest / Pays-Bas / 2009 / 15 min.

Madagascar, carnet de voyage/Bastien Dubois / France / 2009 / 11 min. 30

Memee/Evelyn Verschoore / Belgique / 2010 / 10 min.

The cow who wanted to be a hamburger/Bill Plympton / États-Unis / 2010 / 5 min. 10

Cul de bouteille/Jean-Claude Rozec / France / 2010 / 9 min. 15

Samsa – Hommage an Franz Kafka (Samsa – Homage to Franz Kafka)/René Lange / Allemagne / 2008 / 4 min.

Compétition expérimental

Abstract ?/Alexei Dmitriev / Russie / 2009 / 3 min. 30

Sonar/Renaud Hallée / Canada / 2009 / 2 min. 40

Mrdchain/Ondrej Svadlena / République Tchèque, France / 2010 / 9 min. 40

L’Art délicat de la matraque (The Delicate art of the Bludgeon)/Jean-Gabriel Périot / France / 2009 / 3 min. 57

Drift/Christina von Greve / Allemagne / 2010 / 7 min. 30

Wound footage/Thorsten Fleisch / Allemagne / 2009 / 6 min.

Catafalque/Christoph Rainer / Autriche / 2010 / 12 min.

Legenden (Legends)/Angélique Dubois / Allemagne / 2009 / 28 min. 40

Round/Kirk Hendry / Royaume-Uni / 2008 / 5 min. 30

Red Road/Jéro Yun / France / 2010 / 8 min. 30

Contra (Against)/Vincent Gisbert / Espagne / 2009 / 3 min. 43

Stimme der Lücke/Sunjha Kim and Sion Jeong / Allemagne / 2009 / 6 min. 06

L’Homme et le train (The Man and the Train)/Parissa Mohit / Canada / 2010 / 6 min.

Hybris/Florian Schnell / Allemagne / 2009 / 3 min.

Balloons/Javier Devitt / Argentine / 2010 / 2 min.

52 Takes of the Same Thing, then Boobs (52 takes of the same thing, then boobs)/T. Arthur Cottam / États-Unis / 2010 / 3 min. 53

Parallax/Inger Lise Hansen / Autriche / 2009 / 5 min.

M/Félix Dufour – Laperrière / Canada / 2009 / 7 min.

TELÉMACO (TELEMACO)/Jorge M. Rodrigo / Espagne / 2009 / 4 min.

Avaca/Gustavo Rosa de Moura / Brésil / 2009 / 12 min.

Cees/Viola Groenhart / France / 2010 / 10 min.

In Transit/Reinhold Bidner / Autriche / 2009 / 5 min.

Compétition Vidéoclip

Splitting the atom/Musique : Massive Attack/Edouard Salier / France / 2010 / 5 min. 10

I own you/Musique : Wax Tailor/Romain Chassaing / France / 2010 / 3 min. 28

Blackhole/Musique : ArjanM/Arjan van Meerten / Pays-Bas / 2009 / 2 min. 15

Second Lives/Musique : Vitalic/Julien Henry / Belgique / 2010 / 3 min. 07

We Got Time/Musique : Moray McLaren/David Wilson / Royaume-Uni / 2009 / 3 min. 55

Scissor/Musique : Liars/Andrew Bruntel / États-Unis / 2010 / 7 min. 44

Slick/Musique : Chew Lips/Gregory de Maria / Etats-Unis / 2010 / 5 min.

White Swan/Musique : Lolly Jane Blue/Sil van der Woerd / Pays-Bas / 2009 / 6 min. 13

Ida walked away/Musique : AU/Takafumi Tsuchiya / Japon / 2010 / 5 min. 41

Born Free/Musique : Mia/Romain Gavras / France / 2010 / 8 min. 53

Spacious Thoughts/Musique : NASA feat Kool Keith, Tom Waits/Fluorescent Hill / Canada / 4 min. 32

Two minutes/Musique : F.an/Maxime Bruneel / France / 2010 / 2 min. 39

Swim/Musique : Oh No Ono/Adam Hashemi / Danemark / 2010 / 4 min. 32

Bastard/Musique : Metal on Metal/Matt Devine / Australie / 2009 / 3 min. 34

On the Water/The Walkmen/Nir Ben Jacob / Israël / 2009 / 3 min. 09

Shoes/Musique : Tiga/Alex, Liane / Allemagne / 2009 / 3 min. 58

Très courts

Round/Kirk Hendry / Royaume-Uni / 2008 / 5 min. 30

Balloons/Javier Devitt / Argentine / 2010 / 2 min.

