Ce 2 février, a eu lieu la deuxième édition d’Euro Connection, le rendez-vous européen de la coproduction, apparu l’an passé à Clermont-Ferrand. Son objectif : favoriser la concrétisation de projets européens sélectionnés au préalable et stimuler les partenariats entre les sociétés de production, les financeurs et les diffuseurs européens. Interview-escaliers avec Anne-Laure Grivaud, l’assistante de Laurent Crouzeix sur ce dossier.
Qu’est-ce qui est à l’origine d’Euro Connection ?
Un constat. On s’est rendu compte que le nombre de coproductions ne cessait d’augmenter, et on savait de manière informelle que les producteurs gagnaient des mois de travail à Clermont-Ferrand en trouvant sur place des partenaires pour leurs propres projets. Lors d’un colloque sur les 30 ans du Festival, on a fait le point sur la production de courts métrages européens avec différents pays, et on s’est rendu compte qu’il y avait une synergie à créer et des pistes de coproduction à encourager, en profitant du lieu stratégique qu’est Clermont-Ferrand.
A qui s’adressent ces pistes de coproduction ?
Le but est de soutenir des projets jeunes en phase de construction au niveau européen. Ces projets ont des débuts de financement ou sont soutenus par un fonds ou une structure de production, et ils ont besoin d’aides complémentaires : un partenaire européen, un coproducteur, un préachat TV, des apports en industrie, des fonds complémentaires, un diffuseur, des aides au moment du tournage, ..
Quels sont vos partenaires ?
Euro Connection est organisé par Sauve qui peut le court métrage, en association avec le Média Desk France et le CNC. Ce sont les partenaires historiques qui se sont investis depuis le début dans l’aventure. Ensuite, il y a les quinze structures correspondantes nationales, soit des Centres de Cinéma, comme le Greek Film Centre, soit des festivals, comme le Curtas Metragen et le Indie Lisboa, au Portugal.
Comment se déroulera la rencontre Euro Connection, ce mardi ?
Dix-huit projets venant de quinze pays européens ont été sélectionnés par des comités composés de professionnels dans chaque pays. Ils seront présentés mardi. Toute la journée, il y aura des sessions de pitch de dix minutes environ, présentées par les producteurs et les réalisateurs.
Une centaine de participants est attendue au Forum. Ils assisteront toute la journée à ces sessions, et rencontreront le lendemain les porteurs de projets autour de rencontres professionnelles organisées. Certains ont déjà sollicité des rendez-vous en amont. Le but est vraiment d’essayer de créer des connexions entre les participants.
Comment s’opère-vous la sélection des projets ?
On cherche des correspondants nationaux qui veulent bien suivre, collecter, et isoler des projets, via un comité de sélection. Chaque correspondant propose soit un soit deux projets selon la taille du pays. Après, c’est variable. En France, par exemple, on a reçu cette année quinze projets, et on en a choisi deux.
Les histoires retenues doivent-elles comporter un angle européen ?
Non. Mais ça peut être le cas, puisque une histoire peut très bien se dérouler dans plusieurs pays. Par exemple, le projet irlandais, “Boo! A Child’s view of Folk Life in Europe” de Tony Donoghue, est une série qui se passe dans plusieurs pays d’Europe, donc le réalisateur est à la recherche de partenariats.
Combien de projets avez-vous reçu cette année ?
On a dû recevoir une soixante de projets. En France, naturellement, on en reçoit beaucoup. On a l’embarras du choix, mais il y a d’autres pays où c’est un petit peu plus dur, où les représentants contactent directement les réalisateurs et les producteurs pour savoir si ils n’ont pas un projet à leur soumettre pour Euro Connection. En ce moment, c’est très conjoncturel, car c’est la crise dans la profession. Nos contacts nous informent qu’ils ont du mal à trouver des projets parce que les professionnels ont des difficultés à les monter et à dénicher des supports financiers.
Est-ce qu’il y a d’autres conditions pour soumettre son projet, excepté le fait d’avoir déjà un budget au préalable ?
Le premier critère est la qualité artistique du projet, sinon, ce n’est pas très restrictif. Le but est vraiment d’encourager la coproduction de films courts. Si demain, on recevait vingt-cinq projets par pays, on fixerait peut-être des conditions plus restrictives, mais ce n’est pas encore le cas.
Comment les personnes sélectionnées préparent leurs séances de pitch ?
Tout dépend des projets. Chaque séance dure dix minutes, ce qui n’est pas très long. Ceux qui ont un projet d’animation viendront probablement avec des visuels et des croquis. Les autres apporteront des photos de repérages, et éventuellement des images de casting. En dix minutes, on n’a pas le temps d’aller bien loin. Le but est vraiment d’accrocher les gens et de susciter d’éventuels partenariats.
Quels sont les pays les plus représentés cette année ?
L’Allemagne, la France, la Belgique, l’Italie et l’Irlande ont deux projets. L’an dernier, une dizaine de pays et une vingtaine de projets avaient été représentés. Cette année, quinze pays étaient partenaires, mais on n’avait pas la possibilité de montrer deux films par pays, du coup, on a installé un critère de sélection. Les pays les plus importants, ceux qui avaient le plus de films inscrits au festival, avaient droit à plus de projets que les autres. Après, il y a toujours des exceptions. Par exemple, l’Irlande avait beaucoup de choix cette année . A la base, il ne devait y avoir qu’un seul projet irlandais, et à la fin, il y en a quand même eu deux.
Que sont devenus les projets de l’an passé ?
A peu près deux tiers des projets ont eu droit à une suite : soit ils ont réussi à trouver un partenaire soit ils se sont concrétisés. L’édition précédente s’est révélée très positive puisqu’un projet roumain, “Muzica in sange” (La Musique dans le sang) d’Alexandru Mavrodineanu, présenté l’année dernière à Euro Connecion a été sélectionné au festival cette année. On est plutôt content !
Propos recueillis par Katia Bayer
Consulter la fiche technique de “Muzica in sange” (La Musique dans le sang)
Article paru dans le Quotidien du Festival