« L’enfance retrouvée à volonté » (Baudelaire)
Sélectionné à la Semaine de la Critique, « A distração de Ivan » du tandem brésilien Cavi Borges et Gustavo Melo saisit le monde intérieur de l’enfance dans un Rio animé par la fièvre du football.
Ivan vit dans les quartiers populaires de Rio de Janeiro. Du haut de ses 11 ans, il contemple le monde qui l’entoure avec envie et admiration. Flanqué d’une grand-mère peu encline à partager la proximité de ses jeunes voisins, il limite ses occupations à jouer tout seul et à renvoyer le ballon de football d’une bande de jeunes qui trouve dans la rue le terrain qui lui manque. Dans les jeux de rue, la violence et l’agressivité palpables se font davantage ressentir lorsque après avoir eu un pot de fleurs renversé, l’ancêtre crève l’unique objet de distraction des jeunes, exhibant ainsi à son petit-fils, les travers de l’âme humaine.
La prise de conscience de l’injustice et de la frustration propulsent l’enfant dans le monde des adultes. Et, sur les chemins tortueux de Rio, il prend son vélo et pédale sa fureur de vivre. Passage difficile et douloureux qu’est celui qui mène à l’adolescence. La nostalgie des verts paradis de l’enfance évoquée chez Baudelaire sont dans ce film, nourris d’images fortes et sensibles.
En tournant « A distração de Ivan », le duo Borges-Melo a voulu poursuivre l’exploration des quartiers populaires, initiée dans leur documentaire « Vidigal ». Les cinéastes y distillent avec émotion la charge de réalisme dont sont animés les différents personnages. Le film est un cri sourd à travers une ville qui porte en elle les marques profondes de clivages incisifs. Doux-amer, il emporte le spectateur dans un petit coin d’enfance au milieu d’un monde d’adultes.