Sour ’Hibi no Neiro’ (Tone of Everyday)/Masashi Kawamura, Hal Kirkland, Magico Nakamura, Masayoshi Nakamura / Etats-Unis, Japon / 2009 / 3 min. 50

Pixels/Patrick Jean / France / 2010 / 2 min. 35

Gravité (Gravity)/Renaud Hallée / Canada / 2009 / 2 min.

Demi-Paire (Half-Pair)/Yannick Pecherand-Molliex / France / 2010 / 2 min. 48

The Walkmen « On the Water »/Nir Ben Jacob / Israël / 2009 / 3 min. 09

Sonar/Renaud Hallée / Canada / 2009 / 2 min. 40

Massive Attack (Splitting the Atom)/Édouard Salier / France / 2010 / 5 min. 10

Bob/Jacob Frey, Harry Fast / Allemagne / 2009 / 3 min. 15

Le site du festival : www.festivalducourt-lille.com

T comme This is Alaska

Fiche technique

Synopsis : Un groupe d’individus s’installent en Alaska, en quête d’une plus grande liberté.

Genre : Fiction, Expérimental

Pays : Suède

Année : 2009

Durée : 11′

Réalisation : Mårten Nilsson, Gunilla Heilborn

Scénario : Gunilla Heilborn

Image : Mårten Nilsson

Montage : Mårten Nilsson

Musique : Kim Hiorthøy

Interprétation : Kim Hiorthøy, Kristiina Viiala, Louise Peterhoff, Henrik Vikman, Lisa Östberg

Production : Gnufilm

Article associé : la critique du film

This is Alaska de Mårten Nilsson et Gunilla Heilborn

À nos idéaux perdus

« This is Alaska » est un court métrage suédois au titre très suédois (sic). Expérimental pour les uns, faussement documentaire pour les autres, le film de Mårten Nilsson et Gunilla Heilborn explore du côté de l’utopie, de l’individualisme à l’extrême et de la contradiction.

Alaska. Mythe en soi, plaine immaculée, état le plus vaste des États-Unis, logo à la mode sur les t-shirts. Loin de la jungle moderne, Louise, Tim et les autres sont de purs individualistes idéalistes. Ayant élu l’Alaska comme lieu de vie, ils témoignent face caméra de leur choix, de leur retour aux racines et de leur liberté absolue. Même si leur pays d’adoption est froid, enneigé et désert, ils parlent tous de bonheur, sauf que leurs visages trahissent leur pensée et que leurs intervieweurs contredisent en off leurs idéaux.

Vu à Rotterdam, à Clermont-Ferrand et à Silhouette, le film s’intéresse au retour aux racines, à la quête désespérée de l’utopie et à la notion de bonheur. Il remet aussi en question cette tendance actuelle à vouloir revenir aux vraies valeurs, à ce besoin d’osmose avec la nature, et met en lumière le fossé entre le monde des hommes et le monde sans les hommes.

Devant cet individualisme exacerbé, les réalisateurs font preuve de sens critique et d’humour en commentant leurs images (“Gardez à l’esprit que les gens qui auraient réussi ailleurs ne seraient pas là.”) et en interrogeant leurs cinq témoins sur leurs motivations et sur la réussite de leur expérience alaskienne. Lorsqu’un couple gelé au milieu de nulle part répète à la caméra « I’m so happy! » avec un sourire peu crédible ou qu’une femme se mord la lèvre en réalisant qu’il n’y a pas d’hommes en Alaska et demande à son intervieweuse le nom du grand amour de sa vie, le contrepoint se fait tout naturellement. Ces gens-là, filmés dans des décors absurdes (un extérieur poudreux, un atelier d’individualisme, une salle pleine d’oiseaux empaillés), refusant d’admettre leur ennui et leur désœuvrement, n’ont pas l’air très heureux de leur nouvelle vie. Mais tout n’est pas perdu. Il leur reste des exercices de gymnastique et des mécanismes de survie…

Les autres films de Mårten Nilsson et Gunilla Heilborn cultivent des points communs avec « This is Alaska » : une intrigue décalée, une base de témoignage, des sujets pluriels, un lien avec la danse (Gunilla Heilborn est chorégraphe), un rapprochement avec la nature, et une épice ironique. Nous, on aime. Tout simplement. Sans désillusion et sans contradiction.

Katia Bayer

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